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Déconfinement, rentrée scolaire, frontières : entretien avec Dr Bekkat Berkani

Déconfinement, rentrée scolaire, frontières : entretien avec Dr Bekkat Berkani

Le premier ministre Abdelaziz Djerad a annoncé, mercredi, une série de dispositions relatives à l’allègement des mesures de confinement liées à l’évolution de la situation sanitaire (Covid-19). Peut-on dire que le déconfinement s’accélère ?

Dr Mohamed Bekkat Berkani, membre du comité scientifique de suivi du Covid-19 : Le déconfinement est progressif. C’est la politique qui a été suivie par le gouvernement sur instruction du président de la République. Aujourd’hui, on a décidé de déconfiner un certain nombre de wilayas ; déconfinement nocturne, j’entends de 23h-6h du matin.

Par contre, le Premier ministre a décidé de l’application, pour une durée de 30 jours à partir du 1er octobre 2020, de la mesure de confinement partiel à domicile de 23h au lendemain 06h pour trois nouvelles wilayas enregistrant une recrudescence des cas de contamination : Batna, Sétif et Constantine.

De plus, il y a la possibilité de la circulation du transport urbain les week-ends. Ce sont des mesures importantes qui vont soulager la population, en attendant l’observation qui va être faite en fonction du nombre de cas (Covid) pour décider, avec la rentrée sociale, probablement de la reprise du transport interwilayas.

La situation est-elle favorable pour une reprise scolaire ?

Aucune indication concernant la date, qui est de la prérogative du chef de l’Etat avec le gouvernement. Il y aura un Conseil des ministres, dimanche prochain, et peut-être qu’il y a aura du nouveau concernant la fixation de la date. Je pense, personnellement, qu’il est prématuré d’envisager une rentrée scolaire durant ce mois d’octobre.

Vraisemblablement, l’on s’achemine vers une rentrée en novembre, mais la décision dépend du gouvernement. En tant que comité scientifique, nous avons un rôle technique, de renseignement et d’explication.

Aujourd’hui, on peut dire que la situation épidémiologique est maîtrisée ?

Elle est stable. Ce qu’il faut signaler, et c’est important, c’est que malgré la réouverture des plages il n’y a pas d’augmentation notable des contaminations. Même si parfois le nombre des cas joue au yo-yo. Il y a eu une tendance baissière suivie d’une petite augmentation mais qui n’est absolument pas significative. Il y a aussi moins de cas sévères.

Quand vous voyez la courbe épidémiologique dans les pays voisins et européens, ça fait frémir. Les Algériens, encore une fois, doivent comprendre qu’en terme de mesures barrières on a réussi, mais il faut consolider parce que certains concitoyens ont tendance à croire que c’en est terminé du Covid.

Les mesures préventives sont essentielles. Tout le monde le sait mais on a tendance à croire que la situation est devenue hyper positive qu’on peut se permettre de ne pas porter le masque. Si on veut revenir à un statu quo avec un reconfinement à domicile, c’est facile : on enlève les masques et vous allez voir le nombre de cas qui va augmenter. Les mois que nous avons passés en confinement ont été durs et on ne veut pas qu’on revienne à cette situation.

Beaucoup d’attente est observée par rapport à la réouverture des frontières. Qu’en sera-t-il ?

Si nous avons réussi à « dompter » le virus qu’on a en quelque sorte « mis en boîte », c’est que l’Algérie a pris des mesures sans nulles autres pareilles. Au risque d’une crise économique. Rappelez-vous les commerces fermés et la circulation suspendue. A contrario, vous avez des pays, notamment maghrébins, qui ont ouvert leur ciel pour accueillir des étrangers. Voyez le résultat. Nous nous sommes un peu isolés, et même sur le plan interne, mais le résultat est là.

Par ailleurs, on ne peut pas avancer de date pour la réouverture du ciel, car comme la situation a flambé dans certains pays, elle peut redescendre. Et même s’il y aura reprise, ce ne sera pas 40 vols quotidiens, pour des raisons simples : les avions ne seront pas occupés totalement et les aéroports auront des protocoles sanitaires… Par conséquent, la fréquence ne sera pas énorme.

Qu’en est-il des cas urgents qui nécessitent un rapatriement ?

A mon avis, le gouvernement devrait procéder au cas par cas et prévoir des vols spéciaux sous réserves de protocoles sanitaires. Des députés ont laissé entendre qu’il y avait des familles bloquées à l’étranger qui doivent rentrer pour des raisons impérieuses. A mon avis, ces cas devraient être traités par nos représentations diplomatiques.

Pour ceux qui veulent effectuer des visites familiales, ils doivent savoir que ce n’est pas le moment. Il ne faut pas oublier que l’Algérie a pris en charge le rapatriement et le séjour en quarantaine de 30 000 ressortissants bloqués dans 40 pays !

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