Comment se porte la relation algéro-française, quarante jours après le déclenchement d’une nouvelle crise au lendemain de l’arrestation d’un agent consulaire algérien à Créteil ? Pour Paris, la relation est au plus bas. La France a, en effet, confirmé de nouveau le blocage de sa relation avec l’Algérie depuis l’expulsion réciproque d’agents consulaires à la mi-avril. Interrogé ce dimanche 11 mai, le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a fait état du “gel total” de la relation bilatérale.
Le 5 mai, Barrot avait déjà indiqué que les relations entre les deux pays étaient bloquées et que le maintien en détention de l’écrivain Boualem Sansal et l’expulsion par Alger de 12 agents consulaires français “ne facilitent pas le contact”.
Jean-Noël Barrot : “La relation France – Algérie est totalement gelée”
Cette nouvelle dégradation des rapports entre les deux capitales est survenue quelques jours après une visite du même Barrot à Alger, le 6 avril. Un déplacement qui avait laissé entrevoir un retour à la normale après huit mois de crise sans précédent.
Mais l’arrestation et l’incarcération d’un agent consulaire algérien à Paris a remis les choses à la case départ. L’Algérie a procédé à l’expulsion de 12 agents français directement rattachés au ministère de l’Intérieur et la France a pris une mesure similaire et a rappelé son ambassadeur à Alger.
La diplomatie algérienne a nommément accusé le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau d’avoir orchestré l’arrestation de l’agent consulaire algérien pour saboter le processus de rapprochement entre les deux capitales.
Depuis, c’est le statu quo. Ce dimanche, Jean-Noël Barrot a confirmé dans un entretien avec France Info et Le Monde que la relation est “gelée”. Le ministre était interrogé sur le déplacement de parlementaires français en Algérie pour les 80 ans des massacres du 8 mai 1945.
Barrot brandit de nouvelles menaces contre l’Algérie
“Ces massacres de Sétif méritent d’être commémorés. D’ailleurs l’ambassade de France à Alger a déposé une gerbe à cette occasion (…) Ça s’inscrit dans la logique de mémoire de vérité dans laquelle la France est engagée depuis 2017”, a-t-il expliqué.
“Il est toujours positif que les parlementaires puissent se déplacer à ces occasions, mais la relation reste bloquée et totalement gelée”, a ajouté le ministre français des Affaires étrangères. Autre confirmation de Barrot, l’ambassadeur Stéphane Romatet, rappelé à la mi-avril, est toujours à Paris “pour consultations” et aucune date n’est évoquée pour son retour à son poste.
Mercredi 7 avril, la porte-parole du gouvernement français Sophie Primas a évoqué la possibilité de “durcir” la “riposte graduée” vis-à-vis de l’Algérie. Dans son entretien de ce dimanche, Jean-Noël Barrot a rappelé avoir pris en début d’année des mesures concernant la circulation des porteurs de passeports diplomatiques, qui avaient été, a-t-il dit, “vivement ressenties par les personnes concernées”.
“Je ne m’interdis pas d’en prendre (de nouvelles mesures). Je ne dirai pas forcément quand je les prendrai, quand je ne les prendrai pas. Ainsi fonctionne la diplomatie”, a-t-il indiqué.
Agents français expulsés d’Algérie
Avant ces déclarations du chef de la diplomatie française, la chaîne de télévision publique algérienne Al24 News a rapporté samedi 10 mai qu’Alger a procédé à une nouvelle expulsion d’agents français.
Il s’agit d’agents de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) “envoyés” par Bruno Retailleau “sous couvert de passeport diplomatique”, selon la télé algérienne qui y voit une “nouvelle manœuvre” du ministre français de l’Intérieur. La crise Algérie-France est décidément partie pour durer.