Dans un discours surréaliste prononcé mercredi 24 octobre, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a, de manière tout à fait inattendue, donné un cachet religieux à la guerre que son armée mène aux Palestiniens depuis trois semaines.
« Ensemble nous nous battrons, ensemble nous vaincrons, nous réaliserons la prophétie d’Isaïe », a déclaré Benyamin Netanyahou dans une allocution à la rhétorique fortement belliqueuse.
Et le droit ? !!!! https://t.co/AOslPsbc1t
— Dominique Bertinotti (@DBertinotti) October 26, 2023
Netanyahou a parlé d’ « axe du mal », représenté par l’Iran, le Hezbollah et le Hamas, et l’axe du bien que sont, selon lui, Israël et ses soutiens. Pour le Premier ministre israélien, la guerre en cours est celle de la « lumière » qui finira par triompher des « ténèbres ».
Le « peuple de la lumière » vs « le peuple des ténèbres »
« Et ils osent dire que les fous de Dieu sont de l’autre côté. »#Gaza #Macron #Netanyahu https://t.co/k8As3NlsPc— François Burgat (@frburgat) October 26, 2023
Revenu au pouvoir au début de l’année, Benyamin Netanyahou a formé un gouvernement d’extrémistes qualifié par les observateurs de « plus à droite de l’histoire d’Israël ». Le cabinet compte notamment certaines figures de l’extrême-droite religieuse réfractaire à toute concession et à tout processus de paix avec les Palestiniens.
Les plus décriés sont Bezalel Smotrich, ministre des Finances, et Itamar Ben-Gvir, ministre de la Sécurité intérieure. Issu du Likoud (droite), Netanyahou a pu revenir au pouvoir grâce à son alliance avec les petits partis religieux, comme Shas et Judaïsme unifié de la Torah
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C’est sous leur pression qu’il intensifie la colonisation en Cisjordanie et la dépossession des Palestiniens, rendant chaque jour un peu plus impossible la solution à deux Etats.
Issus du courant appelé en Israël le « sionisme religieux », ces partis réclament ouvertement l’annexion pure et simple de l’intégralité de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est. Leur objectif déclaré est d’instaurer un État théocratique régi par la seule loi juive sur tous les territoires de la Palestine historique.
Cela, le monde entier le sait et personne n’a osé reprocher à Netanyahou de s’être allié avec des partis prônant une telle idéologie ouvertement théocratique et raciste.
Lorsque le Hamas a lancé le 7 octobre son opération « Déluge d’Al Aqsa », tout l’Occident a affiché une solidarité unanime et sans faille avec Israël. Même lorsque celui-ci s’est mis à se venger sur la population civile désarmée de Gaza, l’Occident est resté droit dans ses bottes. Au 20e jour des bombardements israéliens, plus de 7000 Gazaouis sont morts sous les décombres de leurs maisons.
« Ce n’est pas une guerre, c’est un génocide qui a causé la mort de 2.000 enfants », a dénoncé le président brésilien Lula da Silva.
L’Occident silencieux face au projet ouvertement théocratique de Netanyahou
Mais les soutiens occidentaux d’Israël ne bronchent pas. Dans leur rhétorique, répercutée largement dans leur médias, l’armée israélienne mène une guerre contre le terrorisme islamiste, comme celle menée par une coalition internationale à Daech ou encore celle que livrent les Etats-Unis à Al Qaïda depuis les attaques du 11 septembre 2001.
En déplacement en Israël, le président français Emmanuel Macron a même suggéré de reconstituer l’alliance mondiale contre Daech pour faire la guerre au Hamas palestinien et ce au nom de la lutte contre les islamistes radicaux.
Tout cela parce que le mouvement qui contrôle la bande de Gaza depuis 2006 est d’obédience islamiste. Le Hamas a été créé sur les vestiges d’une ancienne branche locale de la confrérie des Frères musulmans et ses dirigeants ne s’en sont jamais cachés.
Les dirigeants occidentaux, comme il en ressort de leurs déclarations et prises de position, n’ont d’ailleurs que ce prétexte de la menace djihadiste, donc théocratique, pour justifier leur parti pris flagrant en faveur d’Israël. Benyamin Netanyahou vient de les prendre tous à contre-pied.
Israël aussi défend un projet théocratique et mène une « guerre sainte » et c’est son Premier ministre qui le lance à la face du monde dans des termes qui ne laissent pas place au doute ou à l’interprétation.
Cet extrémisme religieux devrait susciter la même méfiance et la même dénonciation de ceux qui sont supposés soucieux des valeurs universelles de démocratie et de laïcité. Depuis le 7 octobre, il a été répété sur tous les plateaux et les colonnes de journaux de l’Occident qu’il faut soutenir « l’unique démocratie de la région », entourée de « régimes autocratiques ».
Si Netanyahou a osé dire tout haut la nature du projet pour lequel il se bat, c’est qu’il sait que ceux qui s’indignent ou pas devant la mort de civils en fonction de leur nationalité, feront preuve de la même sélectivité face à ses projets « théocratiques ».
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