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La justice annule la privatisation de l’Hôtel El Hidhab, le propriétaire proteste

La justice annule la privatisation de l’Hôtel El Hidhab, le propriétaire proteste

Le tribunal de Sétif vient de décider le retour de l’hôtel El Hidhab à la propriété de l’État. Pour la justice, les parties contractantes doivent revenir « à la situation initiale d’avant signature ».

La mesure est exécutoire à partir du 2 octobre 2018. Ce qui n’est pas du goût d’Abdelhamid Madani, l’actuel gérant, qui a racheté l’établissement à travers la société familiale Sofafe en 2006.

En janvier 2018, il avait lancé un cri d’alarme et demandé aux pouvoir publics d’envoyer une commission d’évaluation pour « juger les engagements contractuels » et étudier la situation de l’hôtel après sa reprise. « Cette commission n’a jamais été envoyée. J’ai engagé plus de 50 milliards de centimes de travaux de rénovation et j’ai versé une première tranche de 19 milliards de centimes (sur un total de 65 milliards de centimes) pour le rachat. J’ai installé un SPA, retapé les chambres, ouvert une piscine, rénové la réception et les escaliers, construit un terrain de football, etc. Pour moi, le processus de privatisation a réussi. Pourquoi veulent-ils récupérer l’hôtel ? », s’est interrogé Abdelhamid Madani, rencontré par TSA.

D’après lui, une fausse lecture de la loi a été faite par le tribunal pour accélérer la procédure d’expulsion de l’hôtel avec réquisition de la force publique.

« Une véritable fetwa » !

« C’est une véritable fetwa ! Pour le tribunal, les 19 milliards de centimes que j’ai versés (pour le rachat de l’hôtel) ont été saisis. Ce qui est faux. Il n’y a pas eu de saisi de 19 milliards de centimes. Pour le procureur, les 19,5 milliards de centimes équivalent la valeur de l’hôtel alors que l’établissement vaut plus de 200 milliards de centimes. La règle veut que la justice saisisse la somme d’argent au niveau du Trésor public. Nous avions une câblerie qui a fait faillite à cause de l’hôtel. Mon père, qui gérait la Sofafe, a, à cause de cette affaire, été mis sous contrôle judiciaire. Il est décédé sans pouvoir récupérer son passeport resté aux mains de la justice. La même justice a prononcé à son égard la relaxe », a-t-il expliqué.

Selon lui, le Trésor public a refusé de remettre les 19 milliards de centimes à l’EGT Est parce que la procédure de rachat de l’hôtel par la Sofafe était déjà engagée. « Malgré cela, ils ont pris 5 puis 10 milliards de centimes comme dédommagements. Pour eux, nous exploitions l’hôtel d’une manière illégale. En tout, si je suis bien ce qui se passe et ce qu’ils demande, je vais perdre coup sur coup les 19 milliards de centimes (premier versement de rachats), puis 15 milliards (de dédommagement) puis 50 milliards de centimes d’indemnisation. Il faut être fou. Il n’y a aucune loi qui permet cela. L’huissier a mentionné « le non-respect » dans son PV. C’est-à-dire, j’ai refusé d’encaisser le chèque (remboursement des 19 milliards de centime). Ce qui est aussi totalement faux. On ne m’a jamais ramené ce chèque. J’ai tous les documents qui prouvent ce que je dis. Lorsque l’huissier est venu nous demander de payer 5 milliards de centimes d’indemnisation, nous avons demandé, c’est notre droit, le remboursement de nos 19 milliards de centimes », a-t-il souligné.

Un premier versement de 19 milliards de centimes

En 2007, une procédure judiciaire a été engagée contre Abdelhamid Madani par l’EGT Est, qui fait partie actuellement du groupe public HTT (Hôtellerie Tourisme et Thermalisme), pour « retard de paiement et non-respect des clauses contractuelles ».

Un jugement a été prononcé en 2010 portant annulation du contrat de rachat. « J’avais exigé alors à ce qu’on me rembourse les 19 milliards de centimes que j’avais déjà versés pour le rachat. Ils sont venus en 2012 sans me ramener le chèque. Il était alors impossible de mettre en application le jugement faute de ce remboursement. À ce jour, on ne m’a pas versé cette somme parce que le groupe public HTT n’a pas d’argent. Et je ne parle même pas des montants investis dans la rénovation de l’hôtel. Et je rappelle que je possède un acte définitif d’acquisition (de propriété). Cet acte ne peut pas être mis en cause. Le groupe public a tenté à plusieurs reprises d’annuler cet acte sans y parvenir. L’EGT Est a engagé la procédure judiciaire alors qu’elle pouvait me demander de verser le complément du montant de rachat », a-t-il détaillé.

En 2012, le directeur du Trésor public a saisi par lettre le gestionnaire de l’hôtel El Hidhab lui demandant de verser la somme qui reste du montant global de rachat. « J’ai alors versé 20 milliards de centimes. L’EGT Est a refusé la somme au motif que l’affaire était en justice et qu’une expulsion avait été prononcée. Si le motif était réellement le retard de paiement, pourquoi rien n’a été fait pour trouver un terrain d’entente ? L’essentiel n’est-il pas de récupérer ? Depuis 2012, on les supplie de nous obliger à payer une pénalité de retard pour régler le problème. Ils n’ont rien voulu savoir », a-t-il regretté. Il a accusé Abdelwahab Nouri (ancien ministre du Tourisme et ancien wali de Sétif) « d’avoir actionné toutes ses relations » pour lui créer des problèmes.

Recours auprès du ministère de la Justice

« Ils vont fermer l’hôtel, faire l’inventaire avant de reprendre les anciennes pratiques de gestion. Et, une année après, une promotion immobilière sera lancée à côté ou à la place de l’hôtel. Je demande à ce qu’on me rembourse mes 19 milliards de centimes avant de céder la propriété de l’hôtel. J’ai des engagements avec les entrepreneurs qui ont effectué les travaux de l’hôtel, comment vais-je ? », s’est demandé Abdelhamid Madani.

Le gestionnaire d’El Hidhab envisage d’introduire directement un recours auprès du ministère de la Justice pour demander l’application correcte de la loi dans le cadre « d’une simple affaire commerciale ». Selon lui, le groupe HTT vient de « perdre » les hôtels Cirta et Panoramic de Constantine. Les deux hôtels seront gérés par le Mariott. « Donc, l’Algérie rénove les hôtels et les donne en gestion aux étrangers. Que feront les gestionnaires et les cadres algériens qui ont été formés dans le tourisme en Algérie ? N’ont-ils plus besoin d’eux ? Pourquoi la rénovation n’est-elle pas mise comme condition dans les contrats de partenariat ? », s’est-il encore interrogé.

Situé au centre de Sétif, à côté du parc de loisirs et de la Maison de la culture, l’hôtel El Hidhab, classé quatre étoiles, emploie actuellement 53 salariés.

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