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Formation d’un gouvernement de transition : une mission (presque) impossible pour Bedoui

Formation d’un gouvernement de transition : une mission (presque) impossible pour Bedoui

Les choses commencent mal pour Nourredine Bedoui. Le nouveau Premier ministre a essuyé ce dimanche 17 mars son premier revers dans le dialogue qu’il a initié pour former son gouvernement de « compétences nationales avec ou sans affiliation politique ».

Au moins treize syndicats autonomes de différents secteurs ont décliné effet son invitation pour le dialogue. « Les syndicats autonomes ont décidé de ne pas prendre part à cette rencontre. Il n’y aucune voix qui est dessus de celle du peuple », ont répondu six syndicats dans un communiqué commun. Les autres ont exprimé leur rejet individuellement.

Depuis le 22 février, les Algériens descendent par millions dans la rue chaque vendredi, pour réclamer le départ de Bouteflika et du système. « Nous refusons le prolongement du mandat et toutes les décisions annoncées dans la lettre du président de la République », adressée lundi dernier à la nation, y compris donc la nomination de Bedoui au poste de premier ministre, ont fait savoir les syndicats autonomes qui ont rejoint le mouvement de contestation.

Le refus des syndicats autonomes de participer aux consultations pour la formation du nouveau gouvernement illustre à quel point la mission du nouveau Premier ministre s’annonce difficile. Bedoui ne peut pas compter sur les partis de l’opposition qui ont déjà exprimé leur refus de dialoguer avec le pouvoir.

Le nouveau Premier ministre aura du mal à trouver des interlocuteurs crédibles et représentatifs du mouvement populaire, qui rejette tout encadrement ou représentation. D’ailleurs, des mises en garde sont lancées sur les réseaux sociaux, d’où est partie la contestation populaire, à ceux qui seraient tentés de négocier avec Bedoui, au nom du peuple.

La mission de Bedoui de former un gouvernement représentatif sur la base d’un véritable dialogue semble déjà vouée à l’échec. Il lui reste une seule option : mener des consultations internes avec les partis, les syndicats et autres organisations de masse proches du pouvoir. Mais même une telle solution ne sera pas facile à mettre en œuvre.

Les quatre partis de la majoritaire parlementaire (FLN, RND, MPA et Taj) sont fortement déstabilisés par le mouvement populaire. Le FLN, locomotive de l’Alliance présidentielle, se déchire. Ce dimanche, 72 Mouhafeds sur 120 que compte le parti, ont décidé de rejoindre le mouvement de contestation, tout en qualifiant d' »illégitime » l’instance dirigeante du parti.

Grand perdant de la décision de Bouteflika de reporter les présidentielles, le RND aura du mal à se remettre du limogeage d’Ouyahia de son poste de Premier ministre, et des répercussions du mouvement populaire sur ses structures locales. Ahmed Ouyahia a été fortement décrié par les manifestants, même après son départ du gouvernement, en raison de son impopularité.

Le tableau sombre de la situation des alliés du pouvoir est complété par l’effritement de l’UGTA, qui fait face à des dissensions internes inédites. Plusieurs syndicats ont annoncé leur ralliement au mouvement populaire et réclament désormais le départ de Sidi Said.

L’autre allié du pouvoir est le FCE, qui participait aux fameuses tripartites gouvernement-UGTA-patronat. Le plus grand syndicat des patrons du pays est touché de plein fouet par le vent de révolte qui souffle depuis le 22 février sur l’Algérie. Plusieurs grands patrons ont annoncé leur retrait du FCE. D’autres réclament la tenue d’une assemblée générale extraordinaire, pour redéfinir la position de l’organisation patronale.

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