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Inondations en Algérie : comment « anticiper le chaos » ?

Inondations en Algérie : comment « anticiper le chaos » ?

De fortes pluies s’abattent sur le Nord de l’Algérie depuis plusieurs jours. Après plus d’un mois de sécheresse, les précipitations ont repris à un moment où elles étaient moins attendues.

Si les pluies ont été accueillies avec soulagement par les agriculteurs et l’ensemble de la population qui commence à entrevoir un été difficile en matière d’approvisionnement en eau, elles ont néanmoins fait deux morts et causé des dégâts dans plusieurs régions du pays.

Routes coupées, lignes de tramways, trémies et rues inondées, rues éventrées, parkings des cités engloutis, glissements de terrain et véhicules emportés par les flots constituent le bilan de la journée de ce jeudi 25 mai.

La Protection civile a même annoncé avoir repêché le cadavre d’une fillette de 7 ans emportée par les eaux dans la wilaya de Guelma. Les mêmes services ont annoncé le sauvetage de migrants subsahariens sur le point de subir le même sort.

Parmi les zones les plus touchées, les régions côtières de la wilaya de Tipaza où un enfant de 9 ans a été mortellement écrasé par un mur qui s’est effondré.

Des images montrant des scènes de désolation à Fouka, avec de graves glissements de terrain et véhicules emportés par les eaux, ont été largement partagées sur les réseaux sociaux par les internautes locaux.

À chaque inondation du genre, les Algériens se rappellent que le pays n’est pas suffisamment outillé pour faire face à ce genre de catastrophe.

Les inondations les plus graves enregistrées en Algérie ont eu lieu en novembre 2001 dans le quartier de Bab El Oued (Alger). Plus de 1.000 personnes avaient trouvé la mort.

Des aménagements ont été effectués dans le quartier qui n’a plus jamais connu de problème d’inondations depuis, mais ce sont toutes les villes du pays qui ont besoin d’une protection contre les inondations. Depuis 2001, il n’y a pas eu d’inondation à Bab El Oued, mais il y en a eu ailleurs, certes pas dans la même ampleur.

Les inondations coûtent énormément à l’Algérie

À chaque catastrophe naturelle (inondation ou autres), l’État débourse des sommes colossales pour prendre en charge les retombées et réparer les dégâts.

Un colloque international sur le risque sismique vient tout juste de se tenir à Alger et le chiffre relatif aux dépenses de l’État induites par les catastrophes naturelles a été révélé par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane : 225 millions de dollars chaque année.

La dépense inclut toutes les catastrophes naturelles (inondations, séismes, incendies…), mais elle est engloutie à hauteur de 70% par la réparation des dégâts causés par les inondations. Le phénomène constitue donc un véritable problème pour le pays et appelle la mise en place d’une véritable stratégie de prévention.

Ce qui se passe à chaque épisode de pluie dépasse le problème du curage ou pas des avaloirs, une opération nécessaire, mais insuffisante pour protéger les populations contre les inondations, dans un pays qui subit de plein fouet les changements climatiques.

Une véritable stratégie visant à repenser les villes algériennes, à remettre de l’ordre dans l’urbanisme et construire des quartiers et des cités ou les réaménager en tenant des nouvelles menaces liées aux intempéries.

L’épisode pluvieux de cette fin de semaine ne sera pas le dernier, il faut s’y préparer à d’autres, avec leur lot de drames humains.

Pour les spécialistes, il y a le phénomène des constructions illicites et anarchiques, parfois dans les lits d’oueds dormants, mais aussi une faille dans l’élaboration des plans de planification urbaine qui ne prend pas toujours en compte ce risque.

Cette planification vise à « anticiper le chaos », rappelle l’architecte Nacym Baghli qui estime nécessaire de « repenser le logement » en Algérie.

Dans une publication sur les réseaux sociaux, Nacym Baghli invite l’Ordre national des architectes à faire aux autorités la proposition d’adopter une autre approche de construction de logements, qui ne reposerait plus sur la « quantité », mais sur la « qualité » et « une vision globale de la ville ».

Bien que disposés à contribuer, les architectes ne sont pas suffisamment sollicités, déplore-t-il, proposant l’idée de remplacer les appels d’offres pour plusieurs milliers de logements, par des appels portant sur quelques centaines d’unités, mais de qualité.

Il y a quelques semaines, des images de cités dortoirs dans la région de Meftah (Blida) ont été largement partagées sur les réseaux sociaux et ont suscité de nombreuses critiques.

Inondations, incendies : l’Algérie au cœur des enjeux climatiques

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