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Des Algériens rapatriés logés dans un hôtel de luxe : mécénat ou dépense extravagante ?

Des Algériens rapatriés logés dans un hôtel de luxe : mécénat ou dépense extravagante ?

L’Algérie a entamé une nouvelle opération de rapatriement de ses ressortissants bloqués à l’étranger à cause du coronavirus, avec l’arrivée lundi soir des premiers rapatriés d’Arabie saoudite qui ont été placés en quarantaine dans un hôtel cinq de luxe à El Oued.

Lundi 20 juillet, 300 citoyens coincés en Arabie Saoudite sont rentrés au pays. Ils ont atterri à El Oued, au sud-est du pays. Jusque-là, l’information est tout ce qu’il y a de plus normal. Elle est même réjouissante et synonyme de délivrance pour ceux qui enfin pu regagner leur foyer après plus de quatre mois d’incertitude et de conditions de vie difficiles.

Comme le prévoit la réglementation liée à la prévention contre la propagation du coronavirus, les concernés ne pouvaient pas rentrer chez eux, au risque de propager le virus si jamais ils le portaient.

Ils devaient donc être mis en confinement pendant une période de 14 jours. Et c’est là où il y a de l’incompréhension dans une conjoncture sanitaire et économique difficile où l’austérité est censée être le maître mot.

Les 300 passagers du vol spécial d’Air Algérie ont été acheminés vers un hôtel de luxe. C’est donc au complexe la Gazelle d’Or qu’ils passeront la période de sûreté.

« La Gazelle d’Or est un vaste complexe touristique dans lequel le luxe et la beauté œuvrent de concert dans un mouvement unique », lit-on sur la page d’accueil du site Internet de l’établissement, propriété de l’homme d’affaires Djillali Mehri.

Le complexe est en effet un bijou tant architectural que touristique. Il a une capacité totale d’accueil de près de 500 lits, avec des chambres d’hôtel, des Bungalows, des Kheimas, des logements, des villas, des piscines, des saunas et, tenez-vous biens, un terrain de golf. Le tout entouré de 20 000 palmiers-dattiers et oliviers. Une oasis artificielle en plein désert.

Prix de la nuitée ? La réponse est sur Tripadvisor.fr, le site de réservation et de comparaison des prix d’hôtel : à partir de 28 019 dinars ce 21 juillet. Le prix moyen sur toute l’année démarre à partir de 25 635 dinars. Le tarif minimum d’une nuitée est donc de 28 000 dinars ces jours-ci, et il monte en fonction de l’emplacement de la chambre, des formules, des suppléments… La villa, par exemple, est facturée à 160 000 Da la nuitée en pension complète et en formule double (deux personnes).

Les autorités n’ont pas communiqué sur la nature de la prestation. On ne sait donc pas s’il s’agit une action de mécénat de Djillali Mehri, un homme connu du reste pour ce genre d’œuvres, ou d’une prestation commerciale qui sera réglée avec des fonds publics.

Dans ce dernier cas de figure, la journée coûterait 8.4 millions Da et la totalité du séjour (14 jours) près de 12 milliards de centimes, si l’on s’en tient au tarif minimum.

Et quand on sait que même la billetterie est prise en charge par l’État, la facture globale du rapatriement des nationaux bloqués à l’étranger risque d’être salée, même si, faut-il l’admettre, ce ne sont pas tous les rapatriés qui auront la chance d’être confinés dans l’hôtel le plus luxueux d’Algérie.

Le calendrier (non officiel) qui circule depuis quelques jours sur les réseaux sociaux fait état du rapatriement de plus  de 5000 Algériens des quatre coins du monde entre le 20 et le 26 juillet. À ce rythme, l’enveloppe de 3 milliards Da allouée récemment au ministère de l’Intérieur pour prendre en charge les opérations de rapatriement risque de s’apparenter à une broutille.

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