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Entretien avec l’ambassadeur d’Iran en Algérie : « Nous sommes prêts à transférer notre expérience dans la diversification de l’économie »

Entretien avec l’ambassadeur d’Iran en Algérie : « Nous sommes prêts à transférer notre expérience dans la diversification de l’économie »

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Réza Amiri est l’ambassadeur d’Iran en Algérie. Dans cet entretien, il explique comment son pays a réussi à réduire sa dépendance aux hydrocarbures et propose de transférer son expérience à l’Algérie dans ce domaine.

Premièrement, comment voyez-vous le marché algérien ?

L’Algérie a une situation géographique et stratégique importante en Afrique du nord. C’est la porte du continent africain et sa proximité de l’Europe et d’autres pays accroissent son importance commerciale et économique. D’un autre côté, l’Iran a des relations politiques fraternelles et des liens resserrés avec l’Algérie et il y a une volonté forte chez les dirigeants des deux pays à resserrer et renforcer encore plus les relations bilatérales dans tous les domaines.

Quel est le volume des échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Iran ?

Les échanges commerciaux entre les deux pays ont connu une hausse importante lors des dernières années. En 2016, les échanges ont été multipliés par quatre par rapport à 2015, atteignant les 24 millions de dollars. Mais en 2017, le volume des échanges a connu un net recul à cause de quelques problèmes. Mais je reste tout à fait confiant quant à la progression de ces échanges en 2019.

Combien d’entreprises iraniennes sont présentes en Algérie ? Et quels sont leurs secteurs d’activité ?

Plusieurs entreprises iraniennes spécialisées dans divers secteurs d’activités ont des relations avec les entreprises algériennes. La plupart d’entre elles n’ont pas de présence physique en Algérie mais y ont plutôt des représentants. Beaucoup de ces entreprises activent dans le secteur du logement, de la réalisation de stations d’épuration d’eau et dans la coopération dans les domaines des services techniques, de l’ingénierie, du médicament, de l’agriculture, de la chimie, de l’électricité, du gaz et du pétrole ainsi que dans quelques projets de petite et moyenne envergure.

Y a-t-il des entreprises iraniennes qui souhaitent pénétrer le marché algérien ?

De nombreuses grandes entreprises iraniennes qui ont de grandes capacités de production ont annoncé leur disposition à investir sur le marché algérien. L’Algérie a besoin de beaucoup de matières premières produites actuellement en Iran, tout comme les services techniques et d’ingénierie diverse qui sont également éligibles à l’exportation vers le marché algérien. Le côté iranien est, de son côté, en train d’identifier les marchandises produites localement en Algérie pour les importer en Iran.

Y a-t-il des entreprises algériennes en Iran ?

Aucune entreprise algérienne n’a été enregistrée jusqu’à présent en Iran. Mais nous espérons que cela arrive prochainement, surtout avec l’application de la loi sur l’investissement étranger chez nous qui offre des facilités et des avantages aux investisseurs étrangers, notamment algériens.

Les entreprises iraniennes présentes en Algérie bénéficient-elles de soutien et d’incitations pour développer leurs activités sur le marché algérien ?

Les entreprises iraniennes sont toujours les bienvenues en Algérie et la preuve en est leur volonté de commercialiser des produits iraniens en Algérie et leur aptitude à concurrencer les autres entreprises sur les prix et la qualité. Personnellement, je pense que de nombreux produits iraniens ne sont pas connus jusqu’à présent par les hommes d’affaires algériens, c’est pour cela que la mission économique de l’ambassade veille à faire connaître les possibilités d’échanges commerciaux dans les deux sens entre les deux pays.

Quelles sont les principales entraves auxquelles doivent faire face les entreprises iraniennes en Algérie ?

Il n’y a pas d’entraves ou de problèmes sérieux puisqu’il est possible de les résumer en problèmes généraux et naturels dont certains sont dus aux barrières bancaires et aux difficultés de circulation des fonds entre les deux pays. Je pense que si les deux parties entreprennent des échanges importants, elles seront forcément amenées à supprimer ces entraves. La présence d’une volonté forte chez les dirigeants des deux pays pour développer la coopération bilatérale dans les différents domaines est, pour nous, un des facteurs les plus encourageants.

Comment l’Iran a-t-il pu se libérer de la dépendance aux hydrocarbures ?

Lors des premières années qui ont suivi la victoire de la révolution islamique en Iran, l’économie était dépendante des hydrocarbures à hauteur de 95%. On a pu au cours des quatre dernières décennies, après une guerre imposée et des sanctions économiques, baisser ce taux de dépendance à 30%. Nous avons enduré de nombreuses crises et problèmes pour parvenir à ce résultat. Nous avons dû pour cela compter sur le développement de l’industrie, de l’agriculture, de la pétrochimie et sur la limitation des importations qui n’étaient pas nécessaires.

La politique principale de l’Iran a été d’éviter les ventes de brut et de trouver une valeur ajoutée en substituant au pétrole brut, des produits pétrochimiques et, ainsi, augmenter les revenus du pays. Heureusement, nous constatons en Algérie une dynamique positive en ce sens, où sont prises des décisions politiques visant à diversifier les exportations et à diminuer le taux de dépendance aux hydrocarbures. L’Iran est disposé à transférer à l’Algérie son expérience importante dans ce domaine de la diversification de l’économie et de la réduction de la dépendance aux hydrocarbures.

L’Iran est la cible des sanctions américaines…

Les sanctions ne sont pas une nouveauté pour nous. Depuis le début de la révolution islamique qui a vaincu le régime dictatorial royal, nous avons été la cible des attaques et des sanctions de diverses formes, une guerre injuste de huit ans nous a été imposée et nous avons pu en sortir grâce à l’unité, la cohésion et la lutte acharnée.

L’Iran a pu faire face à toutes les crises qui ont découlé des sanctions grâce à la détermination de la jeunesse iranienne et nous avons pu dépasser ces crises grâce au développement de l’industrie, de l’agriculture et de la médecine. Ainsi, nous pouvons dire que c’était un mal pour un bien, car sans ces sanctions, nous n’aurions pas pu développer notre pays et en faire ce qu’il est aujourd’hui.

Qu’en est-il de l’implantation de l’usine de voiture algéro-iranienne de marque Khodro en partenariat avec l’algérien Famoval ?

Le projet est actuellement en cours d’étude et de suivi. L’Iran connaît aujourd’hui une production de près d’un million de voitures par an. Nous sommes convaincus que la voiture fabriquée en Iran est de qualité mondiale et qu’elle est apte à concurrencer les voitures de marques européennes, et dans le cas où elle entre le marché algérien, elle sera bien reçue par les Algériens, notamment ceux aux revenus moyens.

Où en est le projet de création de liaisons aériennes et maritimes directes entre l’Algérie et l’Iran ?

Nous pensons que le volume des échanges commerciaux et le nombre des voyageurs entre les deux pays ne sont pas encore arrivés à un niveau qui nécessite la création d’une ligne aérienne ou maritime directe entre l’Iran et l’Algérie. Nous pensons que les deux pays peuvent utiliser les points d’escales dans leur coopération.

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