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Dans le premier marché de gros d’Algérie, doté d’un système solaire intelligent

Dans le premier marché de gros d’Algérie, doté d’un système solaire intelligent

Z.R. TSA
À Tipaza, marché de gros d’Attatba, premier espace de ce genre à être doté d’une centrale solaire intelligente

À Tipaza, le marché de gros de fruits et légumes d’Attatba est le premier espace de ce genre à être doté d’une centrale solaire intelligente. Sur le toit de l’un des édifices, un dispositif de 110 panneaux photovoltaïques alimente en énergie ce lieu de quatre hectares où transitent 2000 tonnes de marchandises chaque jour.

L’avenir énergétique de l’Algérie est dans le solaire

Le dispositif innovant couple pour la première fois le courant électrique de Sonelgaz, un groupe électrogène et un parc de batteries qui permettent notamment au marché de fonctionner pendant plusieurs heures en cas de coupure électrique. Une aubaine pour cet établissement en activité jour et nuit.

À l’origine de ce projet, on retrouve Myriam Fournier-Kacimi, fondatrice de la société Sungy, et Messaoud Ait-Yahia, PDG de l’Emagfel (Entreprise marché de gros fruits et légumes Attatba). Les deux chefs d’entreprises sont convaincus que l’avenir énergétique de l’Algérie est dans le solaire. « Le système gère les trois sources d’énergie sans que le client ne s’en rende compte. Nous avons installé 27 kwc et avec ça, on économise près de 3000 mètres cubes de gaz. La journée, on baisse la consommation de Sonelgaz et le soir ce sont les batteries qui prennent le relais pour l’éclairage », nous explique Myriam Fournier-Kacimi.

Tenace, elle sillonne le pays depuis quelques années pour exposer les potentialités de l’énergie solaire aux agriculteurs isolés, collectivités, entreprises et industriels. « C’est une technologie fiable qui fonctionne partout et qui est accessible. Elle a la capacité d’accompagner les besoins en électricité, là où ils sont », argumente-t-elle.

À Tipaza, le système installé en 2016 a coûté entre 7 et 10 millions de dinars et n’a bénéficié d’aucune subvention. « C’est vrai que l’investissement de départ est lourd mais avec le temps, on entre dans nos frais. D’ici quatre ans, nous devrions amortir notre investissement et à partir de là, ce sera de l’énergie gratuite », affirme le PDG de l’Emagfel. Avant la mise en place du projet, le coût de la facture énergétique atteignait un minimum de « 200.000 dinars par mois », précise Messaoud Ait-Yahia. Satisfait de l’efficacité du premier dispositif, ce dernier a d’ailleurs demandé une extension et fait actuellement installer 24 panneaux supplémentaires pour alimenter son bloc administratif.

« Le gros avantage, c’est que cette énergie est propre et n’a pas besoin de maintenance », plaide Myriam Fournier-Kacimi. En Algérie, le solaire souffre pourtant d’un manque de réglementation, de coûts, qui sont encore élevés, et de l’opportunisme de certains vendeurs.

Le solaire : un métier à part entière

« Nous sommes sur des marchés où il y a des personnes qui installent des équipements solaires et qui les raccordent mal », déplore la responsable de Sungy. La cheffe d’entreprise pointe du doigt les produits importés à bas coût de Chine et qui ne sont pas adaptés aux environnements dans lesquels ils sont implantés. « On se retrouve avec des batteries qui sont installées au soleil en plein désert et qui ne durent que quelques mois. Le solaire est un métier où il y a de l’ingénierie, des études, une installation. Donc, il faut se battre afin de convaincre les personnes qui ont eu ces mauvaises expériences que le solaire marche lorsque l’installation est bien faite », ajoute-t-elle.

D’autant plus que la réglementation de la part de l’État est insuffisante. « En Europe, il existe par exemple des labels avec des certifications qui couvrent plusieurs chaînes de valeurs ; de l’installation à la maintenance ».

Incohérences entre discours officiel et réalité du terrain

Actuellement, aucune subvention ni facilités ne sont octroyées aux professionnels ou aux particuliers qui souhaitent se tourner vers l’énergie solaire, avancent les spécialistes du secteur. Pourtant, une utilisation élargie des ENR permettrait de réduire la consommation nationale en énergies fossiles et de conserver ses ressources pour l’exportation. Au sujet des aides étatiques, Myriam Fournier-Kacimi remarque d’ailleurs, « qu’elles sont prévues dans les programmes mais toujours pas appliquées ». L’entrepreneure plaide pour une politique d’incitation ou de rétribution et loue les membres de la société civile qui prennent en main leur propre consommation à travers des projets liés aux énergies renouvelables.

« Il y a un marché immense, il suffit de le vouloir. Tout le pays peut fonctionner au solaire », avance pour sa part Messaoud Ait-Yahia. Le PDG de l’Emagfel ne compte pas s’arrêter à l’installation effectuée par Sungy. Pour optimiser sa consommation, il envisage aussi d’équiper en LED, les 110 lampadaires du marché. Mais pour cela, il faudra encore puiser dans les fonds propres de l’entreprise.

De son côté, Sungy travaille aussi avec d’autres grands groupes algériens et étrangers. Pour la centrale solaire de Tipaza, les panneaux ont été fournis par Condor et les équipements par Schneider Electric. Le groupe international français « a compris qu’il fallait investir dans le solaire en Algérie. Nous les avons rencontrés, ils ont vu qu’il y avait un client, donc un marché, et ils ont investi », raconte Myriam Fournier-Kacimi.

« Le projet de Tipaza est un projet pilote qui a été mené avec succès. Nous sommes prêts à travailler avec tous les acteurs qui croient en l’énergie solaire et qui veulent déployer ces solutions sur le territoire national », déclare Akli Brihi, PDG de Schneider Electric Algérie. Il souligne le travail effectué par la filiale algérienne du groupe français et explique que le secteur du solaire constitue l’un des axes de développement majeurs pour l’Algérie.

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