Les responsables algériens au niveau local multiplient les bourdes de communication. Sur la page officielle de la wilaya d’Alger, on apprend ce dimanche 25 octobre que la famille de la défunte Chaima, sauvagement assassinée il y a quelques semaines, a bénéficié d’un logement social.

Le déménagement de la famille de son logement précaire de Reghaïa dans l’est d’Alger vers son logement flambant neuf sis à Bordj el Bahri est filmé et médiatisé.

Sur le plan de l’image, l’impact d’une telle action de communication pourrait bien être le juste contraire de l’effet escompté. On voit d’abord la mère de la victime, la douleur toujours visible sur son visage.

Elle n’a pas besoin de le dire, on sait que rien au monde ne peut la consoler de la perte de sa fille de 19 ans. On voit surtout sur les images diffusées, la masure de parpaing qui lui servait de demeure à elle et sa famille.

Et il a fallu quoi pour qu’elle accède enfin à un logement décent ? Qu’elle perde sa fille à la fleur de l’âge de la manière la plus horrible qui soit, que les Algériens compatissent unanimement à sa douleur et à sa situation et que les plus hautes autorités du pays ordonnent sa prise en charge.

Cela, en sachant que la dame, vu sa situation, était éligible à l’obtention d’un logement social. Le plus simple était de lui accorder son droit sans attendre qu’il y ait un drame fortement médiatisé.

Sur la même page de la wilaya qui a annoncé l’information du relogement, les commentaires ont immédiatement fusé. Et ils sont d’une incontestable justesse.

« Et moi, c’est quand mon tour ? Cela fait des années que j’attends », écrit un citoyen, visiblement un demandeur de logement. « Faut-il qu’un de mes enfants soit assassiné pour qu’on fasse le buzz avec mon drame ? », renchérit un autre. « Même pour avoir nos droits les plus élémentaires, il faut des caméras », « Et en plus vous humiliez la dame », dénoncent les internautes. D’autres commentaires relèvent que si la famille de Chaima a maintenant obtenu sont droit, c’est qu’il y a eu des irrégularités dans les précédentes opérations de relogement.

Était-ce vraiment une bonne idée de médiatiser une telle action ? La communication ne s’improvise pas, et quand on ne la maîtrise pas, le retour de flamme n’est jamais loin.