Un accueil froid pour une visite censée mettre fin à une longue période de froid. Stéphane Séjourné, le ministre français des Affaires étrangères, a eu droit à un accueil à minima lors de son déplacement ce lundi 26 février au Maroc.
La visite du chef de la diplomatie française intervient après plusieurs crises successives entre Paris et Rabat depuis 2021. Dans la capitale marocaine, il a été reçu par son homologue Nasser Bourita avec qui il a eu un long entretien en tête-à-tête puis en présence des deux délégations avant d’animer une conférence de presse conjointe.
🇲🇦-🇫🇷| M. Nasser Bourita a reçu, aujourd’hui à Rabat, le ministre de l’Europe et des Affaires Etrangères de la République française, M. Stéphane Séjourné.@steph_sejourne @francediplo pic.twitter.com/Tg5Fh8ytH1
— Maroc Diplomatie 🇲🇦 (@MarocDiplomatie) February 26, 2024
Séjourné n’a pas été reçu par le roi Mohamed VI qui, le 21 février, a reçu dans son palais le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez. Pour une visite de reprise de contact, une rencontre avec le souverain ne pouvait pas être au menu.
Sur sa page officielle sur la plateforme X, le ministère marocain des Affaires étrangères s’est contenté d’une phrase plate et laconique et d’un cliché qui en dit long sur la froideur de l’accueil réservé au chef de la diplomatie française.
Tout est dans l’expression des visages du ministre français et de son homologue marocain. Les deux pays reprennent à peine contact et ce n’est pas encore le temps des larges sourires et des accolades chaleureuses.
Maroc – France : ce qu’a dit Stéphane Séjourné sur le Sahara occidental
Il faut dire aussi que Séjourné était précédé à Rabat de la réputation d’être celui qui a fait voter au Parlement européen deux résolutions défavorables au royaume en moins d’un mois début 2023, ce qui n’était jamais arrivé auparavant. Sa nomination en janvier dernier au Quai d’Orsay avait été mal accueillie au Maroc pour cette raison précisément.
Il y a seulement quelques semaines, vous avez attaqué le Maroc au siège des Parlements européen et français, et vous avez ciblé avec vos diverses accusations ce pays que vous visitez aujourd'hui, et vous avez même serré sans gêne la main de celui que vous accusiez faussement et… pic.twitter.com/k8EEoGIxXF
— kalima (@KarimnajiKarim) February 26, 2024
Dans ses déclarations lors de sa visite de ce lundi, Séjourné ne semble pas avoir offert aux marocains plus que ce que la France leur accorde depuis 2007 sur la question du Sahara occidental, soit l’appui au plan d’autonomie marocain.
Sur ce dossier, dont il reconnaît la « sensibilité » pour le Maroc, le ministre français a réitéré le soutien « clair et constant » de son pays au plan d’autonomie.
La question du Sahara occidental est « un enjeu existentiel pour le Maroc et nous le savons. La France soutient l’Initiative marocaine depuis l’origine de ce plan d’autonomie. Le Maroc pourrait compter sur le soutien constant de la France et nous l’avons déjà confirmé », a-t-il dit.
La nouveauté consiste peut-être dans la disponibilité de la France à accompagner le Maroc dans le développement du Sahara occidental.
En plus de ce soutien tranché et qui n’a rien de nouveau au plan d’autonomie, Stéphane Séjourné a déclaré qu’« il est désormais temps d’avancer et j’y veillerais personnellement ». « Avancer en tenant compte des intérêts et des besoins des habitants de ce territoire », a expliqué Stéphane Séjourné, en rappelant l’existence de deux écoles françaises à Dakhla et Laâyoune, deux villes sahraouies occupées.
« Le Maroc a investi beaucoup dans des projets de développement au bénéfice des populations locales. Nous accompagnerons le développement de cette région en appui aux efforts marocains », a ajouté Stéphane Séjourné, qui a proposé à Rabat un « partenariat d’avant-garde » sur 30 ans, sans donner de détails.
Stéphane Séjourné a plaidé pour une « solution juste et mutuellement acceptable » pour le conflit du Sahara occidental, et à aucun moment il n’a été question de reconnaissance de la « souveraineté marocaine » sur les territoires sahraouis occupés comme l’ont fait les États-Unis et Israël.
SUR LE MÊME SUJET :
Algérie – Maroc : un plat culinaire au centre d’une nouvelle polémique