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Entretien avec Marc Lavoine : « L’Algérie est dans mon cœur »

Entretien avec Marc Lavoine : « L’Algérie est dans mon cœur »

Marc Lavoine sera en concert le samedi 10 mars (19h30) à la salle El Mouggar, à Alger. Le chanteur français, également comédien et auteur, interprétera plusieurs de ses titres, dont son tube, « Elle a les yeux revolver ».

Cet événement d’exception lui donnera l’occasion de mettre pour la première fois les pieds en Algérie. Entretien à cœur ouvert.

Marc Lavoine, c’est la première fois que vous allez vous rendre en Algérie. Comment un tel événement s’est-il concrétisé ?

« Cela s’est fait par hasard. J’ai un ami qui s’appelle Mohamed Saadi (directeur de Berbère Télévision) et qui a apprécié mon roman [« L’homme qui ment », ed. Fayard, 2015, dans lequel il évoque l’histoire de son père en Algérie]. Un lien s’est créé entre nous. Il m’a proposé ce concert en Algérie et j’ai tout de suite accepté, parce que c’était inattendu et que ça ne se refuse pas. L’Algérie, cela fait des années que je l’imagine. »

Que ressentez-vous, à quelques jours du départ ?

« Je suis heureux d’y aller. J’y vais sans prétention. En fait, j’y vais comme un invité, avec respect et discrétion. Je pense que c’est important pour moi de faire ce pas. On m’ouvre une porte, on me dit viens, et j’accepte vraiment d’y aller avec tout mon cœur. Pour moi, chanter là-bas est quelque chose d’extrêmement émouvant.

L’Algérie est le mot que j’ai entendu le plus dans ma vie avec la France. Ce sont les deux termes que mon père employait tout le temps, avec ma tante aussi, qui a vécu là-bas et s’est mariée avec un Algérien. C’est une affaire familiale. L’Algérie est dans mon cœur. Cet événement représente une charge émotionnelle très singulière parce que les gens que j’aime le plus ont aimé l’Algérie. Avec ce concert, il y a une part d’homme en moi qui rejoint les gens que j’aime. »

Justement, votre père, Lucien, encarté au parti communiste français, est un jeune homme lorsqu’il se rend en Algérie, durant la guerre, servir comme infirmier. Il y soigne des Algériens et s’occupe de leurs courriers, écrivez-vous dans votre roman. Vous dites également à son sujet que « les Algériens l’aiment bien et qu’il aime bien les Algériens ». Et qu’il « ne comprend pas cette guerre, qui est contre nature et ne génère que souffrance. »

« À l’hôpital, mon père soignait de jeunes français et algériens. Au cœur de l’enfer, l’humanité résiste. C’est difficile de s’accrocher à quelque chose après avoir vécu l’horreur de la guerre. On s’en veut de s’en être sorti. C’est compliqué d’être survivant, aussi. Vous êtes comme trempés dans quelque chose que vous avez connu par la mémoire de ceux que vous aimez.

À vrai dire, peut-être que j’attendais cette opportunité de me rendre en Algérie. Je n’imaginais pas que c’était possible. Mais que mes chansons, que mon père aimait bien, me permettent d’aller sur les terres où il a été si bouleversé dans tous les sens du terme, bouleversé par l’humanité, par l’atrocité, par l’injustice, par l’héroïsme, pour moi ça remue beaucoup de choses. Vous savez, l’Algérie a deux richesses : elle parle l’arabe et le français. C’est un lien formidable qu’il faut protéger. Il faut aller vers une forme de réconciliation. Le pardon, c’est ce qui fait que les sociétés sont possibles. »

Dites-nous un mot sur le cartable connecté, un projet que vous soutenez avec le Franco-algérien Abdel Aïssou, avec qui vous avez fondé l’association « Le collectif », qui vise à lutter contre toutes formes de discrimination. C’est un projet qui pourrait voir le jour en Algérie ?

« C’est un dispositif qui permet à un enfant hospitalisé de rester en contact avec sa classe et de suivre les cours. Je pense que ça peut être un objet d’utilité publique qui appartiendra aux gens. À l’occasion de ma rencontre avec l’ambassadeur d’Algérie en France (Abdelkader Mesdoua), nous avons évoqué plusieurs sujets, dont le cartable connecté. Je ne suis pas technicien, mais c’est un objet dont j’ai rêvé et qui est en train de se développer. L’éducation, au même titre que la santé, le sport et la culture, sont des axes fondamentaux d’une société qui va bien. »

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