À moins de vingt jours des élections législatives en Espagne prévues le 23 juillet prochain, l’Algérie et le Maroc font partie des thématiques centrales de la campagne électorale.
Invité de la chaîne Telecinco, Alberto Núñez Feijóo, leader du Parti populaire espagnol, a tracé les grandes lignes de sa vision des relations de l’Espagne avec l’Algérie et le Maroc.
Alberto Núñez Feijóo pourrait devenir le prochain chef du gouvernement espagnol en cas de victoire lors du scrutin prévu le 23 juillet prochain.
Les élections qui étaient prévues pour la fin de l’année 2023 ont été convoquées par l’actuel chef du gouvernement Pedro Sánchez au lendemain de la défaite cuisante de son parti lors des élections locales en mai dernier.
La droite, que représente Alberto Núñez Feijóo, a remporté les élections locales dans ce qui semble être un désaveu des électeurs de la politique de Pedro Sánchez.
Les pronostics donnent le Parti populaire espagnol vainqueur lors du vote du 23 juillet. C’est donc en favori qu’Alberto Núñez Feijóo se présente devant la presse en ce début de campagne électorale espagnole.
Sur la relation avec l’Algérie, le chef de file de la droite espagnole a mis en avant l’importance d’un retour à une « relation équilibrée » qui concerne également le peuple sahraoui et les Nations unies comme l’ont fait les anciens chefs du gouvernement en Espagne jusqu’à la rupture décidée par Pedro Sánchez en mars 2022, en apportant le soutien de Madrid au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental.
En évoquant un retour à la position espagnole d’avant le revirement opéré par Sanchez, cela signifie le rétablissement de la neutralité historique de l’Espagne sur la question du Sahara occidental.
Législatives en Espagne : le Maroc risque de perdre son allié
En abordant les relations avec le Maroc, le leader du PP a affirmé sa « priorité » d’avoir une relation « excellente avec un pays voisin, allié et ami ».
Néanmoins, Núñez Feijóo a tenu à nuancer les contours de sa vision sur la relation entre l’Espagne et le Maroc. « Le premier message que j’enverrai au Maroc, c’est que nous sommes un parti d’État fiable. À partir de là, les sujets relatifs à l’État seront discutés au niveau des Cortes Generales (Parlement espagnol, ndlr) », explique-t-il.
Le ton est donné. Toute décision qui pourrait impliquer un changement de position de l’Espagne ne sera pas actée sans la consultation du parlement. Núñez Feijóo veut marquer sa différence avec la façon de faire de Pedro Sánchez qui a exprimé le revirement dans la position de l’Espagne par le biais d’une lettre adressée au Roi du Maroc, Mohammed VI. Cette lettre a été révélée par le cabinet royal marocain.
Pour le leader du Parti populaire, les relations de l’Espagne avec le Maroc ne peuvent pas être basées sur la relation personnelle d’un chef du gouvernement avec le Roi du Maroc. Il évoque la nécessité d’avoir un cheminement clair.
Núñez Feijóo est revenu sur l’opacité qui a entouré le changement de position sur le Sahara occidental décidé par Sánchez l’année dernière. En Espagne, l’existence même de la lettre qui a servi à exprimer la nouvelle position espagnole sur cette question est remise en cause.
« Nous avons besoin de connaître le pacte de Sánchez avec le Maroc et rétablir, en premier, la transparence des accords et ensuite avoir l’aval du congrès et du sénat », détaille le leader de la droite qui dit en substance que la position espagnole sur le Sahara occidental sera mise sur la table du parlement s’il venait à être promu chef du gouvernement.
Au Maroc, la crainte d’un retour à la neutralité de l’Espagne sur le Sahara occidental est visible. Les départs de migrants depuis les côtes marocaines vers l’Espagne ont de nouveau flambé après plusieurs mois d’accalmie. Le Maroc brandit la carte migratoire pour espérer dissuader le futur gouvernement ibérique de revenir sur la position exprimée par Sánchez l’année dernière.
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