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Entretien. Karim Younes, médiateur de la République : « Nous sommes habilités à mener des investigations »

Entretien. Karim Younes, médiateur de la République : « Nous sommes habilités à mener des investigations »

Karim Younes a été nommé par le président Tebboune médiateur de la République le 17 février dernier. Dans cet entretien, il revient sur les missions et les priorités de cette instance de médiation.

Quelles sont vos missions en tant que médiateur de la République ?

La meilleure voie reste, et on ne le dira jamais assez, l’écoute de son peuple. Le verdict de l’histoire sera impitoyable car le choix du tâtonnement, la manière forte demeurent vaines à l’aune du siècle qui juge chacune de nos responsabilités en fonction des standards internationaux de bonne gouvernance.

La majorité des États ayant fondé leur mode de gouvernance sur la légalité, la transparence et le respect des droits humains, se sont dotés de cet instrument dont l’appellation diffère d’un pays à un autre : le Médiateur de la République, le Défenseur des Droits, le Commissaire Parlementaire, l’Ombudsman, et l’ont inséré dans la loi fondamentale pour assurer sa stabilité et sa pérennité, comme c’est le cas notamment dans un certain nombre de pays à l’instar du Liban, la Côte d’ivoire, l’Afrique du Sud, le Maroc, le Bénin, l’Éthiopie, le Rwanda, le Brésil ainsi que tous les pays Européens.

À cet égard, il faut savoir que le Médiateur de la République est une Institution Nationale indépendante et spécialisée ayant pour mission, dans le cadre des rapports entre l’administration et les usagers, de défendre les droits, de contribuer à renforcer la primauté de la loi et de diffuser les principes de justice et d’équité ainsi que les valeurs de moralisation et de transparence dans la gestion des administrations, des établissements publics, des collectivités territoriales et des organismes dotés de prérogatives de puissance publique.

Quelles sont vos priorités en tant que Médiateur de la République ?

La priorité sera de structurer l’institution de médiation, de façon à la rapprocher des citoyens et pouvoir être au plus près de leurs préoccupations. Dans ce cadre, nous étudierons les modalités de coopération avec les élus du peuple, afin de renforcer les énergies mises au service de nos concitoyens. La médiation est non seulement un processus qui permet de veiller au respect des droits et libertés des citoyens vis-à-vis des administrations de l’État et le service public de manière générale, mais aussi de les rapprocher et de les relier afin de réparer le mal né de la distance qui existe entre eux et qui affecte leurs rapports.

Une de vos principales missions consiste à participer à la lutte contre la corruption dans l’administration. Comment allez-vous procéder ?

À travers la prise en charge des doléances soumises à l’institution de médiation, nous ambitionnons de contribuer à la moralisation des structures administratives et lutter ainsi contre toute forme de corruption

L’instance de médiation est habilitée à mener les investigations nécessaires, suite à une saisine éventuelle, et si nécessaire en référer aux hiérarchies administratives ou à la justice, pour rétablir le citoyen dans ses droits. Il est utile de rappeler que « le Médiateur de la République veille au respect des droits et libertés par les administrations de l’État, les collectivités locales, les établissements publics, les sociétés où l’État détient des actions, ainsi que tout organisme investi d’une mission de service public, ou à l’égard duquel la loi organique lui attribue des compétences ».

Allez-vous établir des ponts entre le hirak et la présidence de la République en vue de l’ouverture d’un dialogue entre les deux parties ?

L’instance de médiation n’a pas vocation de s’impliquer dans la vie politique. Cependant, si des représentants dûment mandatés par le Hirak, nous sollicitent pour faciliter le dialogue, contribuant ainsi à un règlement rapide et responsable de la crise, nous ne pourrons pas nous en démarquer, car nous sommes, avant tout, des Algériens soucieux de la stabilité de leur pays. Quant aux préalables, je vous invite à re-consulter mes positions, gardant espoir que ce problème trouvera rapidement sa solution, avec le souhait que la sagesse et le sens de responsabilité puissent prévaloir chez l’ensemble des concernés.

Le dialogue avec le hirak devra-t-il passer impérativement par sa structuration ?

Nous ne sommes pas habilités à définir le mode de fonctionnement du Hirak, ni à distiller des recommandations.

Allez-vous plaider la cause des détenus du hirak ?

La défense des droits des détenus relève d’abord des prérogatives des avocats. En tant que citoyen je souhaite que le droit à l’exercice de la liberté d’opinion, dans un cadre pacifique soit respecté.

Sur le plan social, quelle est votre marge de manœuvre ?

Je suis conscient des difficultés qui attendent notre instance de médiation, lorsqu’il s’agira de prendre en charge des plaintes d’origine sociale. Dans ce cadre, nous serons tenus de respecter les lois du pays ainsi que le principe de la primauté de l’intérêt général sur l’ambition personnelle.

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