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Flambée de la Covid-19 en Algérie : faut-il fermer les écoles ?

Flambée de la Covid-19 en Algérie : faut-il fermer les écoles ?

L’Algérie a enregistré hier mardi un nouveau record des contaminations à la Covid-19, avec 753 nouvelles infections recensées en 24 heures. Le précédent record de 675 nouveaux cas datait du 25 juillet dernier.

Dans ce contexte de flambée de la Covid-19 que connaît l’Algérie à l’instar de plusieurs autres pays étrangers, les inquiétudes commencent à se manifester parmi les parents d’élèves qui ont repris le chemin de l’école le 21 novembre pour le primaire, et le 4 novembre, pour les deux paliers de l’éducation nationale.

Hier, une association des parents d’élèves a appelé carrément  à la fermeture des écoles. Un appel qui fait écho aux signaux d’alerte lancés par les syndicats de l’éducation quant à la hausse des cas de Covid-19 enregistrées dans plusieurs établissements dont certains ont été fermés.

« La situation est alarmante »

Un syndicat comme le Cnapest-E a dénoncé l’opacité dans la gestion de l’épidémie dans les écoles, faisant état de l’absence des moyens de protection contre l’épidémie.

« Il y a une préoccupation au sein de la famille éducative. La situation est alarmante », lance Meziane Meriane Coordinateur du Snapest qui estime qu’il est très difficile de se prononcer sur la fermeture ou non des écoles.

« D’un côté, on ne veut pas avoir une année scolaire blanche, et de l’autre côté on doit protéger les élèves et le personnel d’encadrement contre la Covid-19. C’est une équation complexe », concède l’enseignant qui se dit persuadé qu’ « il arrivera un moment où la santé des élèves et des personnels de l’éducation va primer sur les autres considérations ».

Pour le syndicaliste, le protocole sanitaire pour l’éducation nationale n’a aucune utilité si, à l’extérieur des établissements, on assiste à un relâchement total sur les mesures barrières.

« On aurait pu retarder la rentrée scolaire »  

Le professeur Idir Bitam, expert des maladies transmissibles et des pathologies tropicales, a un avis tranché sur la question. « Personnellement, j’ai dès le début été contre la réouverture des écoles. J’avais dit que ce n’était pas le moment. Pour les écoles et les crèches, ce sont généralement les grands-parents qui s’occupent des enfants dont les parents travaillent. Il y a le risque de transmission du virus des adultes vers les enfants. Ces derniers sont asymptomatiques et ne développent aucun symptôme mais ils peuvent quand même héberger le virus. Il y a des statistiques scientifiques qui prouvent qu’effectivement que 2% des enfants de moins de 12 ans sont en réanimation. C’est-à-dire qu’ils ont non seulement développé les symptômes mais sont dans un état de complication », développe le spécialiste.

« Dire que les enfants ne transmettent pas le virus est complètement faux », corrige-t-il. Pour la reprise scolaire, le Pr Bitam considère : « On aurait pu retarder encore de deux ou trois semaines la rentrée scolaire le temps de voir comment les choses vont évoluer, d’autant qu’on est en pleine période de grippe saisonnière. À mon avis, ce n’est pas du tout le moment d’ouvrir les écoles ».

Risque de « tsunami »

Le Dr Mohamed Bekkat Berkani appelle à sensibiliser davantage les élèves et leurs parents et à redoubler de pédagogie. « Il faut faire de l’éducation civique pour les élèves. Or, il n’y point de plan de communication vis-à-vis de cette deuxième vague qui progresse de façon exponentielle », déplore-t-il.

Avec la population réfractaire au respect des mesures barrières, le risque de voir « le tsunami » envahir l’Algérie n’est pas exclu, avertit le Dr Bekkat Berkani, membre du comité scientifique Covid-19 en Algérie.

En sa qualité de praticien, il dit avoir constaté au niveau de ses consultations que 90% des patients sont Covid+, mais qui n’ont pas pu bénéficier d’un test PCR, dont le prix est exorbitant chez le privé et peu disponible dans le secteur public.

Fermetures des écoles au « « cas par cas »

Face à la flambée de la Covid-19, l’Algérie doit-elle fermer ses écoles ? « Il faut d’abord faire une évaluation sur combien d’écoles ont été fermées à cause de cas de Covid. Il faudra probablement refaire le point sur les mesures prises par les APC et les autorités locales », suggère le Dr Bekkat Berkani. Pour notre interlocuteur, la gestion de l’épidémie dans les établissements scolaires relève en « premier abord de la responsabilité des autorités locales ».

Face à la flambée des contaminations Covid, une autre voix avisée préconise de multiplier les efforts pour casser la chaîne de transmission (du virus). Pour ce faire, recommande le Pr Abderrazak Bouamra, responsable du service de réanimation au CHU de Blida, « on doit renforcer les mesures de prévention au risque de voir le nombre de contaminations augmenter ».

Parmi les pistes avancées par le spécialiste figure le renforcement des enquêtes épidémiologiques. « Lorsqu’on fait une enquête autour d’un cas positif, on doit identifier les sujets avec qui il était en contact. Et on doit les isoler pour casser la chaîne de transmission », explique-t-il.

Concernant les écoles, le Pr Bouamra suggère de prendre en compte les données épidémiologiques. Les décisions de fermeture doivent, selon lui, obéir à la règle du « cas par cas ». « On ne va pas fermer une école pour un seul cas. Si les cas augmentent, à ce moment-là, on peut procéder à la fermeture de cette école qui ne doit pas dépasser 15 jours », souligne-t-il.

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