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La présidentielle fixée au 4 juillet : Indépendance day ou Apocalypse now ?

La présidentielle fixée au 4 juillet : Indépendance day ou Apocalypse now ?

L’élection présidentielle aura donc lieu le 4 juillet, la veille de la fête de l’indépendance. C’est la conjonction du hasard du calendrier et des vicissitudes de la politique.

Les tenants du pouvoir, le commandement de l’armée en tête, ont averti qu’ils ne sortiront pas du cadre constitutionnel et chaque jour qui passe apporte un nouvel élément qui rend le fait accompli plus irréversible.

L’intronisation d’Abdelkader Bensalah comme président par intérim mardi 9 avril a été suivie le lendemain par la convocation du corps électoral. Entre-temps, le chef de l’armée s’est exprimé pour réitérer ce que l’on savait déjà, c’est-à-dire qu’il ne voyait pas de solution à la crise en dehors de ce que prévoit la loi fondamentale.

Entre la légalité et la légitimité, le pouvoir a fait son choix et il veut faire croire qu’il est définitif. Il espère désormais que la mobilisation va faiblir pour imposer le fait accompli. C’est le sens à donner à ce déploiement policier exceptionnel dans la capitale : dissuader les manifestants de sortir.

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Un mauvais choix

Le peuple aussi a tranché et il compte le rappeler à travers une autre grande mobilisation ce week-end. De nouveau, il exigera une vraie transition, donc le départ immédiat des « trois B » et la mise en place d’une présidence collégiale consensuelle. Ce huitième vendredi s’annonce décisif pour la suite de la contestation et l’avenir du pays. Tout peut arriver, y compris un recul du pouvoir devant une autre démonstration de force.

La tenue même de l’élection le 4 juillet dépendra en grande partie de ce qui se passera ce vendredi 12 avril dans les rues d’Alger et des autres villes du pays. Le pire scénario, pour le pays et même pour le pouvoir, c’est de voir ce dernier tenter d’imposer sa solution qui, en fin de compte, n’en sera pas une.

Car aller vers une élection dans les conditions actuelles et sous l’égide d’institutions et de personnalités rejetées par le peuple, c’est faire un brusque retour en arrière pour se retrouver quasiment dans la même situation qui a amené Abdelaziz Bouteflika à annuler, le 11 mars, le scrutin prévu initialement le 18 avril.

Si le désormais ancien président était amené à prendre une telle décision extrême qu’aucun texte ne prévoyait, c’est à cause de sa conviction ainsi que son entourage de l’impossibilité de tenir l’élection dans une conjoncture tendue. Aujourd’hui, la situation est plus compliquée qu’elle ne l’était et la détermination du peuple à rejeter le scrutin semble plus forte.

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Une voie sans issue

Le pouvoir s’est peut-être engagé dans une voie sans issue. Une élection présidentielle est un long processus. Dans le cas présent, il faudra d’abord mettre sur pied l’instance « souveraine » qui l’organisera, selon l’engagement du président par intérim. Quelle personnalité crédible acceptera d’y siéger contre l’avis de la majorité des Algériens ?

On aura donc pour commencer une instance fantoche qui ne laissera aucune crédibilité au scrutin. Il va aussi de soi que les candidats « sérieux », les poids lourds de l’opposition, ne se bousculeront pas aux starting-blocks. Le boycott massif du scrutin est presque une certitude, mais le grand risque que prend le pouvoir c’est celui d’aller vers une situation insurrectionnelle avec l’empêchement par la population des meetings électoraux, puis du vote le jour de l’élection.

C’est peut-être cette éventualité qu’Ahmed Gaïd-Salah a insinuée dans son discours du 10 avril en évoquant la « déclaration de l’état d’exception » qu’il dit avoir « récusé catégoriquement depuis le début des événements ». Cela dit, le pouvoir pourrait aller au bout de son entreprise et organiser le scrutin à la date annoncée, quoi qu’il arrive.

Un nouveau président sera alors élu, plus mal élu que celui qui vient de partir, et l’Algérie n’aura alors pas fait quelques pas en arrière, mais un énorme bond dans le passé pour renouer avec l’illégitimité du pouvoir et des institutions. C’est tout le paradoxe qui rend la position de l’armée incohérente et indéfendable. Insister tant sur le respect du cadre constitutionnel pour déboucher sur une situation d’illégitimité, c’est au moins déraisonnable. A défaut de fêter son « Indépendance day » le 4 juillet, l’Algérie risque d’entamer son « Apocalypse Now ». Et ce n’est pas du cinéma…

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