
Avec la disparition de Hadj Laid Ibrahim, PDG du groupe Ifri, l’Algérie perd un des pionniers de l’industrie agroalimentaire et un de ses industriels les plus performants.
L’homme, décédé ce vendredi à l’âge de 89 ans, n’était pas particulièrement porté sur les projecteurs. Aux feux de la rampe, il préférait la discrétion, le travail et l’engagement.
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C’est peut-être ses débuts dans sa jeunesse dans le travail de la terre, la propriété familiale, à vocation vivrière, dans ce petit village d’Ighzer Amokrane, au sud-ouest de Bejaia, qui ont forgé son caractère.
Hadj Ibrahimi, un visionnaire et entrepreneur hors pair
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En un peu plus d’une trentaine d’années, Hadj Laid Ibrahim et ses enfants ont réussi à bâtir un des groupes industriels les plus performants de l’économie algérienne et dont la réputation a dépassé les frontières du pays.
« Visionnaire et entrepreneur engagé, il a su, par son engagement et son esprit pionnier, bâtir un groupe industriel majeur de l’économie algérienne, tout en inspirant des générations de leaders et d’entrepreneurs », a réagi le groupe Ifri dans un communiqué publié vendredi.
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Au commencement, en 1986 précisément, une idée ingénieuse. Hadj Ibrahim décide d’exploiter les puits d’eau du jardin familial pour lancer une fabrication artisanale de boissons aromatisées.
Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maitre puisque le succès est immédiat grâce notamment à la pureté de l’eau qui puise sa source du mont d’Ifri qui surplombe le village.
Le succès aidant, persévérant, il réussit à obtenir en 1995 un titre de concession qui l’autorise à mettre en bouteille cette eau minérale. La marque porte le nom d’Ifri qui est ancrée dans le marbre de l’histoire moderne de l’Algérie. C’est dans cette région d’Ifri-Ouzellaguen que le congrès de la Soummam qui a jeté les bases de la révolution algérienne et défini l’avenir de l’Algérie indépendante s’est tenu le 20 août 1956.
Ifri, un fleuron de l’industrie algérienne
Et une année seulement lui suffit pour mettre sur le marché cette eau minérale qui deviendra en peu de temps l’une des plus consommées dans le pays.
Cette ascension fulgurante expose le groupe naissant à une tentative de discrédit de la part de certains concurrents déloyaux qui ont investi dans le même créneau en véhiculant des rumeurs sur une prétendue mauvaise qualité de l’eau.
Peine perdue puisque le groupe continue à se développer et à diversifier ses produits. En 2010, le groupe Ifri lance la marque Ifruit en opérant un changement dans le mode de fabrication en bannissant tout additif artificiel (conservateurs, arômes ou colorants), et en introduisant en Algérie le procédé de conditionnement aseptique.
De quoi rassurer les consommateurs, de plus en plus exigeants, sur la qualité et la traçabilité des produits.
Trois ans plus tard, c’est la filiale Numidia, dédiée à l’exploitation des cultures oléicoles, qui voit le jour.
Malgré les exigences de l’économie moderne, le groupe familial ne sacrifie pas pour autant son attachement au respect des traditions ancestrales de la région.
« Si les chaînes de pressage et d’embouteillage ont été technologiquement conçues pour répondre à des critères de qualité drastiques, la cueillette est quant à elle toujours réalisée à la main. Un soin extrême est apporté à l’intégrité du fruit : l’olive doit être traitée avec délicatesse et ne doit pas entrer en contact avec le sol, sous peine d’en absorber l’acidité. Ce savoir-faire rigoureux est garant du parfum doux et fruité de cette huile haut de gamme », explique le groupe sur son site.
Entre eau minérale, sodas, cocktails et huile d’olive, ce sont plusieurs dizaines de produits que le groupe Ifri commercialise aujourd’hui en Algérie et partout dans le monde.
Dimension sociale
Et Parallèlement à sa contribution à l’économie nationale, le groupe Ifri s’est singularisé aussi par sa dimension sociale et son soutien aux mouvements sportifs et culturels.
Outre la construction d’une magnifique mosquée à Ouzellaguene, il a sponsorisé de nombreux clubs de football dont les équipes de la région, à l’image de l’Olympique Akbou, mais aussi des équipes de l’élite.
Tout comme il a sponsorisé de nombreux évènements culturels à travers le pays. Durant la période de l’épidémie du Covid, il a fait même don de 1200 concentrateurs d’oxygène à plusieurs centres de soin algériens.
D’une petite entreprise familiale à ses débuts, probablement sans ambitions démesurées, Hadj Ibrahim a réussi à faire d’Ifri un groupe majeur dans l’industrie agro-alimentaire en Algérie.
Une prouesse dont le destin a été écrit un jour dans un coin du jardin familial. « Nous nous engageons à honorer sa mémoire en poursuivant son œuvre avec la même détermination et le même respect des valeurs et principes qu’il chérissait tant (…)», promettent ses enfants.
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