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Échec du report de la présidentielle : les croustillantes révélations du président du RCD

Échec du report de la présidentielle : les croustillantes révélations du président du RCD

Pour Mohcine Belabbas, président du RCD, la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à la prochaine présidentielle est « une candidature par défaut et de contrainte ».

Le pouvoir a tenté de l’éviter, en vain. Aucun accord n’a pu être trouvé sur un candidat consensuel et l’idée de prolonger le mandat actuel n’a pu être concrétisée faute de quitus de l’opposition.

« Ce n’est pas une surprise, nous l’avons compris depuis un moment, quand on a vu qu’il y avait impossibilité de trouver un consensus autour d’un candidat alternatif à Bouteflika à l’intérieur du système. On a vu aussi des initiatives lancées par un certain nombre d’acteurs proches du pouvoir, notamment l’idée du report ou l’idée de la prolongation du mandat en allant vers une conférence nationale qui finalement n’a pas eu lieu. Moi je pense que le pouvoir a finalement été contraint d’annoncer la candidature du chef de l’État », a expliqué M. Bellabas, ce dimanche 3 février, sur TSA Direct.

Le RCD approché par Amar Ghoul

L’occasion pour le président du RCD, qui vient d’annoncer sa non-participation au prochain scrutin, de revenir sur le feuilleton des tentatives du pouvoir d’aller vers une « conférence nationale ». Ses révélations sont toutes croustillantes : « C’est une candidature par défaut, mais aussi une candidature de contrainte parce que le pouvoir, et là on a eu des confirmations de plusieurs sources, était réellement tenté d’aller vers une prolongation du mandat en tentant d’arracher la caution d’un certain nombre de partis politiques de l’opposition pour valider l’idée d’une conférence nationale qui devait être organisée le 9 février. Le rejet de la part de l’opposition de cette proposition a contraint le pouvoir à finalement convoquer le corps électoral et par la suite penser sérieusement à présenter l’actuel chef de l’État pour un autre mandat ».

Le chef du RCD révèle au passage pour la première fois qu’il a été approché par Amar Ghoul pour cautionner le plan. « Il y a un certain nombre d’acteurs connus pour être dans le régime algérien ces dernières années qui ont fait des demandes officielles, je fais allusion notamment au parti TAJ d’Amar Ghoul qui nous a contactés, avec insistance même, mais nous avons refusé de le voir, d’autant plus que l’information sur le contenu de ce qu’ils allaient nous dire, nous l’avions eue à travers un certain nombre d’autres acteurs qu’ils avaient rencontrés auparavant. En plus, il se trouve que nous avions pris position rapidement par rapport à l’initiative puisqu’ils avaient déjà annoncé le contenu de cette initiative dans la presse », dit-il.

Selon Mohcine Belabbas, le pouvoir voulait éviter d’aller vers un cinquième mandat à cause de la dégradation de l’état de santé du président Bouteflika.

« J’étais le premier à dire depuis longtemps que seule la dégradation de l’état de santé du chef de l’État pourra l’empêcher de briguer un cinquième mandat. J’avais même vu dans la dégradation de son état de santé, notamment durant la célébration de la fête du 1er novembre, un indice qui pouvait faire croire qu’effectivement il allait renoncer à briguer un autre mandat, d’autant plus que dans la même période il n’avait pas reçu un certain nombre de personnalités qui sont venues en Algérie dans des visites officielles. Donc, ça nous a fait croire effectivement qu’il ne va pas se présenter », a expliqué l’invité de TSA.

« Bouteflika a fait une apparition à la réunion de Zéralda »

Mohcine Belabbas révèle dans les détails ce qui s’est passé lors de la fameuse réunion de Zéralda. Il assure que le président Bouteflika y a fait une apparition « furtive ».

« Les informations que nous avons eues par la suite, notamment fin décembre-début janvier, sur les offres politiques qu’ils ont sous-traitées à un certain nombre de personnalités, nous ont confirmé justement que le pouvoir cherchait une autre sortie, tout le monde parlait d’une sortie honorable pour le chef de l’État », a-t-il expliqué.

Avant d’ajouter : « On a même eu des informations sur une rencontre qui a eu lieu à Zéralda, une rencontre à laquelle M. Bouteflika lui-même a fait une apparition furtive de moins d’une minute. Il leur a dit que c’est fini pour lui, il fallait trouver un scénario à travers lequel il pourrait avoir une sortie honorable. On a même eu des informations sur un certain nombre de personnalités qui ont assisté à cette rencontre. Ce n’était pas une rencontre des partis de l’Alliance, il y a eu le FLN officiel à travers son coordinateur, il y a eu M. Ouyahia, M. Amar Ghoul, M. Louh, Belaïz, Amar Zerhouni, Boughazi et Messahel. En tout cas, je sais que ces gens-là ont participé à cette rencontre ».

« Le débat a tourné justement sur la formule à mettre en place pour permettre une sortie honorable au chef de l’État, en tout cas ce sont les éléments de langage qui ont été utilisés durant cette rencontre. Il y avait des propositions d’aller vers une conférence nationale qui était projetée pour le 9 février, l’idée d’aller vers la révision de la Constitution en introduisant le septennat pour permettre à l’actuel chef de l’État de continuer encore deux ans, l’idée de faire une concession à l’opposition sur l’instance indépendante de gestion des élections. En tout cas, il y avait des débats très avancés sur le comment d’aller vers cette prolongation », a poursuivi M. Belabbas.

S’il y a eu échec de ce plan, c’est à cause du refus de l’opposition de le cautionner. « Le problème, c’est que pour réussir une conférence nationale, il fallait avoir la caution de l’opposition et c’est dans ce sens qu’il y a eu les initiatives d’Amar Ghoul et de M. Makri, mais ce sont des initiatives qui ont été rejetées par l’opposition. Aucun parti de l’opposition n’a accepté de s’engager dans cette démarche et là, ils se sont retrouvés face à un problème sérieux », explique-t-il.

Le plan B

Ce sont les discussions sur l’éventualité du report de la présidentielle qui ont amené certains partis, à l’image du MPA, à temporiser. Mohcine Belabbas explique :

« Il y a eu même un certain nombre d’acteurs qui font partie de l’Alliance présidentielle qui ont retardé l’annonce de leur soutien à la candidature à l’actuel chef de l’État, tout simplement parce qu’ils croyaient qu’il allait y avoir démission du chef de l’État durant cette période pour organiser cette conférence nationale ».

Selon le chef du RCD, le pouvoir avait aussi pensé à un plan B, celui de créer un vide constitutionnel.

« Il y a eu beaucoup qui ont spéculé sur le retard mis pour l’installation du Conseil de la Nation, on nous a dit, en tout cas selon un certain nombre d’observateurs, que c’était pour créer un vide constitutionnel. Selon la Constitution, dans le cas de la démission du chef de l’État, c’est le président du Conseil de la Nation qui est censé prendre le relais et il se trouve que ce deuxième personnage de l’État n’avait pas encore été désigné et son mandat avait expiré le 10 janvier. Et il se trouve que le troisième personnage de l’État, qui est le président du Conseil constitutionnel, est déjà dans l’opération élection. On a donc décidé de créer un vide constitutionnel, une sorte de plan B qui était en préparation depuis quelques jours. Finalement, le président du Conseil (de la Nation) a été installé, je pense que l’idée d’une conférence nationale avant les élections a été abandonnée et c’est ce qui explique le ralliement tardif d’un des partis de l’Alliance présidentielle à l’appel à la candidature du chef de l’État », analyse-t-il.

« L’armée ne sera pas neutre »

Interrogée sur la neutralité de l’armée durant la prochaine présidentielle, M. Belabbas a assuré qu’il n’y croyait pas du tout.

« Moi je suis convaincu que l’armée ne sera pas neutre. C’est une conviction parce que nous avons déjà eu affaire à des promesses qui ont été faites par des responsables officiels de l’armée quant à la neutralité, et à chaque fois, les faits ont démenti ce genre de déclarations. Il n’y a que des mécanismes consensuels à mettre en place pour régler ce problème définitivement. Il ne s’agit pas d’attendre la veille des présidentielles chaque cinq ans pour recommencer à reparler de la neutralité de l’armée », a-t-il tranché.

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