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Crise politique : pourquoi le pouvoir devra revoir ses calculs

Crise politique : pourquoi le pouvoir devra revoir ses calculs

Pour le vingt-et-unième vendredi de suite, les Algériens sont sortis en force malgré la forte chaleur. Plus rien ne semble en mesure d’arrêter ou même de réduire de l’ampleur du Hirak qui dure maintenant depuis près de cinq mois.

L’enseignement aurait dû être tiré lors du troisième ou quatrième vendredi, début mars, lorsque toutes les estimations s’accordaient à situer le nombre de manifestants à travers le pays aux alentours de vingt millions de citoyens.

Tout mouvement finit par s’essouffler sous les effets conjugués de l’épuisement, de la lassitude, de la répression et de la satisfaction d’une partie de ses revendications, mais la règle ne pouvait s’appliquer pour une mobilisation d’une telle détermination et cela s’est vérifié au fil des vendredis.

Avant la démission du président Bouteflika, celui-ci et son frère avaient cru pouvoir convaincre les Algériens de rester chez eux en renonçant au cinquième mandat, mais la mobilisation est allée au contraire crescendo, l’objet de la révolte des Algériens étant ailleurs.

Depuis, toutes les prophéties sur un recul de l’ampleur des marches ont été démenties. Ramadhan, canicule, arrestation de hauts responsables sous Bouteflika, répression, menaces, tentatives de division, manœuvres, le hirak a résisté à tout. Même la joie procurée par les victoires de l’équipe nationale de football en Coupe d’Afrique n’a pas distrait les Algériens de leur souci premier qui est de provoquer un changement véritable du système politique.

Le vingt-et-unième vendredi, le 12 juillet, a coïncidé avec une période de pics de chaleur jamais enregistrés et est survenu au lendemain d’une belle victoire des Verts en Égypte, sur fond d’une gestion sécuritaire de plus en plus musclée des manifestations, mais plusieurs millions d’Algériens étaient dans la rue aux quatre coins du pays.

C’est toute la force du hirak qui se dévoile au grand jour : les « irréductibles » ne se comptent pas parmi les militants convaincus et déterminés comme cela est d’habitude le cas pour tout mouvement de contestation politique ou autre, mais parmi toutes les franges de la société y compris les femmes au foyer et les malades chroniques.

C’est sans doute la raison pour laquelle les arrestations et les pressions n’ont eu que très peu d’effet, pas plus que les promesses d’un dialogue sérieux devant aboutir à une élection présidentielle libre et plurielle.

Le problème est profondément politique et c’est sur ce registre que les autorités ont omis d’agir pour mettre en confiance les citoyens et renvoyer l’image d’un pouvoir réellement animé d’une volonté de concrétiser le changement réclamé.

Le pouvoir semble au contraire avoir choisi une voie qui mène à tout sauf à la fin de la contestation, car c’est paradoxalement cette obsession à tordre le coup au mouvement populaire par les mêmes procédés éculés du système qui renforcent chez les citoyens la conviction que rien n’a vraiment changé et que, par conséquent, la mobilisation ne doit pas s’estomper.

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