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France : Eric Zemmour accumule les polémiques

France : Eric Zemmour accumule les polémiques

Le polémiste Eric Zemmour est officiellement candidat à l’élection présidentielle française du printemps prochain.

L’homme, qui a bâti sa notoriété sur un discours ouvertement anti-immigration et anti-islam, veut maintenant en faire un tremplin pour accéder à la plus haute marche de la hiérarchie de la République française. En a-t-il des chances ?

Très peu sans doute, et cela au vu de plusieurs facteurs. Il y a d’abord l’évolution de la perception de son projet dans la société, exprimée à travers les sondages.

| Lire aussi : Eric Zemmour, symptôme inquiétant de l’extrême-droitisation de la France

Eric Zemmour a fait une spectaculaire ascension depuis l’été avant de voir la dynamique enrayée dans la dernière moitié de novembre. Si l’élection a lieu dimanche prochain, c’est Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national, qui défendra les chances de l’extrême-droite au deuxième tour face au président sortant, crédité d’une avance confortable.

Le recul d’Eric Zemmour dans les sondages est peut-être le signe qu’une partie de ceux que son discours a séduit a fini par comprendre que l’homme n’a rien d’autre à proposer que « l’immigration zéro ».

Le prétendu complot du « grand remplacement » n’empêche pas tous les Français de dormir. Leurs problèmes sont nombreux et complexes et ont pour noms l’économie, l’emploi, le pouvoir d’achat ou la transition énergétique. Tout mettre sur le dos de l’immigration c’est faire un faux diagnostic, avec donc le risque d’apporter de faux remèdes.

Cela fait quatre mois que Zemmour parle (en tant que potentiel candidat) sur les plateaux télé et il ne fait que taper sur l’Islam et les immigrés et accessoirement sur ceux qui lui portent la contradiction. Aux questions sur les autres dossiers de l’heure, il a systématiquement refusé de répondre, prétextant qu’il n’est pas encore officiellement candidat.

La stratégie a montré ses limites et en fin de compte, il se peut bien que le projet du chroniqueur commence à être trouvé peu sérieux.

Et ce n’est qu’une facette des défaillances de la candidature d’Eric Zemmour. L’homme n’a aucun vécu politique, n’a pas de troupes organisées et, comme il l’a montré pendant ces quatre derniers mois, il n’a pas de programme. Emmanuel Macron a été élu en 2017 sans parti certes, mais avec un projet très consistant.

« Il veut nous ramener sous Vichy »

Paradoxalement, la candidature de Zemmour est aussi victime de son succès en quelque sorte. A entendre les débats de précampagne en France, il en ressort que le chroniqueur n’a plus le monopole du patriotisme face au péril migratoire et islamiste.

Ses « légèretés » sont banalisées et reprises sans complexe par des personnages de la droite traditionnelle. Voire de la gauche, comme l’idée de geler les transferts d’argent des immigrés vers les pays qui n’acceptent pas de reprendre leurs ressortissants en situation irrégulière, piquée par Arnaud Montebourg.

Le discours de Zemmour n’est pas seulement léger, il est aussi dangereux. Après le lancement raté de sa candidature avec une vidéo interdite par Youtube aux moins de 18 ans, dans l’une de ses dernières sorties, il a promis, une fois élu, d’abroger une loi antiracisme vieille de 50 ans.

La loi Pleven a été adoptée en 1972 dans un contexte d’attaques racistes qui visaient principalement les Noirs et les immigrés algériens et portugais. C’est en vertu de ce texte qu’Eric Zemmour a été condamné à deux reprises pour propos racistes. « J’ai été condamné sur le fondement d’une loi que j’estime liberticide et que je proposerai d’ailleurs d’abolir », déclare-t-il sur un média de grande audience, le 20h de TF1.

Pour souligner toute la portée du texte, le chroniqueur Patrick Cohen a rappelé sur France 5 qu’il a été voté « par tous les députés unanimes et tous les sénateurs unanimes ».

Un cas unique dans les annales du parlement français. Avant cette loi, il y avait celle, similaire, adoptée en 1939 dans un contexte de montée de l’antisémitisme en Europe, puis bien entendu abrogée sous le régime de Vichy. Ce qui fait conclure au chroniqueur que « Zemmour veut nous ramener 75 ans en arrière, sous Vichy ». Voilà comment Eric Zemmour rend chaque jour sa victoire presque impossible. Le 5 octobre, Arnaud Montebourg accusant déjà le polémiste de chercher à réhabiliter le régime de Vichy.

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