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La crise de l’eau prend des proportions inquiétantes à Alger

La crise de l’eau prend des proportions inquiétantes à Alger

La crise d’approvisionnement en eau potable (AEP) prend des proportions inquiétantes en Algérie, particulièrement à Alger. Après les restrictions décidées dans plusieurs wilayas, les premières protestations sont signalées, avec parfois des coupures de routes.

Ce jeudi 24 juin, les habitants d’un quartier de Bab Ezzouar ont coupé momentanément la route menant à l’aéroport international d’Alger. Il s’agit des habitants de la cité AADL « la Réconciliation nationale » de Bab Ezzouar, qui comptaient ainsi protester contre une coupure d’eau qui dure.

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Selon eux, pas une seule goutte n’a coulé des robinets depuis trois jours. La route a été bloquée pendant un quart d’heure et n’a été rouverte à la circulation qu’après le déplacement de responsables locaux qui auraient promis de rétablir l’approvisionnement dès jeudi soir à 20 h.

Une telle action menée près de l’aéroport international d’Alger c’est le signe que la situation commence à devenir insupportable pour les Algériens qui subissent les coupures depuis le printemps dernier.

D’autres actions similaires ont été signalées ces derniers jours à Alger pour les mêmes raisons. C’est le cas par exemple à Bordj El Kiffan où des jeunes ont bloqué la route pendant deux nuits consécutives.

Non loin de là, à Réghaïa, on signale une crise d’eau aiguë et les habitants des quartiers sont contraints de se réveiller en pleine nuit pour faire une réserve, quand l’alimentation est rétablie.

Ce jeudi toujours, alors que l’été vient de commencer, la wilaya d’Alger a annoncé sa décision de réduire « partiellement et provisoirement » l’activité des stations de lavage de voitures.

Cette activité consomme de grandes quantités d’eau et la seule solution qui s’est présentée aux services de la wilaya est de les autoriser à ouvrir uniquement le week-end et un jour sur deux pendant la semaine (vendredi, samedi, lundi et mercredi).

Dans la même journée, le wali d’Alger a dévoilé sur la Radio nationale un nouveau planning pour l’alimentation en eau de la capitale. 14 communes auront l’eau tous les jours de 08 h à 14 h, 20 communes seront alimentées de 08 h à 16 h un jour sur deux et 23 autres communes verront certains de leurs quartier approvisionnés de 08 h à 14 h et d’autres de 08 h à 16 h, toujours un jour sur deux.

Le wali a rassuré que « cette situation difficile », n’est que « passagère et conjoncturelle », et promis d’« autres alternatives et d’autres solutions », notamment le recours à la construction de nouvelles stations de dessalement et la réalisation de nouveaux forages.  Des solutions qui prendront du temps pour se concrétiser.

Les mesures annoncées par le wali d’Alger ce jeudi alors que la crise de l’eau a atteint son pic, devaient être prises il y a huit mois. La Seaal avait en effet alerté les autorités sur le risque de pénurie d’eau en été que nous avions évoqué dans un article publié le 23 février dernier, mais les autorités ont préféré attendre.

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 Certains barrages sont à sec

Depuis quelques semaines, les Algérois se sont rués sur les équipements qui pourraient les aider à atténuer la crise, comme les citernes, les jerricans et les pompes à eau pour ceux qui habitent les étages supérieurs. Ce sont ces derniers qui subissent plus la pénurie puisque même lorsque l’approvisionnement est rétabli, l’eau n’arrive parfois pas dans leurs foyers, notamment lorsque l’immeuble est dépourvu de pompe.

C’est en tout cas le retour au système D et aux réflexes d’une période que beaucoup croyaient révolue. Les Algériens n’ont connu l’approvisionnement en H24 qu’après les grandes infrastructures réalisées à partir des années 2000 dans le secteur de l’hydraulique. A la faveur de l’aisance financière du pays, d’importants investissements avaient été faits dans le cadre d’une stratégie portée sur la diversification des ressources (barrages, forages, stations de dessalement).

Le stress hydrique s’est éloigné jusqu’à la mauvaise pluviométrie qui a commencé à être enregistrée depuis quelques années, faisant baisser le taux de remplissage des barrages. Le deuxième plus grand du pays (640 millions de m3), celui de Koudiet Assserdoune, dans la wilaya de Bouira, est complètement à sec, a rapporté le quotidien El Watan début mai. Le barrage de Taksebt, à Tizi-Ouzou, doté d’une capacité de 180 millions de m3, est presque lui aussi à sec. A fin mai dernier, il affichait un taux de remplissage de 18 %.

La situation est nettement meilleure dans les wilayas de l’extrême Est et du Sud. En avril dernier, un responsable de l’Algérienne des eaux (ADE) avait expliqué à la radio que les barrages de l’Est étaient remplis grâce à une bonne pluviométrie. Les habitants du Sud sont, eux, approvisionnés à partir de forages.  Pour les régions du Centre et de l’Ouest du pays, ils passeront un été difficile.

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