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Harcèlement des femmes : une vidéo glaçante filmée dans un VTC à Alger relance le débat

Harcèlement des femmes : une vidéo glaçante filmée dans un VTC à Alger relance le débat

DR

À peine quelques jours après l’explosion du MeToo algérien, une nouvelle affaire secoue le web et vient confirmer l’ampleur du phénomène du harcèlement dont sont victimes les femmes.

C’est une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux qui remet le sujet au cœur du débat. Filmée dans un véhicule VTC (InDrive) par une jeune femme, elle révèle une cliente paniquée et un chauffeur qui tient des propos inquiétants au téléphone.

La vidéo a rapidement provoqué une vague d’indignation et un sentiment général de mobilisation contre le harcèlement des femmes dans des lieux censés être sûrs.

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Un trajet en VTC vire à l’angoisse

La vidéo qui fait tant parler depuis 36 heures a été filmée à l’intérieur d’une voiture par la victime elle-même. La jeune femme, cliente d’un VTC (véhicule de transport avec chauffeur) commandé via une application, filme discrètement son chauffeur : il conduit négligemment en claquettes, une main sur le volant, l’autre tenant le téléphone, il annonce à son interlocuteur qu’il va « emmener la cliente à Ouled Fayet, puis à Bouchaoui, avant de la ramener chez elle ».

La jeune femme comprend vite l’allusion à la forêt de Bouchaoui, grand espace vert où il est possible d’agresser quelqu’un à l’abri des regards. Prise de panique, elle demande au conducteur de s’arrêter immédiatement. Elle menace même, quand il refuse, de sauter de la voiture en marche.

La vidéo, sans montage, reprend quelques instants plus tard, alors qu’elle est parvenue à sortir du véhicule. Mais le chauffeur revient à la charge, il s’approche encore d’elle à pied, alors qu’elle, visiblement choquée et en larmes, lui hurle de s’éloigner.

La séquence filmée de cette peur réelle a été relayée sur les plateformes de réseaux sociaux, où elle a suscité des milliers de réactions. Elle illustre à quel point le sentiment d’insécurité ne se limite pas au harcèlement dans la rue, mais aussi dans les transports privés, pourtant perçus comme sûrs.

Quand les applis de VTC deviennent un terrain de chasse

Si les vidéos de dénonciation se multiplient depuis quelques jours dans le sillage du hashtag actif « #لا_للتحرش_في_الجزائر », ce dernier témoignage d’un plan d’agression à peine voilé choque la Toile.

Des influenceurs algériens à large audience ont condamné fermement le comportement de certains chauffeurs de VTC et ont appelé les utilisatrices à redoubler de prudence, à ne surtout pas hésiter à filmer le harcèlement, et à se réfugier auprès des passants.

« C’est tellement grave ! Cela n’a rien à voir avec le féminisme, ni avec la façon dont les femmes s’habillent. Comment peut-on dire à une jeune fille « je t’emmène à la forêt » ? Cette vidéo ne devrait même pas être sur TikTok mais directement entre les mains des autorités. Ne sous-estimez pas la gravité de ces faits », fulmine un influenceur dans une vidéo TikTok visionnée près d’un million de fois.

Un autre choisit ses mots plus durement : « Je ne voudrais pas généraliser, mais les gens qui travaillent pour (certaines plateformes, NDLR) font partie des pires que vous pourriez rencontrer dans votre vie… Ce qui est arrivé à cette fille peut arriver à votre sœur aussi. Si vous fermez les yeux sur ça, c’est vous qui allez en pâtir. Quant à toi qui veut emmener les jeunes filles à la forêt, rappelle-toi qu’il y a des hommes qui peuvent aussi t’y emmener pour autre chose ».

Sous les vidéos, les internautes ne sont pas en reste. Nombreux sont ceux qui alertent sur la dangerosité d’utiliser certaines applications de VTC, arguant que « quiconque peut s’y inscrire en ligne» et qu’elles « ne demandent même pas le casier judiciaire des chauffeurs ».

« C’est ce que les femmes algériennes vivent tous les jours »

Certains intervenants soulignent le fait que la jeune femme harcelée était sur le siège passager, alors qu’elle aurait dû être sur la banquette arrière. Comme si cela justifiait le comportement inapproprié du chauffeur, même s’il a tenté de faire passer cela pour une mauvaise blague.

On leur répond cependant que bien souvent, les chauffeurs de VTC demandent aux clients de s’asseoir devant, « en cas de barrage de police ou de gendarmerie ».

Il est vrai que les chauffeurs utilisant des applications comme Yassir, Heetch et Indrive s’exposent à une amende, voire une mise à la fourrière de leur voiture. À ce jour, leur activité n’est pas encore reconnue officiellement par le Ministère des Transports, ni par celui du Commerce, et ce, bien que leur contrat avec les applications soient correct.

Pour éviter les sanctions, ils demandent donc aux utilisatrices de s’installer devant, là où elles ne seront pas reconnues comme des clients.

« Cela ne justifie rien », rejettent des internautes, « ça ne lui donne pas le droit de la harceler de la sorte. Et puis, même si elle avait été sur la banquette arrière, il en aurait fait de même. Des centaines de femmes avant elle ont vécu ça ».

« Il faut porter plainte », « Il faut que la police agisse », « C’est ce que les femmes algériennes vivent tous les jours. Les filles, s’il vous plaît, n’arrêtez jamais ce trend ! », écrivent d’autres commentateurs.

La question aujourd’hui n’est plus de savoir si une jeune femme va se faire agrsser, mais quand et où ça se fera, et qui sera la prochaine. Au pied du mur, la société algérienne a le choix : dénoncer ou se taire, et se taire revient à être complice.

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