
Bruno Retailleau, accusé en France comme en Algérie d’être responsable de l’impasse franco-algérienne, pourrait quitter le gouvernement et ouvrir la voie à un dégel entre les deux pays.
En tout cas, il ne restera pas à son poste de ministre de l’Intérieur si le président Emmanuel Macron nomme un Premier ministre socialiste.
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Ce lundi 8 septembre, le gouvernement de François Bayrou se soumet à un vote de confiance de l’Assemblée nationale. Selon les calculs des observateurs sur la base des positionnements exprimés par les différents groupes parlementaires, le Premier ministre n’a quasiment aucune chance d’obtenir la confiance des députés.
Retailleau refuse de faire partie d’un gouvernement socialiste
Pour l’après-Bayrou, les analystes estiment que la nomination d’un gouvernement socialiste est l’option la plus plausible. Évidemment, Bruno Retailleau ne pourra pas faire partie d’un tel gouvernement. Pour ceux qui en doutaient encore, le président du parti Les Républicains (droite) a brûlé ses derniers vaisseaux avec les socialistes ce dimanche 7 septembre, à la veille du vote crucial du Parlement.
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“Il est hors de question qu’on accepte demain qu’un Premier ministre socialiste soit nommé à Matignon. Nous sommes entrés au gouvernement pour faire barrage à la gauche mélenchoniste, ce n’est pas pour qu’elle revienne par la fenêtre”, a tonné le chef des LR à l’université d’été de son parti.
Retailleau ne pouvait pas être plus clair. Par ces propos, il a signifié qu’il est hors de question de donner sa caution à un gouvernement de gauche et encore à en faire partie.
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Il a expliqué que “ce n’est pas un problème de sectarisme” ou “d’acrimonie vis-à-vis de tel ou tel”, mais de programme. “Le social-étatisme, a-t-il dit, tient en trois actions : tout ce qui bouge, on le taxe, ce qui bouge encore, on le réglemente et ce qui ne bouge plus du tout, on le subventionne”. Soit “la recette qui a mis la France en l’air”, a-t-il fustigé.
Pour le sénateur Rachid Temal, un départ de Retailleau du gouvernement « faciliterait la reprise des contacts entre Alger et Paris », anticipe-t-il dans une déclaration à TSA ce dimanche 7 septembre.
Depuis sa nomination, le ministre de l’Intérieur a plongé la relation bilatérale dans l’impasse par ses déclarations incendiaires et ses initiatives perçues comme une manière d’entraver les multiples tentatives de réchauffement entre les deux pays.
En avril dernier, juste après une visite à Alger du chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, porteuse de promesses de dégel, les choses sont brusquement ramenées à la case départ par l’arrestation d’un agent consulaire algérien par la sécurité intérieure française, placée sous l’autorité directe de Bruno Retailleau.
« Le rapport ne sera pas le même avec l’Algérie »
En février, le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait déjà mis en garde Paris que l’Algérie ne voulait pas du ministre de l’Intérieur comme interlocuteur.
“Tout ce qui est Retailleau est douteux compte tenu de ses déclarations hostiles et incendiaires envers notre pays”, a clarifié le président algérien dans un entretien au journal français L’Opinion.
Interrogé ce dimanche par TSA, le sénateur français d’origine algérienne, Rachid Temal, a fustigé ceux qui, en France, font de la relation avec l’Algérie “un fonds de commerce électoral”, en allusion d’abord à Bruno Retailleau.
Le sénateur socialiste et président du groupe d’amitié France-Algérie au Sénat estime que la nomination d’un gouvernement de gauche pourrait changer les choses pour la relation franco-algérienne.
“S’il y a un gouvernement socialiste, je pense que le rapport ne sera pas le même à l’Algérie. En tout cas, il n’y a pas de fonds de commerce de mon parti sur l’Algérie« , a dit le sénateur socialiste.