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ENTRETIEN. Zahra Harkat sur W9 : « J’avais un trac fou… »

ENTRETIEN. Zahra Harkat sur W9 : « J’avais un trac fou… »

La comédienne et animatrice algérienne Zahra Harkat fait l’actualité en France. La chaîne W9 du groupe M6 l’a recrutée pour présenter plusieurs programmes notamment autour d’une thématique musicale.

Elle vient de terminer le tournage du concert « W9 Urban Arena » réunissant plusieurs artistes européens sur scène. Zahra Harkat a accepté de revenir sur cette expérience et de nous raconter les projets auxquels elle participera en France.

Comment s’est passée cette première expérience d’animation sur W9 ?

J’avais le trac comme au premier jour (rires). La veille je n’ai pas dormi, car c’étaient mes débuts sur une grande chaîne française, sur un plateau immense.

Le stress était là au démarrage, mais une fois lancée, c’est comme si je n’avais jamais arrêté l’animation. Je crois que toutes ces années de télévision algérienne m’ont énormément aidée.

J’appréhendais de débarquer dans un milieu que je ne connaissais pas. Quand vous venez avec une carrière bâtie de l’autre côté de la Méditerranée, il y a une envie de représenter le mieux possible son pays d’origine.

C’était une double pression. Et puis ces dernières années, j’étais plus concentrée sur la fiction, les séries et le rapport à la caméra est totalement différent.

J’ai dû me réhabituer à parler directement à la caméra, à m’adresser à un nouveau public. Je devais trouver mon style et essayer de séduire ma nouvelle audience en France mais tout en conservant mon public algérien, qui est très important pour moi.

« (…) ils étaient tous en mode « 1, 2, 3, viva l’Algérie » »

Comment s’est passée votre rencontre avec les artistes ?

Tous les artistes que j’ai pu voir étaient très sympas. Ce qui m’a fait sourire, c’est qu’ils étaient tous en mode « 1, 2, 3, viva l’Algérie ». La plupart étaient très heureux de me voir présenter le concert. « C’est génial qu’une comédienne algérienne puisse présenter ce programme, on est heureux d’avoir un nouveau visage », me disaient-ils.

De mon côté, j’étais chargée des interviews et j’ai été très touchée par la sympathie d’Amel Bent, elle a été vraiment superbe. J’ai eu une belle entente avec Soolking parce qu’on a tous les deux des liens avec l’Algérie.

J’ai également été marquée par Fianso, c’est un artiste complet qui symbolise aussi un peu le grand frère, car il aide beaucoup de gens dans ce milieu. J’ai eu aussi la chance de faire la connaissance de Black M, Kendji Girac et bien d’autres. C’était vraiment génial.

Quelle a été la sensation de présenter un concert sans public ?

Écoutez, ce concert, bien que sans public, a eu un superbe rendu. Le directeur artistique Romain Pissenem, qui a l’habitude de gérer de gros concerts, a fait un travail formidable. Il a mis en place d’importants moyens pour assurer l’ambiance.

On avait un écran de 50 m², un très beau jeu de lumière. Le champion du monde de vol de drone prenait des vues aériennes de Bercy, des loges. La réalisation était très intéressante, on oubliait complètement que l’on était à Bercy.

Moi, je devais présenter les artistes depuis les loges et aller à leur rencontre et j’étais tout en haut pour une vision de tout Bercy pour animer.

Issa Doumbia était en backstage, il accueillait les artistes à leur sortie de scène. Les artistes étaient très émus de retrouver la scène, cela faisait un an pour la plupart qu’ils n’avaient pas pu se produire.

Est-ce que l’organisation d’événements culturels et artistiques va définitivement changer après la pandémie ?

Je pense qu’après un an, les gens commencent à avoir des initiatives, on commence de plus en plus à se faire à l’idée qu’il faudra vivre avec cette maladie. Donc on innove.

Je sais qu’un autre concert de ce type a été enregistré pour la radio. De nombreux artistes commencent à annoncer de nouvelles dates de concert pour la fin d’année et 2022. Les festivals reprennent, les tournages aussi. On trouve des solutions pour pallier cette situation qui est dramatique pour la culture.

En cette période, on doit s’adapter. Je pense énormément aux jeunes qui sont seuls et ont besoin de sortir, d’être en contact avec d’autres personnes.

Le nombre de dépressions et le taux de chômage ont explosé. Presque tous les jours, on compte de nouveaux décès à cause des maltraitances familiales ou sociétales.

C’est vrai que le covid tue et rend malade mais il y a des millions de personnes qui souffrent de cet isolement. Vous savez dans notre culture, l’aide à autrui est primordiale, c’est dur de ne pas pouvoir les aider. D’ailleurs, le W9 Urban Arena vise à soutenir le Secours Populaire, qui vient en aide aux étudiants en grande difficulté.

« Je ne veux pas que l’on m’enferme dans une case »

Avez-vous d’autres projets en France ? Et qu’en est-il de la comédie, vous y pensez ?

Je vais présenter plusieurs programmes pour le Groupe M6. Le premier, c’est donc le « W9 Urban Arena », puis il y aura un autre événement au mois de juin.

Je suis également sur un concept d’émission avec un format plus régulier, sûrement hebdomadaire. J’espère par la suite pouvoir participer à d’autres projets.

Pour la comédie, bien sûr que ça m’intéresserait. Je dirais qu’il ne faut pas courir deux lièvres en même temps, donc pour le moment je me concentre sur l’animation.

Mais si on me propose de mettre un pied dans la comédie, je serai très motivée. Au début de ma carrière, je pensais qu’il était indispensable de se concentrer sur un parcours, un domaine et ne pas s’éparpiller. Mais maintenant je ne veux pas que l’on m’enferme dans une case, je me rends compte que c’est une excellente chose d’alterner les rôles, de passer de l’animation à la comédie, ça permet de s’épanouir davantage.

Est-ce que vous envisagez une carrière entre Alger et Paris ?

J’ai toujours ma carrière en Algérie, je ne veux pas tirer un trait dessus. En ce moment, je suis en France parce que j’ai cette opportunité et pour des raisons familiales, mais j’aimerais faire des choses qui réunissent les deux pays.

D’ailleurs j’ai produit une mini-série intitulée « Zahra dawi hali », écrite par des auteurs algériens basés en France. Les scénaristes sont Reda Sedikki et Wary Nichen et la réalisation a été gérée par Rym Laredj.

Il y a une petite communauté d’artistes algériens en France, mais ils n’ont pas forcément l’espace nécessaire pour exploiter leur double culture. Alors, on s’est dit on va créer une petite famille et construire un espace pour eux.

Alors on a improvisé ce projet avec des auteurs, des réalisateurs et des créateurs. On va essayer de le diffuser sur des plateformes et/ou des chaînes algériennes. C’est un programme plein d’humour inspiré de la réalité et à destination d’un public algérien et français.

Je joue mon propre rôle en tant que Zahra. Avec le covid, je me retrouve sans projets et je déprime alors j’ai l’idée de monter un cabinet de psychologue pour artistes pour les soutenir également dans cette même épreuve.

Sauf que cette psychologue n’est pas du tout professionnelle, et elle va donner les mauvais conseils, essayer de profiter des artistes pour leur voler leurs éventuels castings, essayer de les démoraliser par jalousie.

Son personnage est commère, jalouse, vaniteuse, tous les traits sont exagérés. A chaque fois, on accueille une guest star qui joue également son propre rôle. C’est un programme original où on prend de la distance avec humour, mais il y a toujours une moralité et un thème de société.

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