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La France face au déclin de son influence culturelle en Algérie

La coopération culturelle entre la France et l’Algérie est l’une des victimes collatérales de la crise entre les deux pays.

La France face au déclin de son influence culturelle en Algérie
Le recul du français à l’école algérienne fait grincer des dents en France. par : iuneWind / Adobe Stock
Makhlouf Mehenni
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Dans un contexte de forte crise entre les deux pays, la France s’inquiète aussi pour le recul de la place de la langue française et de l’érosion de son influence culturelle en Algérie.

L’Algérie a entamé le renforcement de l’usage de l’anglais depuis plusieurs années, bien avant la crise en cours. Celle-ci rend toutefois le recul du français bien plus visible depuis Paris, d’où la tentation omniprésente d’expliquer une tendance antérieure et non propre à l’Algérie, comme une conséquence d’une brouille nouvelle et conjoncturelle. 

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C’est précisément au plus fort des tensions, en juillet dernier, qu’une sénatrice, Hélène Conway-Mouret, a choisi d’interpeller le gouvernement, à travers le chef de la diplomatie, sous l’angle de la levée du gel des nouvelles inscriptions au CNED, le Centre national français d’enseignement à distance, afin de pallier l’indisponibilité de places au lycée français d’Algérie Alexandre Dumas (LIAD).

La crise impacte la coopération éducative

L’arrêt des nouvelles inscriptions est une décision du gouvernement français, mais la parlementaire ne s’est pas empêchée de jeter le tort sur la partie algérienne en insistant sur “la dégradation des relations diplomatiques entre l’Algérie et la France” qui, selon elle, “entrave toute perspective d’extension” du réseau d’enseignement français dans le pays.

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Il en est résulté une très forte sollicitation du LIAD, de l’ordre d’une soixantaine de demandes pour une place disponible, selon l’estimation de la représentante des Français de l’étranger. 

La réponse de Jean-Noël Barrot, l’une des voix du gouvernement français les plus apaisées vis-à-vis de l’Algérie, vient de tomber. Elle a été publiée au Journal officiel du Sénat le 23 octobre. 

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Le chef de la diplomatie française n’a pas totalement écarté l’impact de la crise, faisant état de difficultés rencontrées “depuis plusieurs mois, en particulier depuis l’expulsion de douze agents français d’Algérie en avril”, qui touchent également la “coopération éducative”. 

Barrot a cité l’obligation faite par les autorités algériennes aux établissements labellisés France Education d’abandonner leur label, et l’absence d’autorisation pour la construction d’un autre lycée français et pour nouer de nouveaux partenariats.

Mais sur la question précise de la sénatrice, Jean-Noël Barrot a assumé que la restriction des inscriptions à l’enseignement à distance est bien une décision du gouvernement français. 

Paris refuse d’assouplir les conditions d’accès au Cned

Depuis mai 2023, de nouveaux critères d’accès plus restrictifs à l’inscription en parcours réglementé ont été introduits par le ministère français de l’Education et, désormais, “seul un élève sortant d’un établissement français de France ou homologué à l’étranger peut s’inscrire en parcours réglementé”, a-t-il expliqué.

Le gouvernement français a pris une telle décision pour des raisons qui lui sont propres, (peut-être en lien avec la politique restrictive de l’immigration), en tout cas sans rapport avec la crise Paris-Alger. Les rapports entre les deux capitales étaient alors au beau fixe et la mesure ne visait pas spécifiquement les Algériens ou les Français installés en Algérie. 

Le recul de la place de la langue française en Algérie est un processus très ancien entamé dès l’indépendance et qui s’est intensifié au fil des décennies, avec, certes, plusieurs mesures en faveur de l’anglais médiatisées à partir de 2019, comme l’introduction de la langue de Shakespeare dans le primaire, son adoption par des groupes économiques publics ou son imposition comme langue d’enseignement des sciences médicales. Cette dernière mesure, prise en avril 2025, est d’ailleurs la seule qui soit postérieure à la brouille entre les deux pays qui a commencé en juillet 2024.

Du reste, pareilles mesures visant à faire une plus grande place à l’anglais sont communes à de nombreux pays anciennement sous domination coloniale française, du Sahel au Maroc voisin qui a entamé la généralisation de l’enseignement de l’anglais au collège depuis 2023.

Enfin, le recul de la France au Maghreb et en Afrique n’est pas que culturel et ne se limite pas à l’enseignement et l’usage de la langue de Molière. Il est aussi politique partout et surtout économique pour ce qui est de l’Algérie. Et là encore, la crise en cours n’y est pour rien. Cela fait plus de 10 ans, en 2013 précisément, que la France a été détrônée par la Chine au rang de premier fournisseur de l’Algérie. 

 

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