
Tandis que la bande de Gaza, dévastée et assiégée depuis près de deux ans par l’armée israélienne, continue de compter ses morts, une délégation d’imams et de responsables musulmans de France, de Belgique, des Pays-Bas, d’Italie et du Royaume-Uni s’est rendue lundi 7 juillet en Israël, où elle a été reçue par le président Isaac Herzog.
Conduite par le très controversé imam français Hassen Chalghoumi, cette visite intervient dans un contexte dramatique pour le peuple palestinien, affamé et bombardé en permanence devant l’impuissance de la communauté internationale à stopper la guerre.
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Pas moins de 12 Palestiniens ont été tués lundi, et 26 autres la veille, dans de nouveaux tirs et bombardements de l’armée israélienne sur Gaza, selon les médias.
Depuis le début de la guerre en octobre 2023, ce sont plus de 57 500 Palestiniens, dont un grand nombre d’enfants et de femmes, qui ont été tués, en particulier dans la bande de Gaza.
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Une visite organisée par Elnet
Organisée par Elnet (European Leadership Network), une organisation européenne œuvrant au rapprochement entre Israël et les pays européens, cette visite avait pour but, selon ses promoteurs, d’envoyer un message de paix, de coexistence et de lutte commune contre l’extrémisme religieux.
Pour Hassen Chalghoumi, imam de Drancy, cette démarche s’inscrit dans la continuité des accords d’Abraham et des dynamiques de normalisation entre Israël et plusieurs pays arabes comme le Maroc, les Émirats arabes unis ou Bahreïn.
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« L’islamisme radical est l’ennemi des musulmans », a-t-il déclaré, dénonçant les actions du Hamas, du Hezbollah et de l’Iran. « Nous portons un message de solidarité après les attentats du 7 octobre et les violences subies aussi par les civils israéliens. »
Dans une interview à une chaîne de télévision israélienne, il affirme également que « les nouvelles générations sont prêtes à un avenir avec Israël », plaidant pour des initiatives civiles et religieuses face au « mal absolu » du régime iranien, qui « entrave la paix entre juifs et musulmans ».
Des propos qui n’ont rien à envier à la rhétorique israélienne et celle de ses soutiens au sein de certains milieux politiques et médiatiques occidentaux.
Aucun mot, cependant, sur les souffrances du peuple palestinien, ni sur la déshumanisation à l’œuvre, encore moins sur le génocide perpétré par l’État hébreu ou sur la violation continue du droit international par un pays dont certains responsables comme le premier ministre Benyamin Netanyahu sont visés par des mandats d’arrêt internationaux de la Cour pénale internationale.
L’imam Chelghoumi à nouveau sous le feu des critiques
Tout se passe comme si les « méchants » se trouvent parmi les palestiniens et leurs soutiens ! Si cette démarche n’aura probablement qu’une portée symbolique, elle apparaît à bien des égards comme une perche tendue à Israël pour soigner son image, fortement écornée, à l’international et apparaître comme un État ouvert au dialogue interconfessionnel. Elle suggère également qu’il existerait des voix musulmanes favorables à Israël.
Reste que cette visite peine à passer au milieu d’une tragédie, sans commune mesure dans l’histoire de l’humanité, et au sein de ceux, nombreux, attachés à la justice et à la légalité internationale.
Signe du rejet : la vague d’indignation sur les réseaux sociaux. Sous le titre « Les imams du génocide », Adil Cherkaoui, imam du Centre Islamique Assahaba à Montréal, a écrit sur X : : «Alors que les Palestiniens sont affamés, chassés de leur terre et quotidiennement bombardés, un groupe d’imams (…) menés par l’imam sioniste Hassan Chalghoumi ont rendu visite au président israélien (…) Nul besoin de rappeler que la prière derrière l’apostat n’est pas valide ».
Les «imams» du #génocide
Alors que les Palestiniens sont affamés, chassés de leur terre et quotidiennement bombardés, un groupe «d’imams» de France, de Belgique, des Pays-Bas, d’Italie et du Royaume-Uni, menés par l’imam-sioniste, Hassen Chalghoumi, ont rendu visite aujourd’hui… pic.twitter.com/gIeDoyzkld— Adil Charkaoui-عادل الشرقاوي (@Adil_Charkaoui) July 7, 2025
« L’imam de Drancy reçu par Herzog, en plein bombardement sur Gaza, comme caution exotique pour un État qui tue des enfants », commente un internaute sur le même réseau social. Un troisième ajoute : «le plus ridicule est que ses nombreux marionnettistes se prennent au sérieux », tandis qu’un autre souligne : «notre problème n’est pas avec celui qui a vendu sa cause, le vrai drame, ce sont ceux qui continuent à trahir, drapés dans la religion ». C’est-à-dire que, sans justice rendue aux Palestiniens, sans qu’Israël ne réponde de ses actes devant la justice internationale, toute démarche — fût-elle religieuse — est vouée à l’échec.