search-form-close
Gestion des lits d’hospitalisation en Algérie : le grand dilemme

Gestion des lits d’hospitalisation en Algérie : le grand dilemme

C’est le dilemme des autorités sanitaires et des professionnels de santé en Algérie. Comment augmenter la capacité d’accueil des patients Covid-19 sans porter atteinte aux droits des autres malades ? Avec la hausse des contaminations et la nouvelle vague qui touche l’Algérie, le problème se pose.

Les gestionnaires des établissements de santé se trouvent pris entre deux feux : assurer la prise en charge des malades Covid et en même temps permettre aux malades chroniques de suivre leurs traitements après des mois de reports et d’ajournements avec toutes les conséquences sur l’évolution des leurs maladies.

Des directeurs de CHU à Alger ont été sommés de dégager des lits pour accueillir des malades Covid-19, et ce au détriment des autres malades.

Une situation qui interpelle depuis le début le président de la Forem, le Pr Mustapha Khiati qui a maintes fois appelé à exploiter d’autres espaces en dehors des CHU pour accueillir les patients Covid, dont le nombre ne cesse d’augmenter.

« Cette question, nous l’avons abordée il y a plusieurs semaines avec l’augmentation des cas. Face à une situation exceptionnelle, il fallait des solutions tout aussi exceptionnelles. Notamment la possibilité d’exploiter la Safex qui peut recevoir jusqu’à 4 200 lits, les séparations sont toutes trouvées, on y dispose d’un restaurant et de sanitaires, etc. Sinon, il y avait l’option de réquisitionner les cités universitaires et nous avons autour d’Alger 6 000 ou 7 000 lits disponibles étant donné que les étudiants n’avaient encore pas fait leur rentrée », développe-t-il.

Pour lui, le droit à l’égal accès aux soins doit être respecté conformément à la constitution algérienne. « Il faut respecter l’égalité d’accès aux soins comme le précise la Constitution. Par conséquent, un malade Covid doit recevoir une prise en charge comme un autre malade atteint d’une maladie chronique. Or, nous sommes dans une situation pénalisante qui frappe les malades chroniques, surtout dans les CHU », déplore le Pr Khiati.

Pour appuyer ses propos, il cite la transformation de « beaucoup de services en unités services Covid », et ce au « détriment des malades chroniques. »

« Résultat : les malades (chroniques) ne trouvent pas à qui s’adresser : ni au niveau des hôpitaux où ils ont peur d’attraper le Covid ni auprès des médecins privés qui travaillent pratiquement à mi-temps », déplore-t-il.

« Il fallait faire preuve d’intelligence dès le départ, surtout avec l’expérience qu’on a eue en mars et ensuite en juin, pour prévoir les taux importants de malades et les chiffres sont là pour le démontrer », relève le président de la Forem qui estime qu’il fallait prendre d’autres mesures pour élargir les zones d’accueil des patients grâce à la création de services Covid en dehors des CHU. Et de citer en exemples les CHU d’Alger, d’Oran et de Constantine qui attirent le plus grand nombre de malades de tout le pays.

| Lire aussi : Vaccination contre la Covid-19 : le Pr Benbouzid met les points sur les i

Le président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), le Dr Lyes Merabet, est lui aussi préoccupé par le fait que les patients non Covid soient en quelque sorte les sacrifiés de la guerre contre l’épidémie de coronavirus.

« Il n’y a pas de lits spécialement Covid, il y a des services hospitaliers dédiés à des besoins qui étaient là (avant le Covid) et ces structures sont là pour répondre aux besoins exprimés par une catégorie de la population (malades chroniques notamment, ndlr) », prend-il le soin de préciser.

Dr Merabet expose les suggestions de son syndicat : « Lorsque la situation épidémique a commencé à s’installer chez nous, on a dit qu’il fallait s’organiser autrement. En réquisitionnant tout un hôpital, au moment où la situation ne s’était pas encore généralisée. Cela on pouvait le faire : réquisitionner un hôpital (spécial) Covid et solliciter même le secteur privé pour certaines spécialités comme l’ophtalmologie, l’ORL, la chirurgie, l’obstétrique, etc. ».

| Lire aussi : Le DG du CHU Parnet limogé : une victime de la « bataille des lits » Covid à Alger ?

Une démarche qui aurait, selon lui, permis de gérer au mieux les capacités pour le Covid et pour le reste des pathologies. « Malheureusement, on a choisi d’ouvrir des services Covid dans tous les hôpitaux. On s’est alors rendu compte qu’au fur et à mesure qu’on avançait, ces services ne répondaient plus aux besoins engendrés par l’épidémie, et il fallait squatter encore d’autres espaces au niveau d’un même hôpital, aux dépens d’autres activités essentielles », a-t-il déploré.

| Lire aussi : Traçabilité et suivi des cas Covid-19 en Algérie : la grande inconnue

  • Les derniers articles

close