Direct Live Search
Search

France : Retailleau reconduit, la crise avec l’Algérie partie pour durer

Bruno Retailleau qui symbolise le courant anti-algérien au sein du gouvernement est non seulement reconduit à l’Intérieur, mais promu.

France : Retailleau reconduit, la crise avec l’Algérie partie pour durer
Retailleau reconduit, la crise entre l’Algérie et la France partie pour durer / Par Leo Altman / Adobe Stock
Riyad Hamadi
Durée de lecture 3 minutes de lecture
Suivez nous sur Google News
Suivez nous Google News
Temps de lecture 3 minutes de lecture

Sans grande surprise, la composition du nouveau gouvernement français qui a été annoncée ce dimanche 5 octobre, n’a pas apporté de changements notables.

La plupart des titulaires des ministères régaliens ont gardé leur portefeuille, à commencer par le tenant de la ligne anti-algérienne, Bruno Retailleau, reconduit au poste de ministre de l’Intérieur et promu ministre d’État. Il est considéré comme l’un des verrous qui bloquent le dégel dans les relations franco-algériennes.

A lire aussi : Visas diplomatiques : l’Algérie accuse la France de « mauvaise foi »

Jean-Noël Barrot (Affaires étrangères), Gérald Darmanin (Justice), Elisabeth Borne (Éducation) restent aussi en poste. Sébastien Lecornu, nommé Premier ministre, a évidemment cédé son poste aux Armées, désormais occupé par Bruno Lemaire.

À l’Économie, Roland Lescure remplace Éric Lombard. À noter aussi la reconduction de Manuel Valls à l’Outre-mer et de Rachida Dati à la Culture et l’entrée au gouvernement d’Éric Wœrth comme ministre de l’Aménagement du territoire.

A lire aussi : Imane Khelif dément sa retraite et accuse son ex-manager de trahison

Macron opte pour le changement dans la continuité

Un changement dans la continuité en somme. Le maintien et la promotion de Bruno Retailleau risque d’être perçu par les observateurs comme un mauvais signal pour la suite de la crise qui dure avec l’Algérie depuis plus d’une année. Ces derniers mois, beaucoup d’analystes se sont montrés sceptiques quant à un réchauffement de la relation bilatérale avec Bruno Retailleau aux commandes du ministère de l’Intérieur.

Bruno Retailleau a inauguré son mandat de ministre en septembre 2024 par une série d’attaques contre l’Algérie dans les médias.

A lire aussi : L’Algérie instaure un triple contrôle des importations

Lors de l’une de ses toutes premières sorties publiques, il avait proposé un dialogue au Maroc sur les reconduites aux frontières, et brandi le “bras de fer” à l’Algérie sur la même question. Les observateurs avaient noté qu’à ce moment-là, les deux pays du Maghreb avaient à peu près les mêmes statistiques en termes de taux d’exécution des OQTF.

Retailleau confirmera son obsession de l’Algérie au fil des mois, en marchant sur les plates-bandes de son collègue des Affaires étrangères et même d’Emmanuel Macron, la diplomatie étant en principe un domaine réservé du président de la République.

Ce qui lui a valu plusieurs rappels à l’ordre publics. “C’est au Quai d’Orsay, sous l’autorité du président de la République, que se forge la politique étrangères de la France”, a déclaré en janvier le chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot. “L’accord de 1968, c’est le président de la République”, a rappelé pour sa part le président Macron en mars, en réponse à l’insistance de son ministre de l’Intérieur pour la révocation de cet accord franco-algérien sur l’immigration.

Malgré les multiples recadrages, Bruno Retailleau a continué à réclamer un “rapport de force” avec l’Algérie qu’il a accusée, en janvier, de “chercher à humilier la France” après son refus d’accepter l’expulsion à la hussarde d’un influenceur algérien.

Retailleau reste, la crise France – Algérie aussi  

En avril, et alors que les deux pays avaient entamé un rapprochement par un déplacement de Barrot à Alger, ils sont brusquement retournés à la case départ après l’arrestation d’un agent consulaire algérien par des agents sous la tutelle du ministre de l’Intérieur.

Alger a nommément accusé Bruno Retailleau d’avoir saboté le processus de réchauffement. En février, le président Abdelmadjid Tebboune avait déjà signifié que l’Algérie ne veut pas de Retailleau comme interlocuteur. “Tout ce qui est Retailleau est douteux compte tenu de ses déclarations hostiles et incendiaires envers notre pays”, a déclaré le président algérien dans un entretien au journal français L’Opinion.

Retailleau est soupçonné, à Paris comme à Alger, d’utiliser l’Algérie et d’instrumentaliser des dossiers, comme ceux des OQTF ou de l’écrivain Boualem Sansal, comme tremplin dans la course à la présidence des Républicains qu’il a fini par obtenir en mai.

Trois mois plus tard, à la mi-août, le président Macron l’a conforté dans sa ligne anti-algérienne en instruisant le gouvernement d’agir avec “plus de fermeté et de détermination” vis-à-vis de l’Algérie.

Dès lors, les chances du départ du gouvernement de celui qui est considéré comme l’élément bloquant dans la relation avec l’Algérie se sont amenuisées. Retailleau a même renforcé sa position en apportant son soutien au camp présidentiel lors du vote de confiance pour le gouvernement de François Bayrou, le 8 septembre.

Sans surprise donc, Retailleau demeure l’un des hommes forts du gouvernement français. Le signal ne risque pas d’être bien accueilli à Alger. D’autant plus que le ministre de l’Intérieur et président des Républicains est resté droit dans ses bottes dans son discours anti-algérien. Cette semaine, il a été le premier à s’indigner de la délivrance d’un millier de visas supplémentaires aux étudiants algériens…

Lien permanent : https://tsadz.co/1c1eo

TSA +