
À nouveau, les tomates provenant du Maroc et d’Espagne font l’objet d’alertes aux résidus de pesticides en France.
En cause, la concentration de la culture de tomates au Maroc, une monoculture qui s’accompagne d’une prolifération de ravageurs et donc de l’utilisation croissante de pesticides.
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En France, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir alerte : « De nombreux résidus dans les tomates espagnoles et marocaines ».
Dans un article publié le 24 octobre, UFC-Que Choisir indique : « Perturbateurs endocriniens avérés, cancérigènes suspectés… de nombreux résidus de pesticides à éviter se retrouvent dans les tomates non labellisées bio. En particulier, si elles viennent d’Espagne ou du Maroc. »
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L’association vise particulièrement « des barquettes vendues à des prix imbattables » prisées des consommateurs français et rappelle les résultats de tests réalisés par les autorités françaises en 2019, 2021 et 2022.
Les tomates marocaines contaminées par les pesticides
Elle poursuit : « En moyenne, plus de la moitié des tomates marocaines analysées et 80 % de celles espagnoles présentaient plusieurs résidus de pesticides, contre 15 % des françaises. »
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UFC-Que Choisir précise que concernant les molécules aujourd’hui officiellement reconnues comme dangereuses pour la santé par les autorités européennes (cancérigènes, perturbateurs endocriniens…), « 6 % des tomates conventionnelles françaises en étaient porteuses, contre près de 40 % de celles importées d’Espagne ou du Maroc. »
Au Maroc, la production de tomates provient principalement du Souss-Massa, région au Sud d’Agadir. Cette région a bénéficié du Plan Maroc vert, ce qui a permis les exportations de tomates dans de nombreux pays. Face à cette concentration, de nombreuses maladies et ravageurs se sont développés, obligeant l’emploi massif de pesticides.
Pour tenter de trouver des sols moins infestés, des investisseurs marocains de tomates et de melons se sont délocalisés au Sahara occidental occupé. Ils ont bénéficié d’exonérations d’impôts, d’une nappe d’eau souterraine vierge – aujourd’hui pratiquement asséchée – et de températures hivernales plus clémentes qu’à Agadir, ce qui permet une production en hiver.
La société franco-marocaine Azura déclare produire des tomates cerise et posséder « 55 fermes réparties entre Agadir et Dakhla (dans les territoires sahraouis occupés) couvrant 1.277 hectares ». À cela, s’ajoute un centre de conditionnement de 10 hectares à Agadir.
La région de Dakhla a longtemps été indemne de maladies et de ravageurs des cultures du fait de son isolement entre le Sahara aride et l’Atlantique.
Cependant, après quelques années, les investisseurs ont commencé à déchanter. Comme le confiait en octobre 2019 un investisseur à la revue agricole française Réussir : « Toutefois, le problème des nématodes commence à se faire sentir sur certaines parcelles de melon qu’il faut désinfecter au bout de deux campagnes de production. » Une désinfection qui oblique à utiliser des pesticides.
Pourquoi le Maroc utilise massivement des pesticides
Les investisseurs les plus fortunés se sont alors convertis au « hors-sol » dans des serres modernes. Les racines des plants poussent dorénavant dans des bacs remplis de fibres de coco et ils sont alimentés par un système de goutte à goutte qui amène eau et engrais.
Mais Dakhla qui était indemne d’insectes et de ravageurs a vu apparaître la mouche blanche et Tuta absoluta.
Contre la mouche blanche, à Dakhla, des investisseurs confient : « il faut anticiper en assurant une bonne étanchéité des serres, un bon dispositif de piégeage et un bon vide sanitaire au départ ». Tandis que contre Tuta absoluta, ils ont adopté le paillage plastique intégral du sol dans le but d’empêcher cet insecte de « terminer son cycle de développement dans le sol. »
Cependant, des pesticides (fongicides) sont utilisés contre des maladies, telle l’oïdium. La concentration de plants dans les immenses serres et le fait de cultiver principalement de la tomate a accentué les maladies et donc les traitements à l’aide de pesticides.
Pour tenter de les réduire, indique la revue Réussir, des producteurs ont multiplié les stratégies comme « la lutte raisonnée » -qui implique d’utiliser moins de chimie sur les plantes-, d’autres utilisent des « pièges à phéromones » ou des pièges colorés enduits de glu combinés à des lâchers d’insectes auxiliaires s’attaquant aux insectes ravageurs.
Mais rien n’y fait comme en témoignent les analyses de UFC-Que Choisir qui n’hésite plus à parler de « perturbateurs endocriniens avérés ».
Aussi, l’association rappelle que le « label Agriculture Biologique, sur le plan écologique et des résidus de pesticides, demeure le meilleur choix. » Ce qui équivaut en pratique à inviter les consommateurs français à se détourner des tomates cerise en provenance du Maroc.