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Face aux convoitises marocaines, l’Algérie veut blinder son patrimoine

Face aux convoitises marocaines, l’Algérie veut blinder son patrimoine

Photo par Ekaterine / Adobe Stock

Face aux tentatives répétées de spoliation de son patrimoine, par des parties marocaines notamment, l’Algérie prend les choses en main. En plus des internautes et des professionnels qui contrent à chaque fois les campagnes visant le patrimoine algérien, les autorités font le nécessaire pour « blinder » juridiquement le produit de la culture algérienne à travers les siècles. Plusieurs procédures ont été engagées auprès de l’UNESCO, toutes couronnées de succès.

Jeudi 26 juin le ministre de la Culture, Zouhie Ballalou, a annoncé la révision prochaine de la loi de 1998 relative à la protection du patrimoine culturel, avec « l’introduction d’une disposition spécifique relative au patrimoine culturel immatériel ».

Si le patrimoine matériel, comme les monuments historiques et les sites naturels, est inattaquable, c’est le patrimoine immatériel (styles musicaux, art culinaire, habits vestimentaires…) qui fait en effet l’objet de tentatives de spoliation principalement de la part du Maroc.

Le gouvernement est déterminé à  « protéger et d’entretenir le patrimoine culturel national » et les efforts pour « soutenir, préserver et valoriser notre culture et notre identité se poursuivent de manière soutenue », a assuré le ministre.

Les efforts de l’Algérie pour protéger et faire reconnaître son patrimoine se sont accélérés ces 15 dernières années. Entre 2008 et 2024, l’Algérie a pu inscrire 13 éléments de son patrimoine immatériel auprès de l’UNESCO.

D’autres dossiers ont été déposés pour faire reconnaître de nouveaux éléments qui font l’objet de tentatives de spoliation, comme le Zellige. Cette faïence, qui orne le palais du Mechouar à Tlemcen, a inspiré un maillot de l’équipe d’Algérie de football, ce qui a donné lieu à une campagne véhémente au Maroc, impliquant même le gouvernement de Rabat en octobre 2022.

Outre le zellige, de nouveaux dossiers seront déposés par l’Algérie pour faire reconnaître notamment le burnous, le haik et le style musical haouzi. Le ministère de la Culture œuvre en coordination avec le Centre national des recherches en préhistoire, anthropologie et histoire (CNRPAH), à l’élaboration de nouveaux dossiers pour leur inscription, a fait savoir Zouhir Ballalou.

En plus des éléments immatériels, l’Algérie se penche sur son patrimoine historique et naturel

Le patrimoine historique et naturel de l’Algérie n’est pas moins important. Mardi 24 juin, l’Unesco a publié sa liste actualisée du patrimoine mondial, incluant 11 sites culturels, naturels et mixtes algériens. Il s’agit des parcs nationaux du Djurdjura, d’El-Kala et de l’Ahaggar, les forteresses-greniers collectifs du Parc culturel Touat-Gourara-Tidikelt (Ighamaouen), le patrimoine archéologique de la ville de Tébessa, les ksour de l’Atlas saharien algérien, les mausolées royaux de l’Algérie antique, les systèmes oasiens des gorges du Ghoufi et de Oued Labiod, le massif de la « Tafedest » dans le Parc culturel de l’Ahaggar, Nedroma et les Trara, les itinéraires augustiniens en Algérie et les paysages oasiens de Oued Souf.

Ces acquis concrétisent "la volonté politique sincère du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, de promouvoir les atouts civilisationnels et naturels de l’Algérie dans le cadre d’une vision culturelle globale et durable, réhabilitant le patrimoine en tant que levier de l’identité nationale, voire un instrument de rayonnement culturel et un moteur de développement durable », a commenté le ministère de la Culture.

Celui-ci a installé en décembre dernier un comité scientifique national chargé de relancer ce « dossier vital » et d’œuvrer à "enrichir la liste du patrimoine mondial de l’Algérie ».

La publication de la liste actualisée de l’UNESCO a coïncidé avec le lancement en Algérie d’une application électronique dédiée à la promotion du patrimoine algérien et à l’exploration des sites historiques et archéologiques.  La plateforme « Discover Algeria » a été lancée mercredi 25 juin à Alger.

Il s’agit d’un "outil intelligent conçu en huit langues, permettant des visites virtuelles des monuments et sites culturels à travers des photos et des courtes vidéos promotionnelles et de circuits interactifs appuyés par l’intelligence artificielle », a expliqué le ministre de la Culture.

Réalisée en collaboration avec l’Office national de gestion et d’exploitation des biens culturels protégés (OGEBC) et la startup Alpha Aero Systems, "Discover Algeria« vise à rendre le patrimoine »accessible à tous les Algériens à l’intérieur et à l’extérieur du pays, ainsi qu’à tout touriste étranger désirant découvrir la richesse du pays ».

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