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Exportations hors hydrocarbures de l’Algérie : Tebboune fixe les lignes

Exportations hors hydrocarbures de l’Algérie : Tebboune fixe les lignes

Par Kalyakan / Adobe Stock
Import / export

Dans le nouveau cap économique de l’Algérie, l’accent est mis sur la réduction des importations à travers la satisfaction du marché national par la production locale et l’augmentation des exportations hors hydrocarbures.

Ce qui implique une économie très forte et très diversifiée sans laquelle les deux objectifs peuvent s’avérer inconciliables. Dans sa dernière sortie médiatique, samedi 5 octobre, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a rappelé que l’exportation doit se faire uniquement après la satisfaction des besoins du pays. 

L’Algérie a fait de l’augmentation des exportations hors hydrocarbures une de ses priorités. Des résultats ont été très vite obtenus avec une hausse significative en 2022 des exportations en dehors du pétrole et gaz à 5,9 milliards de dollars, alors que par le passé, le chiffre dépassait péniblement le milliard de dollars.

Il s’agit évidemment d’une performance remarquable, mais le gros des ressources en devises du pays demeure tributaire des quantités d’hydrocarbures vendues et de leurs cours sur les marchés internationaux.

La même année, les exportations globales du pays s’étaient élevées à 65,7 milliards de dollars, selon les chiffres contenus dans le rapport de la Banque d’Algérie publié en août dernier.

Cette hausse fulgurante est néanmoins un indicateur fiable sur la marge de manœuvre dont dispose l’Algérie pour peu qu’une politique volontariste soit mise en place pour la diversification de l’économie et l’encouragement de l’exportation.

L’augmentation des exportations hors hydrocarbures n’a pas été seulement décrétée, c’est le fruit d’une batterie de mesures dont les plus notables sont la levée des entraves devant les porteurs de projets d’investissement productifs et créateurs de richesse et la simplification dans une certaine mesure des procédures pour les exportateurs de produits hors hydrocarbures. 

L’Algérie a la capacité de faire mieux grâce à des secteurs porteurs comme l’agriculture, l’électricité, l’industrie agro-alimentaire, la pétrochimie, l’extraction minière et certaines industries en plein essor comme l’électronique et l’électroménager. 

L’objectif tracé est d’atteindre 29 milliards de dollars à l’horizon 2030. Le chiffre est-il réalisable ?

Le pays en a en tout cas le potentiel pour aller vers un tel niveau de diversification de ses ressources. Des méga projets concrets sont déjà lancés et entreront en production progressivement les prochaines années.

Il s’agit principalement de ceux de l’exploitation de trois gisements miniers géants et jusque-là inexploités, ceux du minerai de fer de Gara Djebilet, du phosphate à Tébessa et du zinc et plomb à Béjaïa. 

Algérie : comment concilier satisfaction des besoins internes et exportations hors hydrocarbures 

La plus-value de ces mines sera importante si le gouvernement maintient le cap de sa stratégie qui est d’exclure les produits bruts de l’exportation pour n’expédier vers l’étranger que les produits transformés localement. 

Des fermes gigantesques sont également en cours de réalisation au sud du pays en partenariat avec des investisseurs étrangers notamment italiens et qataris pour produire lait, céréales et tomates qui viendront combler le déficit sur le marché local et éventuellement exporter.

De très grandes ambitions sont tracées pour l’agriculture saharienne qui pourrait elle aussi contribuer à faire gonfler la cagnotte des exportations hors hydrocarbures. 

Dans l’industrie, en plus des quantités importantes d’engrais exportées chaque année, des PME et de grands groupes privés, comme Cevital et Condor, sont déjà dans l’exportation de divers produits allant de l’agro-alimentaire à l’électroménager et l’électronique.

Le gouvernement table sur les retombées pour le dynamisme de l’économie algérienne de la loi sur l’investissement promulguée en 2022. 

Pour l’Algérie, l’ambition est très grande. Il s’agit de quintupler ses exportations hors hydrocarbures dans les cinq prochaines années. Les experts répondent que, théoriquement, tout est possible, bien que, dans la réalité, plusieurs facteurs et des impondérables peuvent contrarier cette marche vers la diversification des ressources. 

En 2023, la courbe des exportations hors hydrocarbures n’a pas suivi le rythme entamé deux ans plus tôt, baissant même de près de 1 milliard de dollars par rapport à 2022 (de 5,9 à 5,05 milliards).

Dans son rapport cité plus haut, la Banque d’Algérie a expliqué cette baisse inattendue par le recul de la valeur des exportations d’engrais à cause de la baisse des cours mondiaux du gaz. Cette énergie compte pour 80 % dans le coût de revient des engrais qui constituent le principal produit exporté par l’Algérie en dehors du pétrole et du gaz. 

Exportations hors hydrocarbures : l’Algérie à la recherche d’une stratégie

Outre les imprévus, il sera aussi compliqué de porter vers le haut le chiffre des exportations pour des entreprises qui ne peuvent pas exporter leurs marchandises fabriquées à partir de produits importés et qui doivent d’abord satisfaire entièrement les besoins du marché local. 

L’orientation vient d’être réitérée très clairement par le président de la République. Dans l’entrevue périodique avec des représentants de la presse nationale, diffusée samedi soir par l’ENTV, Abdelmadjid Tebboune a rappelé que ceux qui produisent du sucre, de l’huile ou du blé sont libres d’exporter et l’État les aidera, à condition qu’ils produisent et satisfassent d’abord le marché interne. "C’est ça l’économie", a-t-il insisté. 

C’est-à-dire produire à partir de matières premières locales et non importées, ce qui revient à attendre l’aboutissement de nombreux projets dans l’amont agricole.

Il est vrai que cela n’a aucun sens d’afficher des chiffres pompeux à l’exportation si le marché interne souffre en même temps de pénuries et de la spéculation et la hausse des prix qui vont avec.

Du reste, le chef de l’État a livré plusieurs fois sa vision sur ce point : dans l’équation du commerce extérieur, ne pas importer est en soi une manière d’exporter. La finalité n’est en effet ni le chiffre des importations ni celui des exportations. Seul compte pour le pays le solde de la balance des paiements. 

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