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Des avancées porteuses d’espoir dans le traitement du cancer

Des avancées porteuses d’espoir dans le traitement du cancer

Le 54e congrès de la Société américaine d’oncologie clinique (ASCO) qui s’est déroulé du 1er au 5 juin à Chicago a été le rendez-vous mondial de la recherche contre le cancer.

Il a rassemblé près de 39 000 médecins et chercheurs spécialistes en oncologie appartenant à des hôpitaux, des centres de recherche, des universités ou des laboratoires pharmaceutiques.

Lors de ce prestigieux congrès, les intervenants ont présenté les dernières avancées auxquelles ils sont parvenus dans la recherche contre le cancer et la moisson de cette année a été plus que généreuse.

Grandes avancées dans le diagnostic

Les différents types de cancers sont, pour la plupart, des maladies à progression lente et de nombreuses années peuvent s’écouler avant que les symptômes les plus graves et significatifs ne se manifestent, au moment où la maladie est à un stade avancé, ce qui diminue dramatiquement l’efficacité des traitements.

C’est pour cette raison qu’une grande partie des efforts de recherche contre le cancer sont focalisés sur les méthodes de diagnostic.

L’une des grandes avancées annoncées au congrès de Chicago est l’utilisation par une équipe de recherche germano-franco-américaine d’une intelligence artificielle (IA) dans la détection de mélanomes ou cancers de la peau.

Cette intelligence artificielle a été entraînée par ses concépteurs à détecter les lésions de la peau, tâches et grains de beauté alarmants en lui « montrant » plus de 100 000 images avant que ses performances ne soient comparées à celles de 58 médecins spécialistes originaires de 17 pays.

Résultat : « La plupart des dermatologues ont fait moins bien » que l’ordinateur, selon les auteurs de la recherche qui ont publié leurs résultats dans la revue Anals of Oncology.

Le score de la machine était de 95% de mélanomes détectés sur de simples photos alors que celui des médecins était de 87% lorsque les photos qui leurs étaient présentées n’étaient accompagnées d’aucun détail et de 89% lorsque les médecins étaient informés de l’âge et du sexe du patient et de la position de l’anomalie.

L’intelligence artificielle a donc pu détecter plus de mélanomes mais a également « fait moins d’erreurs de diagnostic consistant à voir des mélanomes dans des grains de beauté », a affirmé le professeur Holger Hänssle qui a pris part à l’étude.

Cette machine ouvre de nouvelles perspectives dans le diagnostic du cancer de la peau et ouvre peut-être la porte à une utilisation plus large de l’IA dans le diagnostic d’autres types de cancers, même si elle ne remplacera pas les médecins à qui elle ne servira que d’outil supplémentaire.

Autre avancée importante dans le diagnostic du cancer, la biopsie liquide appliquée dans la recherche de tumeurs cancéreuses du poumon.

Le dépistage systématique du cancer du poumon chez les sujets à risque n’est pas recommandé par les autorités sanitaires internationales à cause des prix et des contraintes que ce dépistage générerait s’il était généralisé.

La biopsie liquide qui permet de déceler les tumeurs cancéreuses du poumon en cherchant l’ADN tumoral dans le sang est une alternative prometteuse car moins coûteuse que les méthodes actuelles de dépistage et surtout, plus simple à mettre en œuvre et plus efficace car elle permet de dépister le cancer du poumon même à un stade précoce.

Cette technique a été utilisée sur plusieurs milliers de patients et grâce à elle, les chercheurs américains qui l’ont mise au point ont pu détecter 50 à 70% des cancers du poumon, selon Julien Mazieres, onco-pneumologue au CHU de Toulouse cité par France Inter.

Pour le médecin, « cette biopsie liquide parait particulièrement fiable parce que d’une part, quand le test est positif c’est qu’il y a une maladie tumorale qui est présente, donc on n’a pas de faux positif, on ne se trompe pas quand on trouve un cancer ».

Des alternatives prometteuses à la chimiothérapie

Jusqu’à présent, la chimiothérapie et la radiothérapie sont, pour la plupart des cancers, les seuls traitements valables mais depuis quelques années, les recherches portant sur des traitements alternatifs, telles que l’hormonothérapie et l’immunothérapie ont fait de grands progrès, enrichissant l’arsenal thérapeutique de la lutte contre le cancer.

Le cancer du sein, un des plus répandus et des plus fréquents chez les femmes était jusqu’à il y a quelques années traité que par la chirurgie suivie d’une pénible et quasi-systématique cure de chimiothérapie et d’une autre d’hormonothérapie. Mais grâce à de nouvelles avancées dévoilées lors du congrès de l’ASCO 2018, des femmes pourront éviter ce traitement médicamenteux et ses nombreux effets secondaires.

La chimiothérapie était évitée à certaines femmes qui obtenaient un score inférieur à 10 à un test génétique spécifique et était obligatoire pour les femmes ayant eu un score supérieur à 25. Mais les femmes dont le score était situé entre 11 et 25 étaient dans le flou et la décision d’administrer la chimiothérapie ou non était difficile à trancher.

Une étude menée par une équipe de chercheurs de New-York a permis de prédire le risque de récidive du cancer du sein grâce au test génétique Oncotype DX et ainsi de faciliter la prise de décision dans les cas de femmes atteintes du cancer du sein ayant eu un score situé entre 11 et 25.

Ce nouveau test génétique a permis de découvrir que la chimiothérapie pourrait être évitée pour 70% des femmes diagnostiquées d’un cancer du sein chez lesquelles l’hormonothérapie seule suffirait à éviter la récidive.

Cette avancée est porteuse de grands espoirs pour les femmes atteintes du cancer du sein mais elle ne concerne toutefois pas tous les cas mais seulement celles qui sont diagnostiquées précocement, ont une tumeur de petite taille, sensible au traitement hormonal et n’ayant pas envahi les ganglions lymphatiques et sont négatives au test de la protéine HER2.

À l’avenir, la chimiothérapie sera moins fréquemment utilisée dans le traitement du cancer du poumon où l’immunothérapie prendra une place de plus en plus grande, grâce notamment au développement du Pembrolizumab par le laboratoire Merck, présenté au congrès ASCO de cette année.

Une étude a démontré que les patients traités avec ce nouveau médicament avaient gagné 4 à 8 mois de temps de vie par rapport à ceux qui ont été traités par chimiothérapie avec seulement 18% de patients ayant souffert d’effets indésirables, contre 41% chez ceux ayant été traités par chimiothérapie.

Le médicament permet de grands espoirs pour les cancéreux mais seuls 20% d’entre eux répondent à l’immunothérapie, selon les auteurs de l’étude.

Chimiothérapie ciblée

La chimiothérapie cédera donc à l’avenir de plus en plus de terrain aux autres thérapeutiques mais restera toujours le principal recours des oncologues. Mais ce traitement actuellement lourd et contraignant gagnera en efficacité et en tolérance grâce aux dernières avancées dans le domaine.

L’étude Trinity menée par le Pr Benjamin Besse du département de médecine oncologique du centre anti-cancer Gustave Roussy (France) a permis d’étudier l’efficacité du Rova-T ou rovalpituzumab tesirine qui est immunoconjugué ou, autrement dit, comporte une partie active de chimiothérapie liée à un anticorps.

L’anticorps qui se fixe spécifiquement au marqueur DLL3, présent sur les cellules cancéreuses des tumeurs bronchiques à petites cellules, cancer du poumon le plus agressif qui représente 10 à 15% des patients (en France). Le composé de chimiothérapique lié à l’anticorps est guidé directement vers sa cible, augmentant son efficacité.

Selon le laboratoire qui a effectué l’étude, le traitement déjà utilisé en troisième ligne, c’est-à-dire après l’échec de deux thérapies différentes successives a permis de constater une diminution significative de la taille de la tumeur chez 18% des patients. « Un chiffre élevé », selon le laboratoire pour qui « le signal d’efficacité est donc fort ».

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