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La stratégie automobile de l’Algérie à l’épreuve du social

La stratégie automobile de l’Algérie à l’épreuve du social

La liste des opérateurs autorisés à ouvrir des usines de montage automobiles devrait être validée prochainement par le Conseil national d’investissement (CNI).

À la clé, 40 concessionnaires sont supposés devenir de nouveaux acteurs de l’industrie automobile en disposant d’usines d’assemblage de véhicules de tourisme, de transport de marchandises, d’autocars, d’engins de travaux publics ou encore de mobylettes.

Originellement, seuls dix opérateurs avaient été choisis le 14 décembre par le Premier ministre Ahmed Ouyahia pour établir des usines de montage. Quelques semaines plus tard, le gouvernement fait volte-face et le Premier ministre valide 40 concessionnaires, multipliant par quatre le nombre d’usines automobiles qui seront établies en Algérie et soulevant des questions sur la pertinence de la stratégie automobile de l’État.

Il n’y a pas de nombreuses façons de mettre en place avec succès une industrie automobile dans un pays. Plusieurs pays l’ont fait, et la méthode est pratiquement la même partout. Chaque pays s’étant lancé dans l’industrie automobile, à l’image de la Chine, la Turquie, le Maroc, a suivi un schéma semblable. En résumé, celui-ci consiste à faire appel à un ou deux constructeurs historiques dans le pays, à qui l’on accorde le plus gros lot du marché local.

En parallèle, l’État s’entend avec les constructeurs choisis afin d’établir en amont un large réseau de sous-traitance qui produirait une quantité très importante de pièces, dépassant largement la demande nationale.

Les constructeurs, qui doivent être issus de pays partenaires de l’Algérie, s’engageraient à intégrer le surplus de production par rapport au besoin local dans son réseau international, garantissant à l’État des revenus en devises par le biais des exportations des pièces. Une voiture est composée de 70% de pièces fabriquées par des sous-traitants et les équipementiers automobiles ont besoin de visibilité et de volumes, pour investir dans un pays.

Le plan pour réussir à établir une industrie automobile est limpide. Il ne consiste certainement pas à faire appel à 40 opérateurs automobiles qui lanceraient chacun sa propre usine avec de modestes volumes de production ou montage. Les autorités ont conscience de cela, que ce soit le ministre de l’Industrie comme du Premier ministre.

Pourquoi alors le gouvernement décide à fragmenter l’industrie automobile de la sorte, mettant ainsi en places les fondations pour son échec programmé ? Pourquoi le gouvernement change constamment les règles du jeu dans le secteur automobile alors qu’il sait pertinemment que l’instabilité juridique fait fuir les investisseurs étrangers ?

L’hypothèse la plus vraisemblable concernant cette stratégie semble être la volonté des autorités à servir en premier lieu la clientèle du pouvoir, conséquente en nombre et en influence.

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