Les effets des différentes mesures prises par les autorités algériennes pour lutter contre le marché noir des devises tardent à produire des effets significatifs. Les cours des devises étrangères se maintiennent à des niveaux très élevés, en attendant peut-être l’application du nouveau montant de l’allocation touristique.
Après avoir franchi de nouveau la barre des 260 dinars mardi, l’euro vaut encore plus cher ce mercredi 30 avril au square Port-Saïd, principale place de change parallèle d’Alger.
La monnaie unique européenne s’échange pour 260,5 dinars l’unité, à seulement 1,5 DZD de son record historique à 262 dinars algériens pour un euro, établi le 9 décembre dernier. Jusqu’où iront la monnaie européenne et les principales devises étrangères face au dinar algérien ?
L’euro à 260,5 dinars sur le marché noir des devises
Le billet vert américain se maintient aussi à des niveaux élevés face au dinar, même s’il demeure loin de son record absolu de 248 dinars pour un dollar, atteint également le 9 décembre. Le dollar est échangé ce mercredi pour 236 dinars, sans changement par rapport à sa cotation de mardi.
Entre les cours officiel et parallèle des devises étrangères, l’écart continue à se creuser. À la Banque d’Algérie, l’euro est coté à un peu plus de 150,50 dinars et le dollar à 132,29 dinars.
L’écart ne se réduit pas malgré les multiples mesures prises ces derniers mois pour lutter contre le marché informel. L’effet de ces mesures est jusque-là limité, à cause sans doute du retard de la mise en œuvre de la principale décision qui est l’augmentation substantielle du montant de l’allocation touristique.
L’euro proche de son record historique sur le marché noir en Algérie
Le 8 décembre dernier, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a annoncé en conseil des ministres le relèvement de l’allocation touristique à 750 euros pour les adultes et 300 euros pour les enfants, payable une fois par année civile à chaque algérien qui voyage à l’étranger.
Le montant dérisoire appliqué jusque-là et qui a été fixée dans les années 1990, soit l’équivalent en monnaie étrangère de 15.000 dinars (un peu moins de 100 euros au taux de change actuel), est considéré comme l’un des principaux facteurs qui boostent la demande sur le marché noir des devises. Les voyageurs algériens n’ont que le change parallèle pour acquérir les sommes de devises nécessaires pour leur séjour à l’étranger.
Dinar algérien : pourquoi l’euro repart à la hausse
Le relèvement du montant de l’allocation touristique devait en principe faire baisser les cours de l’euro, du dollar et des autres monnaies étrangères sur le marché parallèle.
Sauf que la mesure n’est toujours pas mise en œuvre, près de cinq mois après son annonce. Des guichets spéciaux ont pourtant été installés dans les ports, aéroports et postes frontaliers terrestres algériens.
Fin mars dernier, le ministre des Finances Abdelkrim Bouzerd avait annoncé que le nouveau montant de l’allocation touristique pourrait commencer à être appliqué deux semaines après la de l’Aïd El Fitr, célébrée le 31 mars. Ensuite, le ministre a dit que l’entrée en vigueur du nouveau droit de change était programmée pour la mi-avril.
Le député du Mouvement de la société pour la paix (MSP) Ahmed Beldjilali, citant les directeurs des banques publiques, a indiqué vers la mi-avril que les “banques commerciales sont fin prêtes pour le versement de l’allocation touristique” et attendent seulement “le feu vert” des autorités. Deux semaines après, il n’y a toujours pas de nouveau.
En plus du retard dans la mise en œuvre de la nouvelle allocation touristique de 750 euros, le marché parallèle des devises est tiré vers le haut par une demande toujours soutenue à l’approche de la saison estivale, période durant laquelle des millions d’Algériens partent à l’étranger pour passer les vacances.
À ces éléments naturels s’ajoutent des facteurs non conventionnels comme la théorisation des dinars en euros et l’importation des produits de consommation au moment où le phénomène de sous-facturation à l’importation prend de l’ampleur.
Pour ne pas payer d’importantes taxes àç l’importation, certains importateurs recourent au marché noir des devises pour régler une partie de leurs achats à l’étranger.