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Faut-il acheter le mouton de l’Aid maintenant ?

Faut-il acheter le mouton de l’Aid maintenant ?

Moh Ali / NEWPRESS

Faut-il acheter le mouton de l’Aid maintenant ou attendre la dernière semaine avant la fête du sacrifice ? À trois semaines de l’Aid el-Kebir, les gens sont partagés.

 « J’achète toujours à l’avance le mouton. D’ailleurs, je viens de l’acheter chez un éleveur que je connais. Je l’ai payé et je l’ai laissé chez lui et je vais le récupérer la veille de l’Aïd », relate Said, chef de famille.

Pour lui, les prix vont augmenter en raison des dégâts causés au cheptel ovin par les feux de forêts. De nombreux moutons et agneaux ont péri asphyxiés par la fumée dégagée par les feux de forêts ou ils ont été carrément pris au piège, dans leurs étables, par les feux.

D’autres pères de famille préfèrent attendre la dernière semaine pour acheter leur mouton. Ils parient sur une baisse des prix des moutons dans les prochains jours.  « J’achète toujours une semaine à l’avance. Les prix vont baisser à l’approche de l’Aid », soutient un père de famille.

La périphérie d’Oran compte des milliers de petits élevages d’ovins. Hassi Bounif, Hassi Mefsoukh, Ain El Beidha, Misserghine ou encore Boutlelis sont réputées comme des localités rurales où il y a beaucoup de bergeries.

« Les prix varient entre 35 000 dinars pour un agneau et 45 000 dinars pour un bélier bien portant », selon Mansour, un éleveur basé dans la région de Boutlelis, à 26 kilomètres au sud-ouest d’Oran.

« Les prix sont de 14 à 20% moins chers que ceux pratiqués l’année passée », selon plusieurs éleveurs dont les élevages sont situés sur la route de Sidi Bakhti.

Mais le budget qu’il faut réserver pour le sacrifice reste lourd pour les ménages à revenu modeste. Il faut ainsi prévoir la moitié d’un salaire voir tout une mensualité pour qu’un père de famille puisse acheter un mouton.

Scandale de la putréfaction des carcasses

« Cette année, je ferais comme l’année passée. Mon salaire (42 000 dinars) ne me permet pas d’acheter un mouton. Je vais me contenter de quelques kilos de viande pour mes deux enfants », confie Djamel, un salarié dans une entreprise privée.

Échaudés par le scandale lié à la putréfaction des carcasses des moutons sacrifiés à l’occasion de l’Aïd 2016, certains pères de famille au pouvoir d’achat modeste se méfient désormais des moutons.

La putréfaction est due à un surdosage de compléments alimentaires ajoutés aux fourrages consommés par les moutons sacrifiés. Une technique frauduleuse pratiquée par les éleveurs en vue de leur engraissement rapide.

« En l’absence de toute traçabilité, il est impossible de savoir si un mouton a consommé des produits dangereux ou non », atteste un vétérinaire exerçant dans la fonction publique à Tipaza.

« Très organisée, la filière des anabolisants et des suppléments alimentaires administrés par les ovins relève des pratiques mafieuses », poursuit ce praticien qui explique que « les bonnes vieilles méthodes d’engraissement artificiel du bétail sont loin d’avoir disparu ».

Ceux qu’on appelle les « empoisonneurs » sévissent toujours dans les campagnes, comme le montrent les scandales successifs qui ont éclaté ces dernières années. « Les produits sont généralement importés de Belgique ou d’Espagne, à partir de molécules créées en Europe de l’Est », détaille-t-il.

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