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Front Polisario : des succès qui visent à rétablir un rapport de force avec le Maroc

Front Polisario : des succès qui visent à rétablir un rapport de force avec le Maroc

En l’espace de quelques jours, le Front Polisario a enregistré deux victoires judiciaires qui mettent le Maroc en difficulté sur un sujet sensible : les exportations.

Samedi 24 février, la justice sud-africaine a reconnu que la République arabe sahraouie démocratique (RASD) était le propriétaire légal des 55 000 tonnes de phosphates transportés par le navire grec NM Cherry Blossom. Ce phosphate avait été extrait illégalement de la mine de Phosboucrâa par le groupe marocain OCP qui l’avait vendue à une coopérative néo-zélandaise.

Le tribunal sud-africain a estimé que « la propriété du phosphate n’a jamais légalement été attribuée » aux Marocains et « qu’ils n’étaient pas et ne sont pas autorisés à vendre le phosphate » à la société néo-zélandaise, rappelle Le Desk.

Une première bataille remportée par le Polisario…

Depuis mai dernier et l’avènement de cette affaire, le groupe marocain a donc décidé d’emprunter une nouvelle route d’acheminement, délaissant le cap de Bonne Espérance et l’isthme du Panama (où le Polisario leur avait également posé problème) pour passer par le détroit de Magellan et le canal de Suez.

Toujours selon le média marocain, la coopérative agricole néo-zélandaise a affrété au mitan du mois de mai un autre navire grec, baptisé Common Spirit, afin d’acheminer une nouvelle commande de phosphates en remplacement du Cherry Blossom. Ce bateau est passé par le détroit de Magellan, au sud du Chili.

Un autre cargo en provenance du Sahara occidental et destiné à un acheteur canadien avait été interceptée par la justice panaméenne fin mai 2017 sur une nouvelle requête du Front Polisario pour « enrichissement indu du propriétaire du navire », relate le Desk. Mais en juin dernier, le tribunal maritime du Panama s’était toutefois déclaré incompétent pour juger l’affaire, et le navire avait pu reprendre son chemin après que l’acheteur canadien ait versé une somme libératoire, qui par la suite lui a été remboursée par les autorités panaméennes.

Toujours est-il que l’observatoire des ressources du Sahara occidental (WSRW) a vu dans cette décision de justice « une victoire majeure pour les Sahraouis », soulignant dans un communiqué que « plusieurs tribunaux internationaux et nationaux, ainsi que l’ONU, ont clairement indiqué que le peuple du Sahara occidental doit donner son consentement à toute exploitation de ses ressources. »

Mhamed Khedad, le coordinateur du Front Polisario dans le cadre de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), a pour sa part souhaité faire passer un message : « Nous espérons que toutes ces entreprises qui participent au pillage des ressources du Sahara occidental comprennent les risques légaux. Le Polisario utilisera tous les outils juridiques pour mettre fin au pillage des ressources du peuple sahraoui. »

…suivie d’une deuxième : l’accord de pêche UE-Maroc

Outre le phosphate, le Front Polisario s’est vu remporter ce mardi 27 février une nouvelle manche face au Maroc. La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a en effet estimé que l’accord de pêche conclu entre l’UE et le Maroc ne peut s’appliquer aux eaux adjacentes de la région disputée du Sahara occidental, car il ne respecte pas le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

Selon la justice européenne, l’inclusion du Sahara occidental dans le champ d’application de l’accord de pêche « enfreindrait plusieurs règles du droit international, notamment le principe d’autodétermination ». Le Royaume ne peut exercer sa souveraineté que « sur les eaux adjacentes de son territoire et relevant de sa mer territoriale ou de sa zone économique exclusive », détaille la Cour.

Coup de pression

Fort de ces deux succès presque coup sur coup, le Front Polisario a donc décidé de surfer sur cette vague pour mettre la pression aux entreprises européennes présentes dans la région. « Les entreprises européennes présentes sur place, pour la pêche comme pour tous les autres secteurs, doivent faire le choix immédiat entre arrêter leur activité ou passer un accord direct avec le Front Polisario », indique-t-il.

Et d’ajouter : « Personne ne peut avoir de doutes : tous les avertissements ont été donnés, et le Front Polisario va engager les recours en responsabilité contre tous ceux qui sont complices de la colonisation en maintenant une activité sur le territoire par des autorisations marocaines. »

Dans un entretien accordé ce 27 février à TSA, Me Gilles Devers, l’avocat du Front Polisario, s’est montré clair : « Pas d’activité au Sahara occidental sans l’accord préalable du Front Polisario ».

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