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Entretien avec Mohamed Said, président du PLJ

Entretien avec Mohamed Said, président du PLJ

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Les initiatives pour une sortie de crise se sont multipliées. Quelle est votre position par rapport à tout ce qui se passe ?

Le Parti de la liberté et de la justice (PLJ) demeure fidèle à la plateforme de Ain Benian qui a dessiné une feuille de route exhaustive, réaliste et efficace susceptible de réaliser les revendications du peuple afin de sortir le pays de la crise.

Notre parti œuvre, dans un cadre collégial, à coordonner avec les autres initiatives, de sorte à ne pas perdre l’occasion d’un changement radical imposé par la révolution du 22 février. La tâche n’est pas facile en raison de l’accumulation des sensibilités et une baisse de motivation. Malgré cela, je prévois un nouveau souffle pour ce travail de groupe à l’occasion de la rentrée sociale le mois prochain.

Les initiatives émanant des partis de l’allégeance qui cherchent à reprendre pied sur la scène politique ne doivent pas être prises en considération, car elles émanent de responsables qui ont détruit la vie politique à travers la fraude électorale systématique et leur alliance avec les forces de l’argent sale au détriment de l’intérêt du peuple. Ce sont ces responsables politiques qui assument totalement la responsabilité directe de l’impasse politique et la faillite économique qui s’aggravent et qui étouffent le pays depuis six mois.

Nous avons observé ces derniers jours des déclarations contradictoires entre le chef de l’Etat et le commandement de l’armée. Pensez-vous qu’il y a un conflit au plus haut sommet de l’Etat ?

Un conflit entre qui et qui ? La présidence d’Etat n’est-elle pas devenue après le 2 avril une institution secondaire devant l’institution militaire dont le commandement est devenu une partie prenante sur la scène politique et la véritable source du pouvoir ?

D’aucuns sont conscients de cela mais ils sont peu nombreux ceux qui consentent à le déclarer publiquement. Cela signifie que le chef de l’Etat dont la légitimité vacillante après la prolongation ouverte et illégale de son mandat, n’est pas capable de prendre la moindre initiative sans l’accord du commandement de l’armée. Et peut-être que la mise au point du chef d’état-major dans son discours du 3 août concernant les engagements de la présidence et les déclarations du coordinateur du Panel du dialogue et de méditation, était une façon de rappeler à tout le monde qu’il est inutile de miser sur une solution en dehors du cadre tracé par l’institution militaire.

Cela doit inciter à la réflexion, parce que l’exception qui dicte aujourd’hui à cette institution un rôle direct – sur lequel il y a consensus – afin d’aider à réaliser le changement démocratique pacifique, ne doit pas se transformer à l’avenir en une règle qui sera dépassée par les exigences de l’heure.

Lors des dernières marches, le slogan de la désobéissance civile a fait son apparition. Pensez-vous que ce scénario est possible ?

Ce scénario était déjà dans l’air au cours des premiers vendredis qui ont précédé la démission du président de la République. Le but était d’exercer le plus haut degré de pression pacifique afin de faire échouer le 5e mandat. Les tergiversations du président ont été accueillies par une tendance populaire à élargir la protestation vers la désobéissance civile.

La lecture qu’il faut faire c’est que, nonobstant les motivations de la source ou des sources de l’appel, on est devant une expression de l’amplification de l’inquiétude, du moins chez une partie du Hirak populaire face à la poursuite du système sans changement radical dans sa structure, ses modalités et ses pratiques.

Ce qui est demandé, pour faire face aux partisans de ce slogan, c’est de trouver une solution, et ne pas se contenter de surveiller les développements du Hirak et tenter de le museler. Le PLJ ne soutient pas l’option de la désobéissance civile, mais soutiendra toujours le Hirak populaire pacifique jusqu’à satisfaction de ses revendications légitimes.

Comment appréhendez-vous les résultats du dialogue que dirige le panel de Karim Younès ?

Le jour même où la présidence d’Etat a accueilli les membres du panel, j’ai parlé au téléphone avec coordinateur de cette instance, le frère Karim Younès. J’ai voulu me renseigner à propos de cette ‘’surprise’’. Je lui ai dit textuellement : « vous vous êtes précipités ».

Il a été surpris par cette observation et il a expliqué sur un ton optimiste, que les engagements du chef de l’Etat allaient être tenus, que le panel n’entamera pas son travail avant la concrétisation de ces engagements. Il me parait qu’il s’est remis en question après l’avant-dernier discours du chef d’état-major qui a récusé tous les préalables.

Je souhaite que ce panel puisse jouir d’une véritable souveraineté afin qu’il s’ouvre à toutes les alternatives politiques existantes en en choisissant la meilleure avec un consensus national incontournable pour dépasser cette étape difficile.

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