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Démission de Bouteflika : quels plans pour la transition ?

Démission de Bouteflika : quels plans pour la transition ?

L’après Bouteflika commence. Le Conseil constitutionnel s’est réuni, mercredi 3 avril, pour constater la vacance du poste du président de la République après la démission du chef d’État en fin de mandat.

Le Conseil présidé par Tayeb Belaiz a communiqué sa déclaration au Parlement. Selon la procédure précisée dans l’article 102 de la Constitution, le Parlement doit se réunir en congrès (les deux chambres) les prochains jours pour désigner Abdelkader Bensalah, actuel président du Conseil de la Nation, comme chef d’État intérimaire pour une durée maximale de 90 jours.

Mais, le nom d’Abdelkader Bensalah ne fait pas consensus au sein de la classe politique. Il est rejeté par le mouvement populaire, à l’origine de la chute de Bouteflika.

« Il est refusé par la population. Au Sénat, il a fait passer tous les textes de loi contraires aux intérêts des Algériens », a résumé Ahmed Adimi, porte-parole de Talai Al Hurriyet, invité de TSA Direct, ce jeudi 4 avril.

La démission de Abdelkader Bensalah, qui a soutenu et fait campagne pour les quatre mandats de Bouteflika, n’est pas à écarter les prochains jours.

Le règlement intérieur du Conseil de la Nation permet la réélection d’un nouveau président. Écarter un visage de « l’ancien système » peut arranger les affaires de l’armée qui ne semble pas vouloir s’écarter du cadre constitutionnel.

C’est l’avis d’Ali Ghediri, général à la retraite et ex-candidat à l’élection présidentielle annulée, invité lui aussi de TSA Direct, ce jeudi. Pour lui, il faut aller vers l’élection présidentielle dans les délais impartis par la Constitution sous la direction du président du Conseil de la Nation. Avant cela, il faut installer une instance indépendante pour contrôler l’ensemble de l’opération électorale en éloignant l’administration autant que faire se peut. L’opposition veillera à ce que cette instance soit réellement dotée de pouvoirs de décision et de surveillance de scrutin avec l’appui de représentants de la population, selon lui. Ali Ghediri est quasiment le seul homme politique de l’opposition qui ne réclame pas le départ de Bensalah.

Une instance présidentielle collégiale

Un autre plan de transition est proposé par une partie de l’opposition. Il s’agit de l’installation d’une instance présidentielle formée de personnalités intègres, propres et « respectées par la population » pour gérer la période de transition de six mois.

C’est du moins ce que propose Ahmed Adimi de Talai Al Hurriyet. Pour y arriver, il est nécessaire de créer « un vide » non prévu par la Constitution avec les démissions successives du président du Conseil de la nation et du président du Conseil Constitutionnel. Dans ce cas, il n’y aura personne pour remplacer le chef de l’État démissionnaire.

L’installation de l’instance présidentielle collégiale sera nécessaire pour assurer « la continuité » de l’État. « Elle doit avoir tous les pouvoirs présidentiels pour bien préparer l’élection présidentielle. Une élection qui doit être transparente et libre. Le président qui aura la légitimité des urnes et l’appui populaire pourra engager toutes les réformes politiques nécessaires aux fins d’engager le pays sur une nouvelle voie », a développé Ahmed Adimi.

Le secrétaire général du RCD, Mohcine Belabbes a présenté, mercredi 27 mars, lors d’une conférence de presse, les propositions de son parti pour une « transition de rupture ». Le RCD pose, comme préalable à la réussite de cette transition, la « démission du chef de l’État » qui, avant de partir, doit aussi renvoyer son gouvernement et procéder à « la dissolution des deux chambres du Parlement et du Conseil constitutionnel ».

Pour gérer la phase de transition qui « doit être la plus courte possible », le RCD propose l’élection d’une « Haute instance » composée de trois personnes élues par « de grandes corporations comme le corps de la magistrature, l’Enseignement supérieur, les syndicats autonomes ». L’âge des trois membres de la haute instance devra être « de moins de 60 ans à la date de l’élection ».

Le FFS a, pour sa part, proposé « un pacte politique » qui peut rassembler tous les acteurs politiques, les activités de la société et les syndicalistes autour d’un certain nombre de principes dont « l’autodétermination des Algériens ».

Le FFS a estimé nécessaire l’organisation « d’une conférence nationale » pour discuter de tous les problèmes et proposer des solutions aux fins de sortir le pays de la crise politique et économique dans laquelle il est englué depuis plusieurs semaines.

« Une instance de suppléance » à la place du Parlement

Des institutions de transition auront, selon le parti, à gérer une courte période de transition. Après la dissolution des deux chambres du Parlement, « Une instance de suppléance » pourra représenter l’État, légiférer par ordonnance sur des « questions d’intérêt national » et surveiller le gouvernement de transition.

« L’élection au suffrage universel d’une Assemblée constituante est l’unique source de légitimité. Il appartiendra à cette Assemblée de doter le pays d’une Constitution qui garantisse l’avènement de la deuxième République », a indiqué le FFS.

Le PT de Louisa Hanoune plaide aussi pour à la mise en place de l’Assemblée constituante nationale et souveraine (ACNS), seule capable de « consacrer l’exercice de sa souveraineté par la majorité du peuple pour opérer la refondation politique institutionnelle nationale et donc constitutionnelle »

Le MSP a, pour sa part, plaidé pour une période de transition de six mois, gérée par une personnalité politique « acceptée par le mouvement populaire, non impliquée dans des affaires de corruption ou dans une fraude électorale ».

Le MSP a souhaité que l’expérience du HCE (Haut Comité d’État), installé après le départ forcé de Chadli Bendjedid en janvier 1992, soit évitée. « Il est préférable que l’État soit dirigé par une seule personnalité pour éviter les situations de conflit et le manque de transparence sur l’origine du pouvoir. Cette personnalité aura à préparer les textes nécessaires pour engager des réformes avant un retour au processus électoral, dont la création d’une instance nationale indépendante d’organisation des élections », a proposé le MSP. Un gouvernement de « consensus nationale » doit être, selon le parti de Abderrazak Makri, désigné en concertation avec l’opposition et les représentants du Hirak pour gérer « les affaires courantes ».

Après avoir soutenu les plans proposés par Bouteflika et qui ont été rejetés par les Algériens, le RND et le FLN, se maintiennent à l’écart du débat sur la voie à suivre pour une transition démocratique.

L’armée dont la position en faveur du peuple a accéléré la destitution de Bouteflika, n’a pas encore révélé son plan de sortie de crise. Son chef le général Ahmed Gaid Salah a jusque-là été un partisans de l’application de la Constitution, mais il s’est engagé publiquement mardi 2 avril, à satisfaire toutes les demandes du peuple. Et justement, ce vendredi, pour la 7e fois depuis le 22 février dernier, les Algériens devraient sortir en masse dans la rue, pour exprimer leur rejet de la désignation de Bensalah à la tête de l’État pour gérer la transition.

 

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