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Dialogue politique : le facteur de blocage se précise

Dialogue politique : le facteur de blocage se précise

Depuis quelques jours, le pouvoir est revenu à la charge pour tenter de faire aboutir sa « nouvelle approche » de sortie de crise, articulée autour d’un dialogue auquel il ne participera pas mais ayant pour seul objet la définition des modalités d’organisation d’une élection présidentielle dans des « délais raisonnables ».

Les plages horaires que la télévision et tous les médias publics consacrent à l’explicitation de la démarche laissent penser que les autorités comptent beaucoup sur cette énième offre pour sortir de l’impasse et amorcer le processus du retour aux urnes.

A la différence des premiers appels au dialogue, celui du 3 juillet est perçu comme une opportunité puisqu’il propose à la classe politique et à la société civile d’arrêter elles-mêmes toutes les conditions et modalités de la tenue du scrutin, y compris la composante de l’instance indépendante qui aura à chapeauter tout le processus électoral jusqu’à l’annonce des résultats. Une petite « révolution » qui, logiquement, a vite fait de l’effet.

Hormis les partis signataires de l’appel aux forces de l’alternative démocratique, foncièrement opposé à toute élection sans période de transition, le reste de l’opposition s’est montré disponible à discuter.

Les choses ont semblé aller vite la semaine passée lorsque le Forum civil pour le changement a proposé une liste de personnalités nationales pour faire partie de l’instance qui mènera le dialogue, surtout que le pouvoir, par la voix du chef de l’Etat par intérim, n’a pas émis d’objection quant à la composante du panel, qualifiant la teneur de la proposition de « pas positif ».

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Unanimité autour des mesures d’apaisement

Sauf que de nombreuses personnalités proposées, au moins trois, n’avait pas été préalablement consultées et même celles qui l’avaient été ont posé des conditions et des préalables. Ce mardi 22 juillet, Ahmed Taleb Ibrahimi, proposé par le FCC sans son accord, a réagi via une déclaration publique envoyée à la presse.

L’ancien ministre des Affaires étrangères n’a pas franchement décliné l’offre, mais il a laissé entendre qu’il ne peut y avoir de dialogue sérieux sans des mesures susceptibles d’« apaiser la situation ».

« Le souhait du pouvoir de lancer un dialogue doit émaner d’une volonté politique véritable qui dépasse les considérations conjoncturelles et instantanées (…) et qui prenne en compte les revendications des forces politiques et sociales qui appellent à prendre des mesures concrètes pour apaiser la situation et pour rassurer », écrit-il.

Avant lui, Karim Younès, pressenti pour présider l’instance de dialogue, a fait part de sa disponibilité à jouer un rôle mais en exprimant la même prudence, posant lui aussi des préalables identiques.

« Un dialogue serein ne peut cohabiter avec des arrestations pour délit d’opinion. (…) Les préalables à la conduite d’un dialogue serein et sérieux sont ceux exigés par le mouvement citoyen et l’ensemble de la classe politique, à savoir des signes d’apaisement significatifs, la libération de tous les détenus d’opinion, entre autres… », a expliqué l’ancien président de l’APN dans un entretien au Soir d’Algérie.

L’attitude paradoxale du pouvoir

Le 6 juillet, treize partis de l’opposition et de nombreuses organisations de la société civile et personnalités nationales, réunies dans le cadre du Forum du dialogue national, avaient accueilli favorablement l’offre émise par Bensalah trois jours plus tôt. Les participants s’étaient prononcés pour le dialogue, mais pas à n’importe quel prix, c’est-à-dire pas dans le climat actuel fait d’atteintes aux libertés et de pressions sur les médias et les partis politiques.

A défaut d’écourter le chemin qui mène vers la fin de l’impasse, les sorties régulières de la classe politique et des personnalités non partisanes, comme celle de ce mardi d’Ahmed Taleb, permettent au moins une meilleure lisibilité de la situation politique, voire d’identifier le principal facteur de blocage de la situation.

Le schéma se dessine chaque jour avec davantage de clarté : toute la classe politique, y compris les partis de l’Alternative démocratique, est disposée à dialoguer, mais exige d’abord des mesures d’apaisement que le pouvoir ne veut pas, ou du moins hésite à prendre.

Reste à percer le mystère de cette attitude paradoxale de faire du dialogue une question vitale pour l’avenir du pays tout en s’obstinant à refuser de réunir le minimum de conditions pour sa tenue.

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