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France : un groupe Facebook met en lumière le racisme systémique dans la police

France : un groupe Facebook met en lumière le racisme systémique dans la police

Un groupe privé sur le réseau social Facebook réunissant près de 8000 policiers français a provoqué la polémique en France pour les publications et commentaires à caractère raciste, sexiste et homophobe ainsi que des appels au meurtre contenus en son sein, poussant le ministre de l’Intérieur français à saisir la justice.

Baptisé « TN Rabiot Police Officiel », le groupe Facebook privé créé en 2015 est composé de 7 760 membres des forces de l’ordre ou se présentant comme tel, l’accès au groupe n’était possible qu’en indiquant sa promotion à l’école de police ou de gendarmerie, son matricule ainsi que rédiger quelques phrases en jargon policier.

Attaques contre Camélia Jordana

Le média StreetPress, qui a mis en lumière l’existence de ce groupe, a relevé plusieurs centaines de cas de commentaires comprenant des insultes et moqueries à caractère raciste et sexiste. La même source cite notamment l’exemple des attaques subies par la chanteuse française d’origine algérienne Camélia Jordana qui avait déclaré lors d’une émission se sentir en danger face à des policiers. Ses propos lui ont valu une vague d’insultes graves.

D’autres exemples de messages racistes et haineux ont également été signalés récemment en réaction aux manifestations antiracistes organisées en France dans le sillage de la mort de George Floyd, l’Américain noir tué asphyxié par un policier aux États-Unis.

En réaction à la révélation des messages contenus dans ce groupe, le ministre de l’Intérieur français Christophe Castaner a annoncé avoir saisi la justice, tandis que le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour « injure publique à caractère raciste » et « provocation publique à la haine raciale ».

La justice saisie

« S’ils sont avérés, ces propos inacceptables sont de nature à porter gravement atteinte à l’honneur de la police et de la gendarmerie nationales, dont les hommes et les femmes sont engagés au quotidien pour protéger les Français, y compris contre le racisme et les discriminations », précise l’entourage du ministre de l’Intérieur français, cité par Le Parisien.

« Le policier n’est pas au-dessus des lois. Chacun assume ses propos, et si ça se situe en dehors de la loi, ils seront sanctionnés. On ne peut pas défendre l’indéfendable », a affirmé Frédéric Lagache, délégué général d’Alliance, principal syndicat policier en France. « Ce qui est valable pour nous est valable pour les autres : ceux qui nous stigmatisent doivent être punis aussi. Et ceux qui sont en face de nous doivent être irréprochables aussi », a souligné M. Lagache, cité par Le Monde.

« 8 000 policiers et gendarmes sur un groupe Facebook, ça ne fait toujours pas de la police et de la gendarmerie des institutions racistes de manière systématique parce que c’est moins de 3% de l’effectif », a affirmé quant à lui David Le Bars, secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale, dans un entretien accordé à Franceinfo. Ce dernier évoque notamment « complot médiatique et politique » visant à « affaiblir une institution » de la France.

Indignation

« C’est très, très loin d’être un phénomène isolé », a pour sa part affirmé Noam Anouar, délégué du syndicat policier Vigi, cité par la même source, tandis que Fabien Jobard, chercheur au CNRS spécialiste des questions de justice et de police, estime que « dans la police, on ne naît pas raciste, mais on le devient ».

« La police se trouve être le produit de sa propre histoire, qui est très marquée par la confrontation avec les Algériens. D’autre part, elle est en première ligne des difficultés sociales. Et ces difficultés sociales et économiques sont essentiellement portées par les familles issues de l’immigration », a expliqué M. Jobard.

En parallèle, les révélations du contenu de ce groupe Facebook ont sans surprise provoqué l’indignation sur les réseaux sociaux. « Le racisme dans la police est une gangrène. Les preuves sont accablantes, en actes, en paroles. Que le pouvoir sorte du déni. Qu’on radie et juge ces 8000 racistes. La police doit respecter les lois sinon c’est une milice fasciste. Pas de ça en République ! », a dénoncé Bastien Lachaud, député de la France Insoumise (parti de gauche), sur le réseau social Twitter.

« Les propos haineux exprimés sur ce groupe Facebook réservé aux forces de l’ordre sont abjects », a estimé quant à elle Manon Aubry, députée au sein du même parti.

« Nos forces de l’ordre ont des talents multiples ! Tandis que certains préfèrent les propos racistes en direct, d’autres envoient sur un groupe privé Facebook de 8000 membres messages, montages, commentaires racistes et sexistes. Pas de racisme dans la police ? De qui se moque-t-on ? », a fustigé pour sa part Esther Benbassa, sénatrice EELV (parti de gauche).

« Des milliers de policiers qui s’échangent des messages racistes. Qu’on ne nous dise plus jamais que le racisme n’est pas systémique dans la police », a estimé un internaute sur la même plateforme. « Ce groupe Facebook est absolument écœurant… Racisme, sexisme, homophobie, antisémitisme. Cette poignée de connards n’a absolument rien à faire dans la police, fait honte à toute la profession. Qu’on les retrouve un par un et qu’on les vire ! », a affirmé une autre internaute.

 

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