
Plus de 500 migrants subsahariens arrivent aux frontières du Sud de l’Algérie chaque jour, a affirmé le directeur d’études chargé de la migration au ministère de l’Intérieur, Hacène Kacimi, dans un entretien accordé ce lundi à la Radio nationale.
« Le phénomène migratoire en Afrique prend de l’ampleur. Il se manifeste par l’arrivée massive au niveau des frontières des wilayas du Sud. Nous recevons un minimum de 500 migrants par jour au niveau des wilayas de Tamanrasset et Adrar, qui sont limitrophes et frontalières avec le Mali et le Niger », a affirmé Hacène Kacimi
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« Ils ne rentrent pas tous. Nous avons pris des dispositions pour des raisons de sécurité d’empêcher cette masse migratoire de pénétrer sur le territoire. Bien sûr il y a ceux qui arrivent à entrer, nous avons de très grandes frontières avec le Mali et le Niger », a précisé le responsable au sein du ministère de l’Intérieur.
« Nous avons deux plaques tournantes régionales très importantes de la migration, une qui passe par Agadez et une autre très importante qui passe par Bamako. Et là, vous avez des couloirs migratoires à destination de notre pays. Nous travaillons avec nos frères du Mali et du Niger pour coordonner nos actions et nous concerter le plus possible pour assurer une bonne prise en charge de ce dossier », a indiqué M. Kacimi, précisant qu’il y avait là « des enjeux géostratégiques très importants ».
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« Il y a eu un conseil interministériel le 29 mars dernier. Des décisions importantes ont été prises pour sécuriser nos frontières et faire en sorte que celles-ci soient autant que possibles sécurisées. Parallèlement à cela, nous déployons aussi des moyens importants sur le plan humanitaire pour prendre en charge les personnes qui arrivent qui sont déjà en détresse dans leur pays et quand ils le quittent, leur situation s’aggrave de plus en plus », a déclaré le directeur d’études chargé de la migration.
« Quand ils arrivent aux frontières, leur nombre est tellement important qu’on ne peut pas ouvrir les frontières à tout le monde. Nous prenons en charge ceux qui sont en situation de détresse, par contre pour le reste nous les refoulons. Ce qui se passe par la suite au niveau du désert au nord du Niger et du Mali, nous n’avons aucune responsabilité car le migrant quand il traverse il se met lui-même en danger », a estimé M. Kacimi, annonçant que « l’Algérie a mobilisé beaucoup de moyens. Nous avons mobilisé 20 millions de dollars pour faire face à ce phénomène massif qui menace aussi la sécurité des Etats ».
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« Nous sommes dans une situation préoccupante parmi les populations migrantes illégales subsahariennes. Depuis 2015, nous assistons à une montée en flèche des délits et des crimes commis sur le territoire national », a également affirmé M. Kacimi. Citant le ministère de la Justice, M. Kacimi a annoncé que 56 000 migrants subsahariens ont été condamnés pour crimes et délits durant les cinq dernières années, dont 30 000 Maliens et 20 000 Nigériens.
Enfin, le directeur d’études chargé de la migration au ministère de l’Intérieur a dénoncé les accusations dont fait l’objet l’État algérien sur le traitement des migrants subsahariens présents sur territoire. « On nous accuse de pratiquer des rafles, des déportations, des expulsions collectives, d’emprisonner et maltraiter les migrants, on nous accuse de violences et d’être responsables de la détresse des migrants. Cerise sur le gâteau, on nous accuse de profilage ethnique », a dénoncé le responsable du ministère de l’Intérieur.
« C’est l’Algérie qui est maltraitée avec cette campagne de dénigrement », a affirmé M. Kacimi. « Honte à ceux qui nous accusent de profilage ethnique. Nous avons été victimes de profilage ethnique pendant de longues années, car c’est un concept colonial », s’est-il par ailleurs insurgé.