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Initiative de Makri pour une transition : un accueil froid de l’opposition et du pouvoir

Initiative de Makri pour une transition : un accueil froid de l’opposition et du pouvoir

Lancée il y plus de 15 jours, l’initiative de Makri a reçu un accueil froid de la part de la classe politique. Tout a commencé le 14 juillet dernier quand le président du MSP a animé une conférence de presse au cours de laquelle il lance un appel au chef d’état-major et vice-ministre de la Défense nationale, Gaid Salah, l’invitant à accompagner une transition démocratique dans le cadre du consensus national.

« Que Gaïd Salah et l’ensemble des cadres de l’armée participent à la réalisation de la transition démocratique dans le cadre d’un consensus national inclusif. C’est la meilleure voie de sortir le pays de la crise politique et économique qui l’affecte », a-t-il soutenu alors, non sans afficher sa disponibilité à adhérer à toute initiative, d’où qu’elle vienne, visant à remettre le pays sur rail.

À peine deux jours après cet appel, Abderrazak Makri reçoit Ali Benflis puis Amara Benyounes. Sur son compte Facebook, il évoque une « grande convergence de vues sur le diagnostic de la crise et les solutions à même d’y remédier » entre lui et ses deux convives avec lesquels il dit avoir échangé sur les idées de l’initiative d’un « consensus national en vue d’une transition politique et économique ».

La réaction d’Amara Benyounes ne s’est pas fait attendre en précisant, dans des déclarations faites à TSA le 18 juillet : « Makri parle de crise politique. La position du MPA est extrêmement claire. Le MPA est opposé à toute idée de transition et rejette toute idée de crise. Pour nous, le préalable non négociable et non discutable, c’est le respect des institutions et des échéances électorales du pays ». Une déclaration qui a valeur de démenti et, donc, pas de convergence de vues ni de consensus entre les deux partis, du moins sur la transition.

La rencontre, lundi 23 juillet, entre le MSP et le FFS n’a pas connu un meilleur résultat. À une délégation du parti islamiste venue lui présenter son initiative, le FFS a tenu à signifier à ses hôtes que son projet de reconstruction d’un consensus national est la « seule alternative afin d’éviter au pays une crise majeure pouvant porter atteinte à son unité et à sa sécurité ».

Et au FFS d’enfoncer le clou : « Le processus qui a été entamé en 2014 et qui s’est confronté à l’absence de volonté politique du pouvoir se poursuivra en donnant la priorité à la mobilisation citoyenne pour réaliser un consensus populaire jusqu’à la concrétisation des objectifs fixés sur le plan politique, économique, social, culturel et environnemental ». Autrement dit, le FFS a d’autres chats à fouetter que d’adhérer à un autre projet que le sien. Le parti fondé par Hocine Ait Ahmed tient toujours à son projet de consensus national et préfère s’investir dans « la mobilisation citoyenne » pour réaliser ses propres objectifs politiques.

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Point découragé, les dirigeants du MSP, à leur tête Abderrezak Makri, se rendent, le lendemain mardi 24 juillet, au siège du FLN où ils rencontrent Djamel Ould Abbes. Le patron du FLN, comme il fallait s’y attendre, oppose à ses hôtes ses réserves définitives et sur la transition et sur l’implication de l’Armée dans un quelconque projet politique.

Mais la réponse la plus virulente est venue jeudi du principal concerné par l’appel de Makri : le général Gaid Salah. Le chef d’état-major de l’ANP et vice-ministre de la Défense nationale a rejeté toute idée d’implication directe de l’Armée dans une quelconque initiative politique. « Sur ce registre, j’ai déjà eu à m’exprimer et à préciser, avec grande insistance et à plusieurs occasions, que l’Armée nationale et populaire est une armée qui agit dans le cadre de ses prérogatives constitutionnelles et qui ne peut en aucun cas être entraînée dans des luttes partisanes et politiques et s’impliquer dans des conflits stériles », a-t-il dit.

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Hier, le RCD a rejeté l’initiative. « L’implication directe de l’Armée dans la gestion de l’impasse actuelle ne peut constituer une réponse crédible à la crise politique que vit le pays. L’Algérie a besoin de jeter les bases d’institutions issues et contrôlées par la société dans un processus de démocratisation graduel et transparent adossé à une légitimité incontestable pour tourner la page de l’autoritarisme et du fait du prince », a précisé le parti dans un communiqué.

Reste la rencontre prévue ce dimanche avec le RND pour que le MSP soit définitivement fixé sur le sort que réserve le pouvoir à son initiative. Mais gageons que la réponse d’Ahmed Ouyahia ne différera pas beaucoup de celle d’Ould Abbes. Après la mise au point de Gaid Salah, on peut difficilement imaginer le RND annoncer un soutien à l’initiative de Makri.

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En plus des réserves émises par les partis politiques du pouvoir et de l’opposition, il y a le problème de la teneur de cette nouvelle initiative au contenu pauvre – elle n’a rien à envier à la fameuse page blanche du FFS – et aux contours des plus flous. Pas de propositions concrètes, sauf cette louable intention de réaliser le consensus pour aller vers la transition, ni le moindre échéancier pour la mettre en oeuvre.

Ce qui laisse penser que Abderrezak Makri aurait fait dans la précipitation, en cherchant peut-être à mettre à profit les derniers développements sur la scène politique (limogeage dans les corps de sécurité, doutes sur le 5e mandat…). Dans cette affaire, Makri a privilégié l’aspect tactique à travail de fond qui aurait nécessité une longue préparation et beaucoup de consultations loin des caméras.

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