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Flambée du Covid-19 : le Pr Belhocine explique les raisons et tire l’alarme

Flambée du Covid-19 : le Pr Belhocine explique les raisons et tire l’alarme

Professeur Mohamed Belhocine, épidémiologiste et membre du comité de suivi de la pandémie de coronavirus

Le Professeur Mohamed Belhocine, épidémiologiste et membre du comité de suivi de la pandémie de coronavirus met en garde contre la saturation des hôpitaux à cause de la nouvelle vague de l’épidémie qui touche l’Algérie.

On assiste à une nette recrudescence du nombre de cas quotidiens de Covid-19. À quoi est-elle due ?

Pr Mohamed Belhocine : À l’instar de beaucoup d’autres pays, notre société a probablement pensé que l’épidémie était derrière nous. Or, je n’ai cessé de rappeler que, tant qu’il y a un cas nouveau, c’est que le virus circule encore dans la communauté. Le virus est en train de revenir en force, probablement pour des raisons multiples. La première c’est le relâchement des mesures de prévention, vous avez bien vu que peu de gens utilisent le masque dans des lieux confinés, que les gens se parlent à des distances très proches et ne respectent pas la distanciation physique, que le respect de ces mesures dans les transports est très variable, pour ne pas dire très faible. D’un autre côté, les températures ont baissé et il est probable que les conditions de transmission du virus soient plus favorables. Troisièmement, les regroupements sont devenus très fréquents, et lorsqu’on se regroupe, en particulier dans une atmosphère confinée sans le respect des mesures de distanciation et des mesures-barrière notamment le port du masque et l’hygiène des mains, on crée toutes les conditions de multiplication du nombre de cas par une transmission plus rapide et plus intense du virus.

Vous tirez la sonnette d’alarme ?

Bien sûr que je tire la sonnette d’alarme. Parce que les services hospitaliers, même si on prend toutes les mesures possibles pour répondre à la demande, risquent d’être saturés, et il ne faut pas qu’ils soient saturés. La seule façon de ne pas avoir une telle situation, c’est d’éviter d’avoir de nouveaux cas. Il faut pour cela certainement des efforts de la part du gouvernement, mais il faut aussi une main tendue de la part de la société qui joue son rôle individuellement et collectivement pour faire respecter les mesures-barrière et pour éviter les rassemblements inutiles. Nous sommes en pleine fête religieuse bienvenue, mais il ne faut pas qu’elle se transforme en cauchemar de santé dans les jours qui la suivront. Il s’agit d’avoir la sagesse de ne pas assister à des regroupements trop importants de gens, de ne pas rester trop longtemps ensemble même si on peut aller rendre visite à sa famille, et de respecter en tout temps, en tout lieu et partout les mesures-barrière, en particulier le port du masque.

Un retour au confinement est-il envisageable dans le cas où la hausse du nombre de cas se poursuivrait ?  

Le confinement est une arme, nous l’avons bien vu, elle nous a rendu service parce qu’elle a ralenti la diffusion du virus. Mais le confinement tout seul a ses propres inconvénients, aussi bien économiques que sociaux, pour la santé mentale des gens. Les gens sont énervés, anxieux, fatigués, il y a des gens qui perdent leur travail, les petits artisans qui perdent leur revenu quotidien. Donc il faut espérer éviter au maximum le confinement généralisé, mais effectivement, si le nombre de cas devient trop important et que le système hospitalier ne peut plus répondre, il faudra probablement revenir au confinement pour aplatir la courbe, c’est-à-dire pour réduire la circulation du virus dans la communauté. Si les gens ne respectent pas les mesures-barrière, le gouvernement sera appelé peut-être à prendre cette mesure.

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