
Alors que l’intérêt en France devait être porté sur la contestation en cours ou sur la priorité du moment, la formation d’un nouveau gouvernement, l’extrême-droite focalise sur l’Algérie.
Cette mouvance à fait d’une question à priori futile, les visas accordés aux étudiants algériens, un sujet phare de l’actualité. Décidément, rien ne fait oublier à l’extrême-droite son obsession de l’Algérie.
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Déclarations publiques, plateaux télés, interviews d’experts et même des sondages d’opinion, le sujet est traité comme une question vitale pour l’avenir de la France.
Tout est parti d’un chiffre dévoilé par l’ambassade de France à Alger qui a annoncé lundi 29 septembre que le nombre de visas “étudiant” délivrés aux demandeurs algériens a augmenté cette année.
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Un millier de visas en plus met le feu aux poudres
Il ne s’agit pas d’une augmentation substantielle, à peine un millier de plus par rapport à 2024. Mais pour un courant qui prône depuis plusieurs mois le “zéro visa” pour les Algériens, c’est beaucoup, et même trop.
Sans surprise, la première indignation est venue de l’homme qui promet un “rapport de force” à l’Algérie et brandit, entre autres, le levier des visas pour “faire plier” l’Algérie. Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur sortant, a chargé ses collaborateurs de fuiter dans la presse son opposition au Quai d’Orsay et au gouvernement sur cette question.
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Sur les plateaux télé, de nombreux journalistes d’extrême-droite sont montés au créneau, oubliant seulement que les universités françaises accueillent, pour cette rentrée universitaire 2025-2026, près de 444 000 étudiants étrangers et que, malgré la hausse annoncée par l’ambassade de France à Alger, le nombre de visas accordés cette année aux étudiants algériens est de 8.400 seulement.
Feignant aussi d’ignorer que sur l’ensemble des catégories de visas, les délivrances pour les Algériens ont déjà baissé officiellement de 30 %, un taux qui serait beaucoup plus important.
Face au tollé, le quai d’Orsay a expliqué qu’il distinguait dans son rapport à l’Algérie entre la crise bilatérale et la société civile. Mais tout compte fait, tout ce qui est algérien pose visiblement un problème à l’extrême-droite.
Trois médias de cette mouvance, Cnews, Europe 1 et le Journal du Dimanche (JDD), sont allés commander un sondage dont les résultats sont vite tombés et évidemment conformes à ce qu’ils désirent.
Selon les résultats dévoilés vendredi 3 octobre, 76 % des Français souhaiteraient “suspendre la délivrance de visas aux ressortissants algériens tant que l’Algérie refuse de reprendre ses citoyens expulsés”.
Le sondage fait état d’un “consensus” parmi les différents courants politiques, mis à part chez La France Insoumise (LFI), dont “seulement” 46 % des sympathisants souhaitent la suspension des visas pour les Algériens. Le taux est de 86 % chez les électeurs RN, 71 et 72 % pour les socialistes et les écologistes respectivement.
L’obsession algérienne de l’extrême-droite française
Sortir ainsi l’artillerie lourde pour un millier de visas de plus, de surcroît dans un contexte où les priorités ne manquent pas, dévoile encore une fois l’obsession de l’extrême-droite et de la droite dure pour l’Algérie.
Cela fait plusieurs mois que le moindre sujet, la plus banale des informations, même parfois infondée comme celle de la prétendue aide française à l’Algérie, sont saisis au vol pour centrer sur ce pays le débat public.
Le courant anti-algérien a beaucoup insisté sur l’affaire Boualem Sansal, celle des influenceurs, le prétendu refus de l’Algérie d’accepter ses ressortissants expulsables, l’accord de 2013 sur les visas diplomatiques qu’ Alger a fini par dénoncer…
Comme le démontre encore une fois ce tollé fait autour d’un millier de visas “étudiant”, tous les précédents thèmes n’étaient in fine que prétextes pour ne pas lâcher un pays décidément très porteur électoralement. À ne pas douter, les attaques vont redoubler, pour le moindre motif, à mesure que se rapproche l’échéance présidentielle cruciale de 2027.