Tirs croisés contre Bruno Retailleau en France. Alors que l’Algérie et la France se rapprochent de la fin de la crise, le ministre français de l’Intérieur est très critiqué pour la posture qu’il a adoptée ces derniers mois.
Dominique de Villepin est revenu à la charge contre Retailleau qu’il a accusé de donner « un spectacle d’impuissance » par ses attaques répétées contre l’Algérie et ses immixtions répétées dans un dossier relevant de la politique étrangère.
France : De Villepin critique la « diabolisation » de l’Algérie
Pour le diplomate, il faut « sortir de la diabolisation » avec l’Algérie et construire une relation sereine. L’ancien Premier ministre français s’exprimait ce lundi 7 avril, au lendemain de la visite à Alger du ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.
Dimanche, le chef de la diplomatie française était en Algérie où il a entrepris avec ses vis-à-vis algériens un processus de dégel de la relation bilatérale après huit mois de crise inédite.
Huit mois durant lesquels Bruno Retailleau a incarné la ligne dure au sein du gouvernement français, prônant le « rapport de force » avec l’Algérie et menaçant de démissionner si la France cédait sur des questions comme celle des OQTF ou l’affaire Boualem Sansal.
De Villepin a dit refuser qu’un ministre donne dans les médias un « spectacle d’impuissance » en plus de celui d’un « dysfonctionnement ministériel en mordant les platebandes d’un collègue ou du président de la République ».
« On fait le show, on fait de la communication et pour moi, c’est la pire image de l’impuissance publique », a appuyé l’ancien ministre des Affaires étrangères dans des propos rapportés par l’AFP. De Villepin s’exprimait à l’occasion de la sortie de son nouvel essai « Le pouvoir de dire non », publié ce lundi dans la revue Le Grand continent.
Dominique de Villepin fustige le « spectacle d’impuissance » de Bruno Retailleau
A travers la posture de Bruno Retailleau, il a fustigé le jeu d’une partie de la droite qui « chasse sur les platebandes de l’extrême-droite » en surenchérissant sur « les questions identitaires ».
Rappelant qu’il a toujours refusé le « glissement vers cette tentation identitaire, de la surenchère et des extrêmes », Dominique de Villepin a eu quelques mots pour la politique d’immigration actuelle de la France qu’il a jugée « très largement déclaratoire » et faite d’ « incantations », citant les annonces répétées du ministre de l’Intérieur sur l’exécution des OQTF (obligation de quitter le territoire français).
Il faut retrouver « une sorte de sérénité avec l’Algérie », a répondu le diplomate lorsqu’il a été interrogé sur l’affaire de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal.
Pour Dominique de Villepin, il s’agit de « prendre en compte l’ensemble de la relation » parce que, a-t-il expliqué, les deux pays ne trouveront pas une « sortie de crise » s’ils restent « sur le seul terrain sécuritaire ».
Dimanche, le politologue Bertrand Badie avait estimé dans le Huffington Post que le réchauffement en cours de la relation franco-algérienne est un « très sérieux revers » pour Bruno Retailleau, qualifiant sa démarche du rapport de force d’ « irrationnelle, pour ne pas dire stupide ».