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L’accord franco-algérien de 1968 dénoncé par les députés : que fera Macron ?

Après le vote de ce jeudi 30 octobre, une grosse interrogation subsiste : que fera maintenant Emmanuel Macron ?

L’accord franco-algérien de 1968 dénoncé par les députés : que fera Macron ?
Laurent Nuñez a signifié dès sa nomination que la révocation de l'accord de 1968 n'était pas à l'ordre du jour / Par Leo Altman / Adobe Stock pour TSA
Makhlouf Mehenni
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L’Assemblée nationale française a adopté ce jeudi une proposition de résolution visant à dénoncer l’accord franco-algérien sur l’immigration de 1968. La résolution, présentée par le Rassemblement national (RN, parti d’extrême droite, fondé par Jean-Marie Le Pen et dirigé par sa fille) à l’occasion de sa niche parlementaire, a été votée à une voix près, 185 pour et 184 contre.

Le parti extrémiste a pu compter sur les voix des députés LR (Les Républicains, dirigés par Bruno Retailleau) et Horizons de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe. Un score serré qui reflète la profonde division de la classe politique française sur la question et plus globalement sur la relation avec l’Algérie, pratiquement à l’arrêt depuis 15 mois.

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Pour Marine Le Pen, « c’est une journée qu’on peut qualifier d’historique pour le RN ». C’est la première fois de toute son histoire que le parti d’extrême-droite parvient à faire passer une proposition de résolution à l’assemblée. Que le thème en soit l’Algérie, c’est tout un symbole en effet.

Marine Le Pen crée une victoire

Avant le vote, le parti de Le Pen avait expliqué qu’il s’agit de « prendre en compte l’évolution de notre relation avec l’Algérie » et de « redonner à l’État les moyens juridiques de limiter, voire de suspendre si nécessaire, l’octroi de visas aux Algériens ».

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L’accord bilatéral qui régit le séjour des ressortissants algériens sur le territoire français depuis 55 ans est revenu dans le débat politique en France précisément au moment où l’on parle de velléités de reprise du contact entre Paris et Alger, après le départ de Bruno Retailleau du ministère de l’Intérieur.

Le président Macron et son entourage ne semblent pas avoir changé d’avis, mais les rangs des pourfendeurs du texte se renforcent à vue d’œil autour du noyau dur constitué du RN et des Républicains.

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Dans le camp macroniste aussi, de plus en plus de voix ne sont pas contre la révocation pure et simple ou une profonde refonte. Ce sont deux députés EPR (Ensemble pour la République), Charles Rodwell et Mathieu Lefèvre, qui ont publié à la mi-octobre un rapport dans lequel ils ont soutenu que l’accord de 1968 coûtait à la France 2 milliards d’euros par an.

Après le vote du Parlement, que fera Emmanuel Macron ?

Après Édouard Philippe (Horizons), Gabriel Attal, chef de file des députés EPR, a repris à son compte la rhétorique de Bruno Retailleau. À travers la remise en cause de l’accord de 1968, l’ancien Premier ministre veut redonner à la France « les conditions d’un rapport d’égal à égal avec l’Algérie ».

Lors du vote de ce jeudi, EPR n’a pas appuyé le projet de résolution, mais seuls 30 de ses 92 députés ont voté contre. Même Gabriel Attal n’était pas dans l’hémicycle. « Ils étaient où les macronistes ? », s’est interrogé immédiatement après le vote le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure.

Même adoptée, la résolution restera toutefois non contraignante. Le dernier mot reviendra au président Macron qui, lui, semble toujours tenir à l’accord et à la relance de la relation avec l’Algérie, comme l’attestent de récentes déclarations publiques d’au moins deux poids lourds du gouvernement. Le nouveau ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez a signifié dès sa nomination que la révocation de l’accord de 1968 n’était pas à l’ordre du jour.

« Il y a cet accord, il fonctionne, il n’est pas complètement parfait, je vous le concède, mais pour l’instant, ce n’est pas à l’ordre du jour », a-t-il déclaré le 19 octobre dans l’émission « Questions politiques » de France Inter, France Info et Le Monde, se démarquant ainsi nettement de son prédécesseur.

Le 21 octobre, le chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot a, lui aussi, défendu le texte de 1968 devant la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Barrot a relevé le caractère approximatif des conclusions du rapport parlementaire de la mi-octobre et a expliqué que la soumission des Algériens au droit commun fera qu’il y aura certes moins d’immigration familiale, mais plus d’immigration économique et étudiante.

Après le vote très symbolique de ce jeudi 30 octobre, une grosse interrogation subsiste : que fera maintenant Emmanuel Macron ?

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