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Installé en France pour raisons médicales, Karim reçoit une OQTF

De nombreux étrangers vivent désormais en France avec une épée de Damoclès suspendue au-dessus de leurs têtes. Dans le cadre du durcissement de la politique migratoire du pays, beaucoup d’entre eux se retrouvent menacés d’expulsion.

Karim, installé en France depuis 2017 pour des raisons médicales, est l’un de ceux qui restent dans le pays malgré une OQTF. Il ne veut pas partir car rester en France est, pour lui, une question « de vie ou de mort », explique-t-il au journal La Voix du Nord.

« Je suis en France car ma vie en dépend »

Ce ressortissant marocain, ancien cadre financier au port de Casablanca, est un double greffé du foie. Il assure qu’il n’est pas en France pour des raisons économiques d’immigration, mais plutôt « par nécessité », car « sa vie en dépend ».

Tout commence pour Karim en 2002, lorsqu’il bénéficie d’une greffe du foie au niveau de l’hôpital de Lille. Après l’opération, il revient au Maroc, mais constate vite que le suivi médical n’est pas « satisfaisant ». Il enchaîne alors plusieurs allers-retours vers la France pour acheter des médicaments et effectuer des contrôles.

En 2017 cependant, le corps de ce ressortissant marocain rejette la greffe du foie effectuée en 2002. Il a été transporté en urgence vers Bruxelles avant d’être transféré à Lille. Karim a fait une hémorragie dans l’avion et il est tombé dans un coma.

A l’hôpital de Lille, on lui fait une deuxième greffe du foie, mais cette fois-ci, son médecin lui conseille de rester en France. « Mon médecin s’est inquiété et m’a demandé ce que je faisais au Maroc. Il m’a dit que c’était une question de vie », raconte-t-il.

En France pour des raisons médicales, il est ciblé par une OQTF

Karim s’installe alors à Lille, et plus exactement à Villeneuve d’Ascq, en 2017. Mais depuis 2023, il est ciblé par une OQTF. Il ne peut plus voyager au Maroc pour rendre visite à sa femme et ses trois filles, au risque de ne plus pouvoir revenir en France.

Karim a aussi quitté son travail en France suite à cette OQTF. Il était Trésorier de Transhépate (association des malades et transplantés hépatiques). Le ressortissant marocain a aussi perdu son droit de bénéficier des aides de l’Etat.

Karim a tout essayé pour annuler la décision de sa préfecture. Il a notamment porté l’affaire devant le tribunal administratif de Lille, mais celui-ci a refusé sa demande. Il a fait ensuite appel devant la juridiction d’appel de Douai, mais il s’est encore heurté à un rejet, bien qu’il eut fourni ses certificats médicaux.

« Je suis dans la détresse la plus totale »

La préfecture justifie quant à elle son OQTF par le rapport du collège des médecins de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) qui estime que l’état de santé du ressortissant marocain est « bon » et qu’il peut faire l’objet d’un « suivi adapté » au Maroc.

Karim doute fort que son cas puisse être efficacement pris en charge au Maroc. Il explique « qu’après chacune de ses visites chez le médecin, son protocole change » et souligne « qu’il a aussi besoin de l’anti-rejet qu’il ne peut pas trouver au Maroc ».

« Je suis dans la détresse la plus totale », déplore Karim. Ce ressortissant marocain a tenté en vain d’obtenir une rencontre d’urgence avec le préfet et a aussi contacté le maire de sa ville.

Après deux ans passés en France à essayer d’échapper à son statut de sans-papiers, il ne lui reste désormais que de se tourner vers les associations.

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