Le président Abdelmadjid Tebboune a souligné jeudi l’importance stratégique du phosphate, tout en fustigeant ceux qui l’utilisent comme arme politique.
L’Algérie détient des réserves importantes et de grandes capacités de production et d’exportation de gaz et de pétrole. Elle ambitionne aussi de devenir un acteur important du phosphate et des engrais, devenus selon le président Tebboune, « le produit le plus stratégique au monde ».
Le président de la République était jeudi 14 décembre au Palais des expositions d’Alger pour l’inauguration de la 31e édition de la Foire de la production nationale qui s’étalera jusqu’au 23 décembre.
Au stand de Fertial, l’entreprise algérienne de production de fertilisants, il a évoqué l’importance de ce secteur et la nouvelle stratégie de l’Algérie pour le développer.
Avec le minerai de fer de Gara Djebilet, l’exploitation du gisement de phosphate de Tébessa est l’autre grand projet structurant que l’Algérie a lancé ces dernières années.
L’exploitation du gisement situé dans l’est du pays permettra la production de 6 millions de tonnes de produits phosphatés par an. Le projet a été lancé en 2020 avec des partenaires chinois pour un investissement de 6 milliards de dollars.
L’Algérie arrive à couvrir presque tous ses besoins en engrais par l’entreprise Fertial, filiale de Sonatrach. Selon les explications fournies au président de la République, la couverture des besoins de l’agriculture algérienne s’élève à 100 % pour les engrais phosphatés et azotés et 70 % pour les engrais composés.
Mais l’Algérie a de plus grandes ambitions. En plus de répondre aux besoins supplémentaires de l’agriculture algérienne qui se développe d’année en année, il s’agit de produire aussi pour l’exportation, notamment vers le marché africain.
Tebboune souligne l’importance stratégique des engrais
Selon le chef de l’État, l’Algérie n’a pas d’autre choix que de développer cette filière devenue hautement stratégique. « Ça devient le produit (les engrais) le plus stratégique au monde, plus que le gaz et le pétrole », a-t-il dit à ses interlocuteurs.
« Celui qui détient les engrais détient pratiquement un pouvoir de décision énorme », a-t-il insisté, expliquant que si les prix des produits agricoles sont assez élevés, « c’est à cause des prix des engrais qui se sont envolés ».
Exporter avec une forte valeur ajoutée est la nouvelle stratégie de l’Algérie, pour toutes les industries d’extraction. Cela est valable aussi pour les phosphates. « Il faut arrêter toute exportation du brut », a réitéré M. Tebboune.
« Dès qu’on aura terminé avec le projet de phosphate d’Annaba, il faut penser à une très forte intégration. Il faut aller vers les produits dérivés », a-t-il expliqué aux responsables du secteur.
L’objectif, selon le président Tebboune, étant de « couvrir les besoins d’une bonne partie de notre continent » en engrais.
« Nous avons l’obligation d’aider l’Afrique », a-t-il dit. Pendant que « d’autres, sont en train de faire de la politique avec les engrais ».
Sur une production mondiale de 280 millions de tonnes de phosphate par an, la Chine détient la première place avec 85 millions de tonnes. En Afrique, le Maroc est le premier producteur avec 40 millions de tonnes.
Le royaume se targue de détenir d’importantes réserves, mais il inclut celles du Sahara occidental occupé qu’il exploite illégalement. Selon des ONG qui appellent à mettre fin à ce pillage, 1,4 millions de tonnes de phosphate ont été extraites illégalement dans les territoires occupés en 2021.