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Crise économique : l’Algérie se serre la ceinture

Crise économique : l’Algérie se serre la ceinture

Le Conseil des ministres a porté dimanche la baisse prévue dans les dépenses de fonctionnement de l’Etat à 50%, au lieu des 30% initialement décidés le 22 mars. Une mesure drastique imposée par la chute des prix des hydrocarbures et le recul des recettes de l’Etat.

Ce n’est pas résolument de l’austérité puisque simultanément, plusieurs décisions généreuses ont été prises : le SMIG est augmenté de 20 000 DA et l’IRG est supprimé pour les revenus ne dépassant pas 30 000 dinars.

Il s’agit d’engagements pris par le président de la République avant son élection et que le gouvernement s’attèle à concrétiser, dans une conjoncture plus que difficile.

Il a été aussi décidé de créer une multitude d’agences nationales auxquelles des budgets supplémentaires doivent être dégagés. Enfin, le gouvernement est instruit de donner un coup de fouet à la relance de l’économie hors hydrocarbures, le secteur industriel et l’agriculture saharienne, soit des opérations qui nécessitent des fonds énormes, notamment le projet de mise en valeur dans l’immédiat de terres agricoles au Sud du pays, à moins qu’il ne soit entièrement pris en charge par l’investissement privé.

Le gouvernement devra très vite s’exprimer sur cette stratégie et expliquer comment il compte tenir des objectifs a priori inconciliables.

« Cette baisse des dépenses de fonctionnement, qui sera concrétisée dans le cadre de la loi de finances complémentaire de 2020, concerne les dépenses de l’Etat et de ses institutions. Elle ne concerne donc pas les salaires et les transferts sociaux », précise l’agence officielle dans son compte rendu de la réunion du Conseil des ministres.

Etant que les salaires et les transferts sociaux ne seront pas touchés, la décision de réduire fortement les dépenses de fonctionnement pourrait se traduire par une réduction drastique du train de vie de l’Etat et de ses démembrements.

Dans la loi de finances 2020, les dépenses sont structurées comme suit : 7773 milliards DA de dépenses globales dont 4863 de budget de fonctionnement et 2880 de dépenses d’équipement.

La masse salariale des fonctionnaires est de 2900 milliards pour près de 2 280 000 postes. 59% des dépenses de fonctionnement sont donc destinés à la masse salariale. Un taux appelé à augmenter avec le relèvement du SNMG. L’incidence de la décision sera plus significative que les 2000 dinars d’augmentation accordés aux bas salaires, puisque tous les revenus indexés sur le SNMG seront systématiquement revus à la hausse.

La masse salariale devrait aussi être tirée vers le haut par une décision sociale annoncée il y a quelques jours par le président de la République : la régularisation des travailleurs du pré-emploi.

Le budget des transferts sociaux, dans la loi de Finances en vigueur, est de 1.798 milliards de DA, soit 8,4 % du PIB, et ne devrait pas non plus être touché par les mesures d’austérité.

Où les coupes de 50% seront-elles donc faites, sachant que le communiqué du Conseil des ministres a parlé de budget de fonctionnement, excluant de facto les dépenses d’équipement ? Qu’est-ce qui est entendu par « dépenses de l’Etat et de ses institutions » ?

Tous ces chiffres et ces taux pourraient certes changer en fonction de ce que la loi de finances complémentaire apportera comme dispositions pour renflouer les caisses de l’Etat.

Le gouvernement a une palette de choix, augmenter les taxes existantes, en créer de nouvelles ou étendre l’assiette fiscale en allant vers d’autres niches peu ou pas exploitées, comme les grosses fortunes et surtout l’informel pour lequel le président Tebboune a consacré une partie de sa dernière intervention télévisée.

Au vu de la situation, des objectifs déclarés et des mesures sociales décrétées simultanément, un effort colossal devra être fait pour trouver d’autres ressources.

Cette crise qui contraint l’Algérie à se serrer la ceinture pourrait être transformée en opportunité si le gouvernement prend par le bon bout la situation et ramène dans la sphère légale les activités informelles qui, selon le chef de l’Etat, brassent chaque année entre 6 000 et 10 000 milliards de dinars.

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