À quelques heures de la réunion semestrielle de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à Vienne, de nombreuses incertitudes planent sur la durée d’une prolongation de l’accord de réduction de la production de pétrole. Alors que le cartel souhaite une extension de neuf mois, la Russie cultive le flou.
Trois mois, six mois ou neuf mois ? Si le cartel devrait a priori annoncer une reconduction de l’accord en vigueur au-delà de mars 2018, rien n’est encore acté sur la durée. Mercredi après-midi, le ministre du Pétrole du Koweït, Essam al Marzouk, a indiqué que le comité ministériel réunissant l’Opep et d’autres producteurs avait recommandé une extension de neuf mois, soit jusqu’à fin 2018.
Néanmoins la Russie -pays non-membre de l’Opep mais participant à l’accord- complique les négociations et se montre réticente à l’idée de prolonger aussi longtemps l’accord de réduction décidé il y a tout juste un an.
« Le marché n’est pas encore totalement équilibré, il faut d’autres actions en commun après le 1er avril. Tout le monde a recommandé de prolonger l’accord », s’est contenté d’indiquer à la presse le ministre russe de l’Énergie, Alexander Novak, à l’issue d’une réunion du comité dans la capitale autrichienne mercredi après-midi. Il n’a en revanche mentionné aucune durée. Pourtant, début octobre, le président russe Vladimir Poutine s’était dit favorable à une prolongation jusqu’à fin 2018.
| LIRE AUSSI : Pétrole : Poutine juge possible de prolonger l’accord de réduction de l’offre au-delà de 2018
Pour les Russes aujourd’hui, la priorité consiste à élaborer une stratégie permettant de sortir de cet accord. Car, si les pays producteurs de pétrole se sont accordés l’année dernière pour rééquilibrer le marché mondial et endiguer la chute des cours, la baisse des quotas de production pénalise les entreprises de pétrole russes et nuit à la compétitivité de l’économie du pays. « De nombreuses entreprises russes ne veulent pas se voir imposer une nouvelle année de réduction de la production, tandis que les autorités s’inquiètent du fait qu’une hausse des prix du pétrole pourrait renforcer le rouble et porter un coup aux exportations du pays », écrit l’agence spécialisée Platts dans une note publiée le mercredi 29 novembre.
Cette incertitude -quant à l’issue de la réunion Opep- pèse sur les prix de l’or noir. À la veille de la réunion du cartel, le baril de Brent (référence pour le pétrole algérien) recule et s’échange à moins de 63 dollars en fin de journée. Faute de consensus demain à Vienne -ou de l’annonce d’une extension inférieure à celle attendue- les prix pourraient chuter davantage. D’autant plus que le cartel ne devrait pas annoncer de révision à la baisse des quotas de production.
Enfin, il faut également noter qu’une reconduction de l’accord jusqu’à fin 2018 pourrait s’avérer contre-productive si elle ne tient pas compte de l’évolution du marché. Dans un contexte où la demande de pétrole augmente, une contraction du marché engendrerait une flambée des prix et encouragerait les producteurs de pétrole de schiste américain à forer davantage…